Ce sera à n’en pas douter le grand débat de la douzième Transat Jacques-Vabre dans la classe Imoca ! Qui, des nouveaux bateaux, certains mis à l’eau tardivement donc pas encore fiabilisés, et de ceux de la génération précédente, au contraire parfaitement optimisés, vont remporter la première bataille de l’Atlantique qui les attend à partir du 25 octobre entre Le Havre et Itajai, au Brésil ? Pour l’instant, une seule confrontation officielle a eu lieu, fin septembre lors du Défi Azimut, course de 24 heures au départ de Lorient qui a réuni douze monocoques, dont Banque Populaire VIII, Edmond de Rothschild et Saint-Michel-Virbac, elle a tourné à l’avantage des “anciens”, puisque PRB l’a emporté devant Maître CoQ et SMA.
Difficile pour autant d’en tirer des enseignements définitifs, le format de course étant bien évidemment très différent d’une transat de plus de quinze jours pendant lesquels les bateaux vont être confrontés à des conditions de vent et surtout de mer très différentes. Reste que Jérémie Beyou, deuxième avec Philippe Legros de ce Défi Azimut, a noté, comme nombre de ses collègues, des différences assez nettes de comportement, lui qui a navigué tout le mois de septembre face à certaines nouvelles unités lors des stages d’entraînement avec le Pôle France Finistère Course au Large : « Entre les premières navigations et les dernières, les bateaux de nouvelle génération ont pas mal progressé ; entre 75 et 130 degrés du vent, ils ont un très gros potentiel ; sur un parcours comme celui de la Transat Jacques Vabre, la logique voudrait qu’ils soient devant à l’arrivée. »
Même constat chez son co-skipper Philippe Legros : « Il y a clairement des allures, au reaching avant tout, où ils sont inaccessibles ». Autant dire que sur un parcours type Jacques-Vabre, cet avantage au reaching pourrait être déterminant : il le sera assurément une fois le Pot-au-Noir franchi, puisque traditionnellement, un long bord de reaching vers le Brésil attend les marins, il pourrait l’être dès le Golfe de Gascogne si le départ ne se faisait pas le vent dans le nez, conditions dans lesquelles les nouveaux bateaux, du fait de la forme de leurs dérives à foil, subissent davantage. Nous n’en sommes cependant qu’au tout début de cette « révolution » en Imoca et Jérémie Beyou se rassure en mettant en avant la fiabilité des monocoques de la génération précédente, particulièrement de Maître CoQ, « le seul avec Quéguiner (l’ancien Safran) qui a terminé la Jacques Vabre 2013 et la Route du Rhum 2014 sur le podium sans escale ».
Reste que l’intéressé, comme sans doute Vincent Riou, Paul Meilhat et Yann Eliès, les skippers de PRB, SMA et Quéguiner, se pose forcément la question d’équiper l’hiver prochain son bateau des fameuses dérives à foil en vue du prochain Vendée Globe. « Nous nous sommes organisés pour deux options de chantier », reconnaît-il. Réponse sans doute après la Transat Jacques-Vabre, qui devrait faire office de juge de paix en la matière.