Avantage aux sudistes

gabart 09
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Si les conditions de vent rencontrées ces derniers jours remportaient jusqu’alors les suffrages de l’ensemble de la flotte de la Transat BPE 2009, force est de constater que depuis hier soir l’adhésion à la tendance est bien différente selon que l’on soit au nord ou au sud. Et pour cause… Depuis le départ de Belle-Île-en-Mer le 5 avril dernier, les choix stratégiques en termes de route avaient été différents et, à de petits détails près ou presque, tous avaient connu des conditions de navigation assez semblables. Du près dans une mer plus ou moins formée de l’Ouest au Sud dans un premier temps, puis le passage à Madère et le portant, les surfs et la conduite inhérente à la route des Alizés ou du moins ce qui devait y ressembler. Mais depuis plusieurs jours, tous s’étaient préparés à ce que cela ne dure pas. La sanction a donc fini par tomber, motivée par la fameuse bulle anticyclonique bien campée sur ses positions au niveau du 27ème Nord.

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Les derniers classements marquaient un resserrement lent et progressif des écarts; le levé du black-out des positions ce matin en a livré bien plus. A titre d’exemple, Gildas Morvan a profité de la nuit pour réduire le retard de presque 30 milles, jusqu’alors concédé à Nicolas Troussel. Erwan Tabarly a fait de même en gagnant presque 26 milles. Mais c’est au jeune François Gabart que revient la palme du « grignotage », le skipper Espoir Région Bretagne ayant grappillé pas loin de 35 milles sur ses aînés… Plus loin de la zone désertée par le vent, ces derniers bénéficient en toute logique de vents plus soutenus que leurs concurrents nordistes dont les moyennes de vitesse chutent de manière significative. L’équation est connue ! Les sudistes touchent donc du doigt une récompense attendue et mûrement construite ces derniers jours et s’appliquent maintenant à mettre de l’ouest dans leur route pour se rapprocher de l’orthodromie et gagner au maximum vers Marie-Galante. Au nord, dans la nuit molle, les interrogations vont bon train, la principale étant de savoir combien de temps ce régime strict leur sera imposé. De quelques heures à deux jours, les avis divergent selon l’optimisme des caractères de chacun, mais une dominante s’impose sans discussion, la hâte de se sortir des affres de la pétole et la crainte de voir la concurrence s’échapper.

Alors que la flotte de la Transat BPE Belle-Île-en-Mer – Marie Galante 2009 a déjà parcouru la moitié de la route entre la Bretagne et les Antilles, une certaine tension s’installe au nord, quand au sud on affiche une forme insolente. Les uns peinent à trouver le sommeil et les autres jouent la carte de la sérénité… Combien de temps les sourires de la flotte seront-ils inversement prononcés ?
 
 
Ils ont dit…
 
Nicolas Troussel (Financo) – 1er au classement de 5h
 
« Ca va pas mal, il n’y a pas beaucoup de vent, on se traîne un peu depuis hier soir, c’est un peu laborieux, mais ça va revenir. Cette nuit il devait y avoir quelque chose comme 7 nœuds. Il faut donc être sur les réglages, il y a des bords pas facile à tirer car on a des empannages à faire donc ce n’est pas évident de savoir de quel côté se mettre car on ne sait pas d’où le vent va revenir. Il faut être plus vigilent aux variations et moi je suis toujours embêté avec ma girouette, je suis tout le temps avec ma télécommande à corriger la marche du bateau. On en a plus pour longtemps de ce passage mou, ça commence à rentrer doucement. Ce soir ça devrait être établi nickel.  Le fait d’être à mi-course ne me surprend pas, car je compte en jours et j’étais à 10 jours mardi soir, donc dans ma tête c’est déjà fait. Quant aux routages ils nous font arriver vers le 25 ou le 26. Mais pour tout te dire je regarde l’état actuel de la course, et je réfléchis à ce qu’il faut faire pour que ça marche. Ce que je vois c’est surtout les écarts par rapport aux autres. Je regarde les différences latitude – longitude. »
 
Thierry Chabagny (Suzuki) – 3ème au classement de 5h
 
« La nuit a été un peu longue en termes de force de vent, donc j’ai passé pas mal de temps à la barre. On a un vent de nord-est entre 6 et 9 nœuds. Je pense que ça peut durer encore 2 jours à ce rythme là. Disons qu’à quelque chose prêt ça pourrait être top : si ça montait juste à 10 nœuds ce serait nickel, mais si ça descendait à 4 là ce serait vraiment très chiant. L’anticyclone est énorme donc si le vent tourne un peu on pourra aller plus facilement dans le sud donc ça durera moins longtemps. C’est vraiment lui qui va décider. Mais bon, je m’y étais préparé, je savais que ça allait mollir. Hier j’étais toute la journée à la barre, donc pas de repos. En fait j’ai l’impression de revenir à un régime de Solitaire du Figaro dans ces moments là. Alors que la nuit précédente on avait 15 nœuds de vent et j’étais sous pilote tout la nuit. Là je vole du sommeil à droite à gauche donc forcément c’est plus fatigant et beaucoup moins agréable. La mi-course ce n’est pas un cap psychologique mais c’est intéressant de le savoir pour la gestion des stocks de nourriture et d’eau. Ce n’est pas agréable cette molle, c’est terrible parce que ça te fait perdre énormément de terrain. J’essaie de faire du sud depuis une semaine pour éviter d’être ralenti mais c’est tout de même arrivé… »