Qui va barrer Alinghi pour le duel final ?

Team New Zealand contre Alinghi en finale
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Personne d’ailleurs ne sait officiellement qui va prendre les commandes du bateau suisse, même si Ed Baird, très présent ces derniers temps lors des régates informelles face au Desafío Español et à Luna Rossa, semble favori. Quoiqu’il en soit, le Defender ne dévoilera son arme fatale qu’à la veille du match, soit le 22 juin prochain.
 
Quel genre de personnalité Barker va-t-il affronter et comment pourrait-on définir son propre registre ? Premier élément : ce sera le choc des générations entre le Kiwi de 34 ans, l’Américain Ed Baird (49 ans) et le ressortissant des Iles Vierges Peter Holmberg (46 ans).
Ces trois excellents match racers ont tous été en leur temps au top niveau mondial de la discipline, ils ont 2 à 3 Coupes à leur actif et ont aussi une expérience commune : celle de la voile légère et de l’olympisme.  Ils ont connu des destins croisés : en 1995, Ed Baird était le barreur d’entraînement de Russel Coutts lorsque Team New Zealand a remporté l’America’s Cup à San Diego, au moment où le jeune « Deano » faisait ses premiers pas dans l’équipe. Entre Holmberg et Ed Baird… Barker doit en tout cas se préparer à affronter deux personnalités différentes.
 
Holmberg, le barreur au sang chaud
Peter Holmberg est en effet réputé pour son impulsivité dans les pré-départs et son style agressif. Il ne recule devant rien lorsqu’il s’agit d’aller bousculer l’adversaire et de lui infliger une pénalité. Ce registre belliqueux et imprévisible est parfois efficace. Mais c’est un peu du quitte ou double : prendre des risques signifie que la situation peut aussi rapidement se retourner contre vous. « Pour être un bon barreur de match racing » nous confiait Jesper Bank il y a quelque temps, « il n’est pas obligatoire d’être un killer. Il faut plutôt être un bon chasseur, capable de patienter en attendant sa proie ».
 
Baird, le conventionnel efficace
La force d’Ed Baird, explique Philippe Presti – le deuxième barreur de Luna Rossa qui a rencontré Ed Baird à trois reprises samedi dernier-, c’est d’arriver à « faire avancer le bateau tout le temps avec une bonne vitesse. Il est difficile à prendre car il est tout le temps en mouvement. Même s’il n’est pas du bon côté au départ, il va toujours vite : il joue le timing, le départ lancé. Même s’il n’est pas du bon côté, il va réussir à bonifier sa position. Il a un super feeling dans la relance du bateau. C’est sa personnalité, il est assez rond. Il est prévisible mais il le fait tellement bien qu’il n’y a pas trop de parade. Il ne se met jamais en grand danger. C’est un style ‘haut pourcentage’. Il mise sur du sûr. Il ne va pas aller au carton, il ne va pas se prendre de prunes (de pénalités) ».
 
Barker : plusieurs cordes à son arc
 Le style de Dean Barker emprunte des éléments aux deux catégories, comme l’analysait Sébastien Col pendant la Louis Vuitton Cup : « Dean Barker est capable jouer dans plusieurs registres : le timing et le placement mais aussi prendre le contrôle de son adversaire »
« Deano aime bien quand les bateaux sont proches » confirme Presti. « Il n’a pas peur de s’arrêter dans les pré-départs. Quand il rentre à droite, il n’hésite pas à mettre la pression à son adversaire et quand il rentre à gauche, il est capable de maintenir longtemps le dial up, de reculer. Il contrôle très bien son bateau à l’arrêt ».
 
En cas de face à face Barker-Baird et si les ACC ont des vitesses comparables, on risque donc d’assister à des pré-départs disputés mais peu agressifs. « Nous veillons à éviter les pénalités. C’est la règle numéro 1 chez Alinghi. Cela dépend beaucoup de la cellule arrière. Nous faisons tout pour avoir le côté voulu mais sans se prendre de pénalité. C’est une façon de faire. C’est notre façon de naviguer. » expliquait il y a peu Christian Karcher.
 
Les derniers duels officiels entre Alinghi et Emirates Team New Zealand (outre les régates informelles cette année) remontent à 2006. Lors de la finale du Valencia Louis Vuitton Act 12, Barker avait surclassé Holmberg 2 victoires à 1. Et depuis le lancement des Actes en 2004, il est intéressant de noter que le syndicat de l’hémisphère sud est le plus fort avec 6 victoires sur 10 matchs (4 victoires sur 5 l’année dernière). C’est dire si le Defender suisse est aux aguets. Tout indique que le 32e America’s Cup Match sera disputé… à moins que SUI 100 – que personne n’a jamais vu en régate- ne soit une véritable fusée.

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Camille El Beze / ACM