
Armel Le Cléac’h a repris la tête du Vendée Globe depuis ce samedi et semblait plus rapide sur 24h. Banque Populaire VIII surfe bâbord amures à 20 nœuds dans un vent de nord-ouest forcissant, tandis que son rival Hugo Boss, distant de 3 milles, affiche 18 nœuds au compteur. Le long de la zone des glaces interdite à la navigation, les deux leaders se livrent à un duel sans merci. Qui doublera les Kerguelen en premier ? Le suspense reste entier… «On est dans les 40e rugissants depuis quelques jours et ce sont des alternances de gris clair, gris sombre, il n’y a pas beaucoup de luminosité et les nuits sont assez courtes, il fait jour le matin vers 2heures TU. On a beaucoup d’oiseaux qui nous suivent, notamment des Albatros » explique Armel.
Après 24 heures de navigation dans des vents erratiques, les deux leaders ont remis du charbon. Au fil des heures, le vent de nord se renforce pour atteindre les 20-25 nœuds, des conditions idéales pour avaler les milles sans trop forcer sur les bolides. Le vent venant de la gauche, les foils tribord devraient être largement sollicités. Alex Thomson sera t’il alors pénalisé suite à la casse de son appendice le 19 novembre ? Ce sera en tout cas à surveiller, car a priori, les conditions seront propices à voler sur l’océan Indien une bonne partie de la semaine…
Pour les dix premiers, d’Armel Le Cléac’h à Kito de Pavant (Bastide Otio), l’affaire ne se déroule pas trop mal. La preuve : Yann Eliès (Queguiner-Leucémie Espoir) a doublé la longitude du cap de Bonne Espérance vers 16h30, et bat donc lui aussi le record d’Armel établit en 2012, soit 22 jours 23 heures et 46 minutes… Le Vendée Globe express est toujours d’actualité, et même si Kito navigue à 2 400 milles des premiers, il glisse dans un bon flux de sud-ouest qui jamais ne s’arrêtera jusqu’à son entrée dans l’océan Indien.
Les 15 autres concurrents morflent. Au près, dans une mer chaotique, ils enchaînent des virements de bord, se crèvent à la tâche après avoir déjà bien dégusté six jours durant dans les tentacules de l’anticyclone de Sainte-Hélène. « Je suis fatigué. J’ai pas mal puisé dans mes ressources. Sur ces bateaux, on n’a pas le droit de rentrer dans la zone rouge, et j’y suis rentré un peu avec les conditions difficiles qu’on rencontre. Ca tape dans tous les sens, c’est un truc de fou ce métier de marin ! » confiait Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) cet après-midi à la vacation. Comme si cela ne suffisait pas, les marins vont encore en baver. Une zone sans vent se déplace diaboliquement pile-poil en travers de leur chemin. Deux Vendée Globe pour le prix d’un, voilà clairement aujourd’hui l’état de la flotte des 25 bateaux en course !