Un océan d’incertitude

Concarneau Saint-Barth
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Plus ça va, moins ça va ! A moins de 600 milles de l’arrivée, la situation en tête de flotte est loin de se décanter. Ce n’est pas la guerre froide, compte tenu des latitudes où naviguent les leaders, mais on est loin du « blitzkrieg » qui assurerait la domination définitive d’un des candidats au podium sur les autres. Certains, comme Cercle Vert conjurent le sort en envoyant leurs proches brûler des cierges à la chapelle Notre-Dame de Rocamadour qui domine le port de Camaret sur mer. D’autres font confiance à la rationalité d’une organisation méticuleuse, quand les derniers misent sur leur fougue et leur enthousiasme pour continuer d’y croire. Jean Le Cam l’affirme : « les cierges de Camaret, c’est les meilleurs ». Parole de connaisseur qui estime ne devoir négliger aucun détail pour empocher la mise finale. A bord de Concarneau Saint-Barth, Miguel Danet remonté comme un coucou suisse sait que toute une île le pousse et puise dans cet incroyable soutien une motivation intacte. Quand sur SNEF & Cliptol Sport, Laurent Pellecuer se plie à la vie presque monacale imposée par Jean-Paul Mouren : quarts à heures fixes, alimentation régulière, repos… La paix de l’âme est à ce prix. Mais pour le verdict, il faudra repasser les plats. Même les autres concurrents placés en situation d’observateurs se refusent à livrer le moindre pronostic. Thierry Chabagny à bord de Suzuki Automobiles livrait ainsi une analyse des plus lucides pour en conclure que l’on n’était certain de rien. «On s’est en effet un peu décalé dans le sud dans le but de trouver un peu plus de vent.  Plus t’es dans le sud,  plus le vent est plutôt nord-est que est, on devrait donc avoir un angle meilleur pour finir la route vers St Barth. …  Dans le même temps, les vents risquent de basculer à l’est vers la fin et favoriser ceux qui sont plus au nord» En clair, avantage aux sudistes, quoique au bout du compte, les nordistes…

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Parcimonie et bon escient
Les jours de retard accumulés pèsent bien évidemment sur tous les équipages. Avec une question récurrente : la gestion de l’eau douce. L’heure est aux restrictions ; les navigateurs commencent à user d’expédients pour économiser le précieux breuvage, certains allant même jusqu’à retrouver des pratiques ancestrales tel Bertrand de Broc à bord de Les Mousquetaires : « On va essayer de se faire plaisir jusqu’au bout mais par contre, on rationne sévère. On s’est même fait des pâtes à l’eau de mer hier ! Moi je voudrais un bon poisson à l’arrivée, ça me ferait vraiment plaisir. » A bord d’Aquarelle Le Figaro, Fabrice Amédéo s’interrogeait sur la nécessité d’ouvrir son bidon de survie au risque d’être pénalisé par le jury de la course : « On avait pourtant prévu ce qu’il fallait, mais avec la chaleur les réserves ont diminuées plus vite que prévu… On s’économise car le soleil est notre pire ennemi en ce moment. On fait bien attention car on peut rapidement attraper une insolation. » Après une conversation avec Jean Maurel, les deux navigateurs étaient convenus que si le besoin s’en faisait sentir, ils n’hésiteraient pas à taper dans la précieuse réserve. Système D, recettes de grand-mère et bas de laine redeviennent d’actualité…