« La situation n’est pas simple, confiait Bertrand de Broc au lever du jour. Chacun fait sa petite sauce ». Comprenez que si Eole répond aux abonnés absents, il n’y a plus de recette magique qui tienne : place à l’improvisation et à l’inspiration ! Aux fourneaux, seul le souffle de l’exaspération des marins ou des risées isolées peut encore gonfler légèrement les voiles. Un fonctionnement très aléatoire, forcément.
Sur l’eau, c’est le statu quo, ou presque. En tête de flotte, Financo, Les Mousquetaires et Défi Mousquetaires ouvrent toujours la voie. À toute petite cadence, les écarts font l’élastique : ils se creusent ou se resserrent, c’est selon. Les dix premiers se tiennent en 16 milles. Mais ils se sont dispersés dans tous les sens, ou plutôt étalées d’Ouest en Est sur 70 milles nautiques environ.
Dispersion
Difficile d’y voir clair à travers les mailles très détendues des isobares. Difficile aussi de trouver une porte de sortie, un trou de souris, pour s’extirper de cette bulle sans vent, pour prendre la poudre d’escampette. Plus au large, Gedimat semble se recaler. Le duo Tripon-Vittet a d’ailleurs repris un peu de terrain et un peu de vitesse ces dernières heures. Le voilà à 24 milles des premiers. Les prochaines heures diront s’il peut accélérer.
De l’autre côté, Suzuki Automobiles trace son sillon non loin des côtes portugaises. Plus au sud, il progresse à la latitude de Porto.
Joint au téléphone par son équipe ce matin, Thierry Chabagny explique : « Derrière la dépression qui nous a accompagnés jusqu’au cap Finisterre, une dorsale anticyclonique barre la route. Nous cherchons à éviter cette zone sans vent en longeant les côtes portugaises. Nous voulons récupérer au plus vite le vent de Nord-est (l’alizé) qui s’établit en dessous de cet anticyclone. Nous avons volontairement pris une option à long terme avant les autres. Il faut y croire, il ne faut plus regarder les classements pendant 48 heures. Toute la nuit, nous avons plutôt bien marché sous spi. Ce matin, c’est plus mou. Mais le ciel commence à s’éclaircir. Il y a du soleil et si le temps se dégage vraiment, on peut espérer profiter du vent thermique de la côte portugaise… »