Le skipper de Sodeb´O a du se réadapter au quotidien très particulier de la navigation en solitaire en multicoque : s´habituer aux mouvements du bateau, à sa vitesse, aux bruits et retrouver cette dépense physique permanente combinée à un stress lancinent. “C’est parti très vite ! J´ai mis du temps à entrer dans le rythme après le départ. Les premières nuits ont été difficiles dans le golfe de Gascogne. Je n´arrivais pas à me dire « ça y´est, on est parti pour le tour du monde ». C´était un sentiment étrange, j´étais préoccupé par le trafic et l´état de la mer, avec l´angoisse d´abîmer le bateau. Mais je n´ai aucun souci technique et tout s´enchaîne parfaitement. Quand ça va si vite et que tout se passe si bien, on aborde les choses très sereinement ».
Ca s´emballe dans les grains
Après un recalage dans l’Ouest avec trois empannages dans les deux premiers jours, Thomas plonge désormais vers le Sud à plus de 25 nœuds. « C’est de la glisse pure dans une atmosphère où la température ambiante croit régulièrement sous des nuages gris, très bas. Beaucoup de grains depuis hier soir avec des rafales allant jusqu’à plus de 35 nœuds ». Sodeb´O navigue actuellement sous grand gennaker avec grand voile haute, le maximum de voilure qu´il peut porter, soit 620 m2 de toile.
« Ca va vite et les conditions sont très exigeantes. La moindre erreur est fatale et ma vigilance doit être sans faille. Je ne me suis pas fait de frayeur et je reste bien en phase avec le bateau et la météo » explique Thomas qui a réussi à fermer l’œil six heures en trois jours. « C´est le sommeil qui m´a le plus manqué depuis le début et je commence tout juste à m´occuper de moi. » confie le skipper sans oublier que son défi n´est pas uniquement technique mais qu´il doit humainement tenir cette cadence pendant près de deux mois.
Combien de milles aujourd´hui ?
Le rythme n´est pas très tendre pour le marin mais c´est bien celui à tenir pour rivaliser avec la performance de Francis Joyon qui sur cette partie du parcours, avait vraiment mené sa « fusée » IDEC pied au plancher et explosé les compteurs avec un temps de 6 jours, 16 heures et 58 minutes à l´Equateur. Aujourd´hui vendredi, Sodeb´O possède 88 milles d´avance sur le détenteur mais plutôt que de rester focalisé sur les performances de Francis, Thomas a préféré se donner tous les soirs avec son équipe, un objectif de milles à parcourir le lendemain et pour l´instant, contrat rempli ! « Une manière de prendre les choses comme elles viennent et de me concentrer sur la marche de mon bateau avant tout. »
Les routeurs de Sodeb´O observent toujours cette petite dépression au niveau du Cap Vert. Le vent et la cadence devraient mollir sans que cela soit pour autant très inquiétant.