Changement de régime

Safran au large
DR

A bord des bateaux, on tente d’effacer toute trace de la dépression passée et de l’humidité à laquelle elle s’est fatalement retrouvée associée. L’arrivée annoncée du beau temps prend des allures d’excellente nouvelle. Un anticyclone situé dans le Nord Ouest de l’archipel des Açores a-t-il entrepris de repousser hors du territoire de course tout système dépressionnaire. D’un coup de balai, la route se dégage donc pour l’ensemble des marins, ou presque. En la matière, les vacations du matin ont en effet révélé que tous n’étaient pas logés à la même enseigne. Ainsi, quand le sourire, les allures plus portantes et les vitesses à deux chiffres s’installent du Nord à l’Ouest des options, les anciens sudistes n’ont pas encore totalement mangé leur pain noir. Preuve en est, la situation encore très inconfortable dans laquelle se trouve en ce moment le duo Victorien Erussard et Loic Fecquet. Malmenés par un front, ils sont actuellement confrontés, quelques heures après le gros de la flotte, à des conditions un peu extrêmes. Les malouins, en proie au stress pour la machine, savaient toutefois que cette dépression était certainement la dernière avant le retour à des heures plus « paisibles ».

- Publicité -

Malgré le changement de décor sur l’Atlantique, certaines constantes demeurent sur la neuvième Transat Jacques Vabre. Ainsi, les hommes de Safran occupent-ils toujours la première place chez les Imoca et, forts d’une belle sérénité alliée à une combativité de tous les instants, les deux Bretons se tissent un joli matelas. A bord du plan Verdier, l’humeur est à l’humour et au plaisir manifeste d’être en mer. Derrière également on profite. On se réjouit des nouveautés météo et d’un retour à la régate pour certains, à l’image de Roland Jourdain et Jean-Luc Nélias dont le pit-stop aux Açores n’aura duré que quelques heures. Dans le Sud, à bord de Foncia, l’heure est aux métaphores footballistiques pour un Jérémie Beyou, qui sait mieux que personne que la router vers Puerto Limon est encore longue. Enfin, que dire des hommes de Crêpes Whaou ! qui vont trouver dans le scénario des prochains jours de quoi exprimer le potentiel de leur nouvelle monture sans contrariété ?

Ils ont dit…

Charles Caudrelier – Safran – 1er au classement Imoca de 5 heures
« Ca glisse vite et la mer est plate : c’est très agréable. Ça ne se passe pas mal, le vent n’est plus trop fort – il souffle à environ 20 nœuds – on espère d’être sous spi en fin de journée. À mon avis l’option de nos camarades au Sud, leur permettra de se retrouver dans le même système que nous mais ils ne devraient pas réussir à nous dépasser – hors casse bien sûr. Au Nord c’est pareil… En toute logique, la bagarre devrait donc se jouer entre nous, Mike Golding et la Vache qui Rit. Mais bon : on est loin de l’arrivée, on n’a même pas fait la moitié du parcours. C’est sûr que par où on est passé, ça a été chaud : la moitié des bateaux ayant choisi la même option a eu des problèmes. D’ailleurs ça ne m’étonnerait pas si Hugo Boss, situé plus au Nord, avait des problèmes… »

Victorien Erussard – Guyader pour Urgence Climatique – 3ème au classement Muliti50 de 5 heures
«Il y a des rafales à 50 nœuds. Ça n’a jamais été si chaud pour nous : on voyait tout le monde souffrir et maintenant c’est notre tour ! On est en train de prendre un front qui est costaud. On pensait prendre que 30 nœuds …Mais là il y en a plus : c’est assez stressant : il y a des creux de 5 mètres, la nuit est très noire. De plus on est sous un gros grain. On essaye de ne pas dépasser les 6 nœuds : je pense que je n’ai jamais pris autant avec ce bateau, au près. C’est la dernière dépression : après on sera tranquille ».

Roland Jourdain – Veolia Environnement 6ème au classement Imoca de 5 heures
« Lors de notre pit-stop nous n’avons pas eu le temps de faire du tourisme ! Nous sommes déjà repartis et, entre temps, le vent est tombé. C’est toujours spécial de faire un arrêt : tu sais que les autres avancent toujours mais, ce qui est important, c’est de rester positif et je peux dire qu’on n’a pas laissé tomber la compétition ! La lutte pour la quatrième place est toujours ouverte ! Vu la vitesse de Safran ça va être dur de les rattraper mais… on ne sait jamais ».

Classement de 8h
Monocoques
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 2968,3 milles de l’arrivée
2 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 57,2 milles
3 GROUPE BEL Kito De Pavant – François Gabart à 65,2 milles

Multicoques
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 3525 milles de l’arrivée
2 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 431,9 milles
3 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 461,9 milles