Encore une journée à près de 600 milles pour Joyon!

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Alors que la houle se fait plus désordonnée, Francis repousse d’heure en heure l’instant de la décélération, ne réduisant qu’à contre cœur la voilure, d’abord à l’avant où ne subsiste plus que la trinquette, puis retardant au maximum la prise de son second ris dans la grand voile. Sa course folle se concrétise par une nouvelle impressionnante journée à près de 600 milles parcourus, soit 24,8 nœuds de moyenne !
Une telle performance inscrite dans le contexte exigeant des grandes latitudes Sud en dit long sur l’état d’esprit d’un Francis Joyon plus que jamais en mode « record transatlantique ». Attentif jour et nuit aux moindres variations d’angle et de force de vent, le marin de Locmariaquer parvient, après 17 jours de sprint débridé, à trouver toujours et davantage encore l’énergie, la fraîcheur pour sans relâche adapter à son grand trimaran rouge la toile du temps ; « Il faut choquer, abattre, puis reborder et relancer en permanence… » Cette course contre la montre et le retour inévitable des trains de dépression d’Ouest stimulent Francis qui relativise sa fatigue, « C’est le métier qui veut ça ! », et conserve une étonnante lucidité ; « J’essaie de m’alimenter en vue des prochains jours qui seront difficiles, de faire le plein d’énergie… »

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A 26 noeuds…

Le front finira bien en effet par passer la grande flèche rouge, et c’est à un tout nouveau paysage auquel le duo IDEC –Joyon sera confronté ; « Je vais devoir réduire la voilure dans le vent fort. La mer va se croiser et le bateau bien moins glisser. Les moyennes vont tomber. » Des perspectives que Joyon envisage avec le même calme, la même sérénité. « Ce qui est pris n’est plus à prendre », référence sans doute aux 1 730 milles d’avance engrangés sur le parcours d’Ellen MacArthur. La « Lady » britannique avait réalisé un excellent chrono dans l’Océan Indien en ralliant Bonne Espérance à Leuwin en 10 jours et 5 heures. Alors qu’il file toujours ses 26 noeuds, Francis affiche la couleur, faire au moins aussi bien que la jeune anglaise. Jean-Yves Bernot lui envoie régulièrement depuis la terre des indications sur l’évolution des systèmes météos. « Je lui demande des fichiers à long terme, car il est important de voir loin. » Loin, vite et bien, à l’image d’un premier tiers (et oui déjà) de tentative avalée comme dans un rêve. Un songe que Francis prend le temps de goûter de tous ses sens, plus que jamais attentif à l’altération des éléments et au vol des albatros qui l’entourent chaque jour plus nombreux et chaque jour plus familiers ; « Ils étaient six à me suivre aujourd’hui et à se faire surprendre dans le dévent d’IDEC, perdant du coup la superbe de leur long vol plané… »