Cent Minis, sans Fastnet

Départ Mini Fastnet 2006
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Supprimer le passage au Fastnet d’une course qui s’appelle le Mini-Fastnet : en voilà une décision difficile à prendre ! Pourtant, après une longue réfléxion, c’est la (sage) résolution qui a été prise, hier soir, par le directeur de course et son équipe. A 19 heures, ils ont affiché un avenant stipulant que le chapitre 7 concernant le parcours "était supprimé étant donné la prévision météo de la semaine". En clair, cela signifiait qu’il n’était plus question d’envoyer 100 bateaux de 6,50 mètres au casse-pipe.

"Au près avec 30 noeuds c’est l’enfer"
Car au Fastnet, où les premiers étaient attendus mardi, les conditions météos vont se dégrader, rendant le retour au près très difficiles, notamment pour les retardataires. En effet, mardi et mercredi, les prévisions font état d’un vent de 30 nouds orienté au sud-sud-ouest avec des rafales à 35, voire à 40 nouds localement.
Contre le vent, un mini, ce n’est pas fun, comme le confirme Yves Le Blévec, skipper le plus capé de la Classe : "Au près, dans une mer formée, c’est l’enfer sur un mini. Franchement, si j’avais dû convoyer mon bateau avec cette météo-là, je serai resté attendre bien sagement au port car je ne vois pas l’intérêt d’aller me faire cogner en mer d’Irlande".

Une énorme responsabilité
Et Le Blévec d’enfoncer le clou : "Il n’y a pas que des pros au départ :  tous les engagés n’ont pas le même niveau. Aussi, je comprends complètement la décision du directeur de course qui a une énorme responsabilité sur les épaules. Imaginez qu’il y ait un problème sérieux au Fastnet, on le traitera de fou d’avoir emmener des petits bateaux là-bas".
Malgré des vissicitudes, la Classe Mini a acquis une image de sérieux et de rigueur qu’il serait dommage de ternir l’année de ses trente ans. Directeur de course de cette 22e édition, Philippe Coatmeur a préféré joué la prudence. On le comprend. "Gérer un démâtage ou deux, ça va, on sait le faire, mais avec des vents forts de sud, je n’ai pas envie de me retrouver à gérer plusieurs démâtages au Fastnet, qui plus est avec une flotte étalée".

Des runs en baie mercredi et jeudi
Aujourd’hui, la meute sera donc lâchée à 18 heures sur un parcours de 200 milles, avec notamment un passage, via le Chenal du Four, à Lizen Ven au nord de l’île Vierge, à Plouguerneau. "Ils vont tricoter en mer d’Iroise pendant une quarantaine d’heures. Ils devraient tous être de retour à Douarnenez mardi soir".
Le mercredi et le jeudi, les organisateurs ont concocté un nouveau programme : à savoir des runs de vitesse pour tous ceux qui veulent faire chanter les quilles. Deux bouées, distantes l’une de l’autre de 5 milles, seront mouillées en baie de Douarnenez pour un run total de 10 milles.
Hier soir, on a bien croisé quelques râleurs sur les pontons, mais ce sont ces mêmes râleurs qu’on a vu à la peine lors du prologue. Un prologue où chacun a pu mesurer à quel point il était délicat et peu agréable de naviguer au près dans un vent de 20-25 nouds (seulement !) et une mer clapoteuse.
Le Belge Peter Laureyssens, qui n’est pourtant pas le premier venu dans la Classe Mini, a failli prendre le mât de son proto sur la tête après que son étai lui ait joué un vilain tour. Fort heureusement, grâce à son solent, le skipper de "Ecover" a empêché son mât de tomber.
Et la baie de Douarnenez ne ressemble en rien aux parages du Fastnet…

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Philippe Eliès