C’est bien dans des conditions pour le moins acrobatiques, sous spi et sur une mer très formée que la jeune femme s’est toute la journée appliquée à enfoncer le clou, augmentant régulièrement son avance sur des adversaires loin d’être battus mais qui ne disposent plus guère, au regard des conditions météo sans surprise annoncées, d’autres opportunités que de jouer à fond la carte de la vitesse pour maintenir un semblant de pression sur une leader décidément bien souveraine. Le Belge Peter Laureyssens (Ecover) s’est ménagé lui, un petit corridor de l’espoir en créant dès la pointe occidentale de l’Espagne un léger décalage dans l’ouest dont il ne tire pour le moment aucun avantage au regard des vitesses affichées. C’est plutôt Samuel Manuard (Sitting Bull) qui, fort de ses 283 milles parcourus lors des dernières 24 heures, soit 11,79 noeuds de moyenne!! semble le plus à même de rivaliser avec le plan Finot-Conq dernière génération d’Isabelle. La jeune Franco-Allemande tutoie ce soir la latitude de Lisbonne. La mi-course théorique a été par elle dépassée quand 22 concurrents évoluaient encore à la hauteur de la Corogne.
Cavalcade dans l’alizé
C’est à un sérieux écrèmage de la flotte que nous venons d’assister dans le sillage du franchissement du Cap Finisterre par les protagonistes de la tête de course. Un véritable péage que les coureurs risquent de trouver fort dispendieux à l’heure des comptes. Isabelle Joschke et une poignée de poursuivants se sont envolés au plus fort du vent, laissant la flotte aux prises avec les petits airs de la Corogne et le renforcement de l’anticyclone. En passant la surmultipliée dans un vent fraîchissant à plus de 25 noeuds, les ténors de la course sont entrés dans une autre dimension du sport de voile, celle de la vitesse pure avec toutes ses composantes de risque et de casse. Trois marins se sont accrochés aux basques d’Isabelle Joschke et aimeraient maintenir sur les épaules de la jeune femme un maximum de pression. Samuel Manuard, Yves Le Blévec et Peter Laureyssens. Ces trois "poids lourds" de la Mini évoluent à respectivement 16, 30 et 60 milles du tableau arrière de Degrémont-Synergie. Rien ne bien réjouissant quand on considère la limpidité des trajectoires du bateau leader et la constance avec laquelle la frêle Isabelle maintient des vitesses élevées. Avec ses 11,79 noeuds de moyenne sur 24 heures, soit des vitesses sur l’eau supéreures à 15 noeuds! Samuel Manuard n’amuse pas la galerie et entame un terrible mano a mano avec Isabelle Joschke. Plus en retrait, Yves et Peter se rassureront peut-être en constatant que dans leur sillage, la flotte semble littéralement exploser au passage du cap Finisterre. Adrien Hardy, auteur d’u ne belle remontée voit pourtant son déficit porté à 63 milles du leader. D’autres grandissimes favoris auront du mal à limiter les dégâts ; Alex Pella, Fabien Desprées, Andraz Mihelin ou Aloys Claquin doivent aujourd’hui se demander comment ils ont bien pu, et dans un laps de temps aussi court, laisser filer Isabelle. Le Slovène Mihelin, imité en cela par l’autre membre du Team Adria Mobil,Kristian Hajnsek a décidé de serrer au plus près de la côte. Alors que Joschke évolue à 130 milles du Portugal, Andraz suivi de l’étonnant Cusin (Energies autour du monde) glisse à grande vitesse à moins de 50 milles du rivage.
La flotte très étalée…
Le classement des voiliers de série est toujours dominé par Stéphane le Diraison. Son Pogo 2 cultisol-Institut Curie pointe à la 12ème place 100 mills derrière Joschke mais 14 milles devant l’autre Pogo 2 Galanz à Jean-François Quelen.Le Suisse Jacques Valente était à l’heure où nous diffusons toujours en escale technique à Gijon. C’est l’italien Andrea Pendibene (Perle de sueur) qui ferme la marche, quelque 300 milles derrière la tête de la course.
Toute la flotte devrait rapidement être concernée par l’alizé portugais. Les Minis 6,50 légers, planants et surpuissants vont solliciter davantage encore toute l’attention et tout le savoir-faire de leurs skippers. Aux réglages et au touché de barre vient s’ajouter la nécessaire clairvoyance au bon déclenchement des empannages pour conserver cap et vitesse vers l’archipel de Madère. gare aux "vracs", furieux départs à l’abattée durant lesquels les bouts dehors tendent à se briser contre la lame. C’est une nuit de tous les dangers qui s’avancent, tant la fatigue va commencer à prélever son écot sur des organismes bien entamés.
Cavacade dans les alizés
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