Prenez un quatre-mâts de la Marine Nationale portugaise, Creoula. Ajoutez des dizaines de dériveurs en régates, des bateaux de toutes tailles, des vedettes chargées de spectateurs et le magnifique Class J Endeavour, Ajoutez-y un grand soleil et une douce brise. Couronnez le tout avec douze superbes voiliers chargés de marins prêts à en découdre. Vous obtenez un départ magnifique pour l’étape ultime de la Panerai Transat Classique 2012. Hier à midi, le départ est donné depuis le pont de Creoula dans des conditions idéales. Au portant, les douze concurrents se présentent alignés sur la ligne avec leurs grands spis déployés.
Bien lancé, Corto parvient à s’extraire de la flotte et à prendre quelques longueurs d’avance. Moins heureux, Persephone voit ses voiles masquées par les grandes voilures de White Dolphin et The Blue Peter et met du temps à se relancer. Cipango et Artaius se mêlent aux débats, bien décidés à ne pas s’en laisser conter. Gweneven, Croix des Gardes et Gimcrack, moins bien placés sur la ligne se laissent un peu distancer, tandis que Red Hackle, et Marie des Isles ont opté pour un départ plus sage.
À la bouée de dégagement, les spis sont affalés en quelques secondes : les marins sont dans la course et étalent leur savoir-faire. Corto vire en tête avec White Dolphin dans son tableau arrière, talonnés par The Blue Peter et Persephone. Cipango ne lâche rien et enroule la bouée à son tour. C’est au tour d’Artaius, Croix des Gardes, Gimcrack, Valteam et Gweneven d’arriver de front, exécutant des manœuvres parfaites. Les bateaux font maintenant cap sur l’embouchure du Tage, où les attend une longue houle et le vent se lève un peu. Les deux leaders décident de virer rapidement, mais The Blue Peter allonge la foulée. Il est longuement accompagné par Sea Lion, un concurrent de l’étape méditerranéenne qui a hélas dû renoncer à traverser. Valteam profite aussi de cette plus soutenue pour faire parler sa puissance.
Les premiers jours, le vent s’annonce orienté nord-est, mais il devrait mollir ce qui risque de rallonger le temps de parcours vers une porte située au nord des îles Selvagem, aux Canaries. Ce point de passage obligé contraint les concurrents de descendre vers le sud afin d’y trouver les alizés et d’ainsi éviter les dépressions de l’Atlantique nord. Ce parcours laisse la possibilité aux navigateurs de prendre différentes options. Et s’il fallait démontrer l’implication et la motivation des équipages, la réclamation déposée par Persephone contre Corto auprès du comité de course en est une belle preuve. La réclamation porte sur le non-embarquement d’un grand génois sur Corto, ce qui lui permet d’améliorer son rating, ce coefficient qui permet de faire courir ensemble des bateaux de tailles différentes. Le réclamant a été débouté par le jury.
