Dans 1 000 milles, les solitaires de la Transat BPE 2009 verront donc le rideau tomber sur une course dont ils se souviendront longtemps, un de ces morceaux de bravoure qui alimentera les discussions des soirées d’hiver à Port La Forêt comme ailleurs. Toujours poussés par l’alizé, les treize figaristes encore en course devraient donc d’ici cinq jours voir la première terre depuis Madère, retrouver leurs proches et être happés par les festivités antillaises. Avec une moyenne de 200 milles par jour, ils s’attendent à voir maintenant défiler le temps et la virtualité de l’arrivée devenir réalité. Mais le lancement de ce compte à rebours avant le ti-punch marque aussi le coup de canon du sprint avant les dernières audaces et inspirations stratégiques. Se maintenir en position de leader, jeter ses dernières armes dans la bagarre, tenter le tout pour le tout ou encore apporter une belle conclusion à cette transatlantique quelle que soit la place à l’arrivée… A chacun ses objectifs, à chacun ses choix. Pas de question à se poser pour Gildas Morvan dont on sait qu’il ne concèdera pas l’ombre d’un demi mille à la concurrence. Mais saura-t-il tenir tête à un Nicolas Troussel au sujet duquel on a imaginé, l’espace d’un instant, qu’il ne soutiendrait peut-être pas la comparaison vis-à-vis des sudistes, avant de se raviser devant une telle science du placement ? Et que dire d’un Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles), revenu ce matin sur un podium dont les places seront définitivement disputées jusqu’au bout ? Positionné le plus au Nord, il est celui qui se rapproche le plus de la route directe et donc qui gagne au maximum vers l’arrivée. Mais la bascule du vent au nord-est attendue avant la fin de la journée, lui permettra-t-elle de poursuivre sur sa lancée ou viendra-t-elle contrecarrer les plans du skipper de Névez ? Déjà ,au sud, on s’imagine avantagé et on se tient prêt pour ce qui peut être considéré comme le dernier rendez-vous avec l’opportunité de remporter la timbale. Erwan Tabarly (Athema) et François Gabart (Espoir Région Bretagne) sont à l’affût. Relevé ce matin à sensiblement la même distance du leader que Thierry Chabagny, Gérald Veniard (Macif), fait lui aussi partie de ceux qui envisagent ces cinq derniers jours de course comme sans doute les plus importants de leur carrière de marin.
A ce stade du jeu, il est aisé de se rendre compte à quel point 1 000 milles peuvent sembler longs et courts à la fois… Aux observateurs terriens, il tarde de voir le suspense levé et le nom du grand vainqueur dévoilé. Aux solitaires, les cinq jours et cinq nuits à jouer doivent sembler, pour certains, bien peu pour pouvoir se refaire. Nous n’apprécions ainsi pas tous le temps qui passe à la même valeur…
Ils ont dit…
Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) – 3ème au classement de 5h
« Ca va, j’ai du vent d’Est Sud-Est ce qui me permet de rester bien proche de la route, c’est une bonne chose. Hier j’ai fait une grosse journée avec du vent fort à 110°, 115° voir 120°. Ce n’est jamais désagréable de revenir dans le classement, surtout à une semaine de l’arrivée, ça motive, car si ça avait toujours été dans le sens des sudistes ça aurait été vraiment agaçant.
Il ne reste plus que 1000 milles, ils vont être très importants. Ca risque de défiler assez vite, c’est un nouveau cap, on commence à matérialiser l’arrivée. On se rend compte que finalement, ça va se terminer un jour ! Toutes les bonnes choses ont une fin, et je suis content d’arriver car au bout de deux semaines, seul sur un Figaro, tu es content de savoir qu’il ne reste plus qu’une semaine… On a encore pas mal de bords à tirer avant d’arriver, mais oui je commence à regarder la carte. L’atterrissage va être facile, c’est une petite île, ce n’est pas compliqué. Je commence à regarder les plages aussi, savoir laquelle sera la plus adéquate pour sortir mon kite ! Les choses essentielles finalement ! Niveau sommeil ça ne se passe pas trop mal, on a de la chance car c’est souvent la journée que le vent bouge beaucoup. La nuit, les conditions sont plus médiums, c’est l’idéal pour dormir. Je suis excité à l’idée de me rapprocher du but, et en plus je ne connais pas Marie-Galante.»
François Gabart (Espoir Région Bretagne) – 6ème au classement de 5h
« Ca va super. Je suis un peu vert de m’être fait coller comme ça. Je pense que c’est juste parce que j’ai eu moins vent depuis samedi soir, comme Erwan (Tabarly). Hier après-midi je suis tombé dans une molle au moins pendant trois heures, je ne sais même pas expliquer le pourquoi du comment. Je suis rentré dans cette zone après le dernier classement. Mais je reste d’attaque, il reste encore du chemin, un empannage à gérer à la fin de la journée. Il va être très important donc il peut se passer encore pas mal de choses. Après ce sera à nouveau la ligne droite. »
1- Morvan Gildas à 1026 milles de l’arrivée
2- Troussel Nicolas à 19,9 milles du leader
3- Chabagny Thierry à 43,3 milles du leader
4- Véniard Gérald à 43,8 milles du leader
5- Tabarly Erwan 43,8 milles du leader
6- Gabart François 78,9 milles du leader
7- Joschke Isabelle 135,4 milles du leader
8- Le Gal Franck 149,6 milles du leader
9- Tripon Armel 163,4 milles du leader
10- Hardy Adrien 227,9 milles du leader