Adieu cagoule et Néoprène. Place à la croisière sous les Alizés

Eric Bellion Comme un seul Homme
DR

Les Ultimes

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Même en pleine nuit, les deux duos leaders suent à grosses gouttes à chaque manœuvre et l’enchaînement a été tel cette nuit, que les réserves d’eau douce ont pris une claque ! A peine 120 milles parcourus ces dernières 24 heures, tout juste 25 milles en une demie journée… Le Pot au Noir est un pot pourri. La zone sans vent est paradoxalement peu étendue en latitude (une centaine de milles) mais en revanche il n’y a vraiment rien sur cet océan lisse comme un miroir. Un miroir qui réfléchit les rayons du soleil de jour avec une chaleur étouffante, une humidité permanente, et pas un souffle d’air à l’horizon !

Cette nuit a été particulièrement éprouvante pour Thomas Coville et Jean-Luc Nélias (Sodebo Ultim’) comme pour François Gabart et Pascal Bidégorry (MACIF) qui ont multiplié les virements de bord, les empannages, les affalages, les enroulages sans réelle efficacité au vu de cette absence presque totale de brise. Au coucher du soleil (vers 20h, heure française), les duos ont encore pu discerner un trait d’horizon surmonté de tâches sombres et illuminé de quelques éclairs, mais jusqu’à minuit local, c’est dans de profondes ténèbres qu’il leur a fallu tenter de grappiller quelques milles, plutôt vers l’Ouest… Pas une ride, pas un repère, pas un indice d’une brise même évanescente ! Et enfin, un croissant de lune pour découvrir un paysage sans relief… Le lever du jour est attendu avec impatience.

François Gabart
« Nous venons de toucher du vent : on essaye d’en profiter et nous espérons que c’est la fin de cette longue période de pétole, mais rien n’est encore joué. Nous n’avons pas eu un souffle d’air depuis hier matin et nous sommes encore loin d’être sortis du bazar. Avec Pascal, nous sommes tous les deux sur le pont, la lune s’est levée vers le milieu de la nuit, elle est très jolie depuis le début mais on préfère avoir du vent que de la lune… »

Les Class 40
Bien plus loin dans le Nord, au niveau de Madère et des Canaries, les Class40 sont encore dans un flux de Nord à Nord-Ouest d’une quinzaine de nœuds. En tête de la flotte, le Class40 LE CONSERVATEUR a empanné (changement de direction dos au vent) et s’oriente vers une route plus au sud. Le tandem navigue actuellement dans un vent de nord d’une quinzaine de noeuds. Yannick et Pierre devront faire preuve de stratégie pour ne pas être encalminés par l’anticyclone des Açores qui s’installe sur les Class40. S les leaders devraient réussir à pointer vers le Sud dans la journée, les retardataires risquent fort de se faire rattraper par les hautes pressions qui se décalent vers les archipels ! La coupure pourrait être sérieuse et c’est pour cette raison que le duo brésilien Eduardo Penido et Renato Auruajo (Zetra) glisse vers les îles canariennes… Enfin Valentin Lemarchand et Arthur Hubert (SNBSM-Espoir Compétition) sont arrivés en fin de nuit à Madère pour faire une brève escale technique tandis que Alan Roura et Juliette Pêtrès (Club 103) glissent rapidement le long des côtes portugaises.

Bertrand Delesne, TeamWork 40 (Class40)
« Nous sommes passés du monde des  montagnes d’eau à celui de la steppe tant recherché pour les glissades et quelles sont belles quand elles sont nocturnes ! Vraiment la nuit et la lune apportent l’impression de vivre des sensations hors du commun : j’adore cette région. Nous avons à bord un chrono pour nos quarts : cela ne me gêne pas de repousser encore un peu pour rester dehors par ce temps… Quelle  chance d’avoir un bateau en bon état et d’être là en lisant l’actu. L’histoire de Hugo Boss est dingue, j’en rêvais de ce bateau ! Nous nous appliquons à faire marcher le bateau au mieux, le vent étant plus stable pour nous depuis cet après-midi le compteur de milles parcouru s’en porte mieux, en gros fini les grains qui nous pourrissaient le vent synoptique. Nous avons mis notre grand spi avec un grand bonhomme orange dessine dedans et qui nous regarde 🙂 Notre course est maintenant avec la météo car dans notre grande steppe une embuscade nous attend, sous le commandement d’un anticyclone qui pourrait nous causer des dommages collatéraux ! Kenavo. »

Imoca
Et pour les monocoques IMOCA comme pour les trois Multi-50, ce sont bien encore des alizés qui sont au programme : avec 18 à 22 nœuds de Nord-Est réguliers, les tandems alignent les milles dans le bon sens et se préparent à changer de décor quand les prémices du Pot au Noir vont apparaître : Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly (Banque Populaire VIII) seront les premiers à en faire les frais et les navigateurs se penchent sur la route des deux Ultime pour choisir leur entrée dans la zone d’ombre… Le ralentissement est prévu la nuit prochaine !

Thomas Ruyant, skipper du Souffle du Nord (IMOCA)
« Nous allons voir comment ça se passe devant du côté du Pot au Noir, et ça ne va pas très vite semble-t-il pour les Ultime ! On regarde comment ça se passe devant : ça à l’air d’être actif… On a un alizé assez stable entre 18 et 25 nœuds, le bord est assez monotone, mais c’est hyper agréable et on a le temps d’ajuster les réglages : on est encore les petits jeunes de la classe et on découvre des choses tous les jours. On fait de bons gueuletons avec Adrien, et je commence à un peu mieux dormir à bord, il faut s’habituer au bateau, au son pour s’endormir vraiment bien, mais tout ça rentre dans l’ordre. »