En route vers les alizés

Gedimat 2008 Tripon
DR

Le casting de la Transat BPE, s’il ne ressemble pas toujours à celui d’une superproduction hollywoodienne, propose néanmoins quelques jolies têtes d’affiche qui toutes, voudraient bien se pousser du col pour monter sur le devant de la scène. Et les vedettes du circuit Figaro Bénéteau tentent, tant bien que mal, de contenir les assauts des jeunes premiers. A l’instar d’un Adrien Hardy (Agir Recouvrement) à l’ouest ou d’un François Gabart (Espoir Région Bretagne) au sud, les jeunes pousses du circuit n’ont aucun complexe et rappellent chaque jour aux vieux briscards que les premiers rôles ne les effraient pas. Dans cette bataille tactique et psychologique, chaque mille gagné ou perdu compte. A quelques cinquante milles au nord de Madère, les ténors du circuit cherchent à pousser leur avantage à l’aide de recettes travaillées depuis des années. C’est Erwan Tabarly qui sait lever le pied au bon moment pour pouvoir attaquer une nuit complète, quand les conditions sont limites pour porter le spinnaker. Armel Tripon (Gedimat), de même, a su puiser dans ses réserves pour ne pas se faire décrocher après une nuit précédente difficile passée à batailler avec son spinnaker en coquetier. D’autres continuent de tailler la route aux avant-postes sans sembler s’émouvoir d’une éventuelle passation de pouvoir. Qu’on y regarde bien, de Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) à Adrien Hardy côté jardin, à Gildas Morvan (Cercle Vert) côté cour, l’espace de jeu reste large. Ce sont encore 180 milles qui séparent, en latéral, les tenants les plus extrêmes des différentes options.

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Chacun cherche son camp
Les prochaines vingt-quatre heures devraient, d’ores et déjà, donner quelques indications sur la pertinence des choix des uns et des autres. Ouest, centre ou sud, bien malin qui pourrait prédire qui décrochera le rôle titre dans les prochaines heures. Ceux du sud espèrent toujours bénéficier de cette pression supplémentaire qui leur permettra de s’engager enfin sur l’autoroute des alizés, quand ceux du nord-ouest comptent bien sur la rectitude de leur trajectoire pour décrocher la timbale. Même si, comme aiment à le rappeler certains habitués du circuit, la route est encore longue jusqu’à Marie-Galante, il n’est pas forcément de mauvais aloi de marquer ses adversaires, à l’issue de cette première semaine de course qui aura fait la part belle à la tactique. Pour les deux semaines à venir, il faudra aussi compter sur les petites bricoles qui peuvent affecter la bonne marche des solitaires. La première semaine a été éprouvante et nombre de navigateurs doivent faire face à des petits pépins qui, sans être déterminants, peuvent altérer une récitation parfaite de leur texte. Ainsi Gérald Véniard avouait aujourd’hui avoir dû passer des heures dans son moteur pour réparer une cosse électrique défectueuse. En conséquence de quoi, le skipper de Macif devra surveiller sa consommation de gazole jusqu’à l’arrivée. Eric Drouglazet n’aura pas cette chance : après avoir failli sancir, son Luisina s’est retrouvé noyé sous une tonne d’eau qui a grillé définitivement toute son informatique embarquée. La mort dans l’âme, Droug, en bon marin qu’il est, a dû se résoudre à se retirer de la scène. Ce nouveau coup du sort, à l’issue d’une année 2008 compliquée, doit lui faire penser que le chat noir est toujours vivant. Qu’il se rassure, les grands artistes reviennent toujours.