Seul contre tous, Alex Thomson a pris l’option nord dès le départ avant le passage du DST s’en tenant à sa stratégie. Un choix payant qui lui permet d’avoir une trajectoire idéale vers la Guadeloupe en se laissant les options ouvertes. Premier à virer dans le refus hier soir, il n’a pas hésité à en remettre une couche ce matin dans le Nord pendant que le tandem Vincent Riou-Paul Meilhat restait tribord amures. Résultat ce mardi soir : le skipper d’Hugo Boss progressait avec un bien meilleur angle que les Sudistes. L’écart s’est nettement creusé avec 80 milles sur PRB, fruit d’un VMG (vitesse de rapprochement au but) nettement supérieur.
« J’ai eu 40 nœuds au passage du premier front. Mais ce n’est pas la guerre ! (…) J’ai l’impression qu’on aurait pu être un peu plus ambitieux dans le franchissement de la dépression comme l’a été Hugo Boss. On verra dans quel état seront les hommes et les machines à la sortie… »
A bord de PRB, Vincent Riou poursuit sa progression sur une route sud, un cap qui l’éloigne de la route directe mais qui lui permet d’avoir des conditions de mer plus maniables que la route nord empruntée par Alex Thomson. « Ne regardez pas la performance pour les prochaines 24 heures » avait prévenu hier soir Vincent. Comprenez que le solitaire a pris la décision, dans ces conditions météo compliquées, de naviguer en « bon marin ». Il préfère préserver son bateau et progresser sous voilure réduite plutôt de tenter coûte que coûte de maintenir une VMG élevée (meilleur rapport cap / vitesse)… Et ça semble pour l’heure être une sage décision. Plus que le vent, c’est la mer croisée qui oblige à la vigilance la plus extrême. En cette fin d’après-midi, Vincent affronte toujours 45 nœuds de vent et une mer « démontée » selon ses termes ! « La mer n’est pas vraiment haute, disons 4 à 5 mètres de creux mais elle est croisée » décrit le skipper alors qu’un bruit assourdissant laisse imaginer l’inconfort du moment à bord du 60’.
Son écart latéral avec Hugo Boss est important puisque le bateau noir évolue plus de 200 milles dans son nord. Alex Thomson bénéficie d’un meilleur angle pour allonger la foulée et a creusé son écart sur PRB. Mais la nuit qui attend les solitaires va être une nouvelle fois très animée avec un nouveau front dépressionnaire à gérer aux alentours de minuit. Pour recharger les batteries et anticiper ce nouveau passage important, Vincent a pu manger cet après-midi son premier vrai repas depuis le départ ! A partir de demain matin, les conditions devraient être plus maniables et la compétition reprendra pleinement ses droits.
Quatrième ce matin, Yann Eliès ne cherchait pas de faux-fuyants à la vacation ce midi, même si le skipper UCAR-StMichel aurait bien tort de s’avouer vaincu alors qu’il reste 2 900 milles à couvrir jusqu’à Pointe-à-Pitre …
Le prochain front à venir en fin de nuit qui présente une rotation plus franche au Nord qu’au Sud pourrait encore augmenter l’écart… En vitesse pure, Vincent Riou est toujours très rapide mais Paul Meilhat reste bien présent. Les conditions sont manifestement sélectives sur le plan d’eau.
Auteur d’un très beau début de course sur son plan Finot-Conq 2007 transformé en foiler, Alan Roura avouait : « Je ne sais pas comment ils font, j’ai l’impression d’aller au max là ! J’ai un bon 30 nœuds avec une mer croisée et de face. Je suis 3 ris J3 »
Abandon définitif de Bureau Vallée
C’est peu ou prou les conditions que rencontraient cette nuit Isabelle Joschke lorsque, après un virement à contre suite à un décrochage du pilote, Monin a démâté. « C’était chaud et un peu dangereux pour moi de rester sur le pont » expliquait sans affolement Isabelle qui a bien réagi et a pu couper tout le gréement pour le libérer. La réalisation d’un gréement de fortune ne s’avère pas simple alors que la réserve de gasoil n’est pas suffisante pour rallier la côte au moteur… C’est aussi une erreur de pilote qui a envoyé au tapis Romain Attanasio ce matin. Point d’écoute de grand-voile arraché et J3 en lambeaux, le skipper a sagement mis cap sur Port La Forêt…
À terre, on apprenait ce soir l’abandon définitif de Bureau Vallée dont le puits de foil a été déchiré par une poulie arrachée la première nuit en Manche. Alexia Barrier compte, elle, repartir dès que l’aérien de sa girouette sera remplacé à Concarneau, où elle est arrivée cet après-midi. Sur Groupe Setin, Manuel Cousin, n’a pas encore décidé d’une date pour son retour en course. Quant à Charal, il est arrivé à Lorient en remorque en début de nuit et l’heure est maintenant aux réparations. Jérémie Beyou n’a pas encore décidé s’il repartait ou pas.
Fabrice Amédeo a quant à lui cassé son bout-dehors et fait route vers la Bretagne. Idem pour Yannick Bestaven. Vers 11h30 ce mardi, Yannick a appelé son équipe à terre pour les prévenir qu’il avait un problème technique sur le chariot de Grand-voile. Il s’est aperçu que le hook du chariot était cassé, ne pouvant plus bloquer la grand-voile une fois hissée. Cela l’oblige à faire une escale technique. Il a choisi le port de Cascais au sud du Portugal (proche de Lisbonne) pour faire un « petit stop ». Il devrait y être dans la nuit de mercredi 7 à jeudi 8 novembre et son équipe technique est mobilisée pour préparer son arrivée dans le port et réparer la pièce cassée.
Vers 17 h, Sam Davies a alerté son équipe de bruits suspects et récurrents au niveau de la coque de son Initiatives-Coeurs. La navigatrice a remarqué que le fond de coque se déformait et a pu diagnostiquer un délaminage important au niveau de la cellule de vie. Sam Davies va bien, mais elle s’est déroutée pour préserver son bateau fragilisé.