Une nuit à Black Rock

Temenos II Wavre Arrivée Route du Rhum 2006
DR

Au large de la baie de Galway, par 53° de latitude Nord, le brouillard s´est de nouveau invité sur cette Calais Round Britain Race. Petit temps et visibilité nulle, les onze concurrents commencent à connaître la chanson. Bernard Stamm, poète s´il en est, regrettait d´ailleurs de n´avoir pu profiter du magnifique spectacle offert par la côte Sud-Ouest de l´Irlande. Depuis, Cheminées Poujoulat, il n´a strictement rien vu. « On a bien recollé aux leaders, mais j´ai peur que cela reparte par devant, que les riches deviennent plus riches. Au niveau de la régate, c´est top. On a aperçu Roxy, mais il nous manque un Code 0. Alors on souffre un peu ». Régatier pur jus, Jérémie Beyou connaît cette côte comme ça poche grâce à la Solitaire du Figaro qui aime rejoindre la sauvage et profonde baie de Dingle. « Pour bien l´apprécier, il faut venir en croisière, c´est la seule manière, donc pas de regret. Nous venons de toucher le nouveau flux de Nord. Ce n´est pas violent mais le vent souffle dans le bon secteur, c´est déjà ça ». Avec 50 milles de retard sur le groupe des trois premiers, l´équipage de Delta Dore continue sa lente remontée, avec un Akena Vérandas accroché à ses basques. « On joue à gagne petit, il n´y a pas grand-chose d´autre à faire, commente Arnaud Boissières. Rivé à sa table à cartes, l´Anglais Chris Tibbs se creuse les méninges. « Si cela continue, il ne lui restera bientôt plus de barbe tellement il tire dessus, ajoute Arnaud. Sur tous les bateaux, cela rigole et les équipages chantent peut-être en cœur lors de chaque manœuvre pour se donner du courage.

- Publicité -

Un travail de forçat
Depuis le départ, les concurrents ne comptent en effet plus les empannages ou virements de bord effectués. A chaque fois, c´est un dur labeur qui les attend puisqu´il convient de déplacer l´ensemble du   matériel et de la nourriture stockée dans des caisses, sans oublier les nombreux sacs à voile. Soit 5 à 10 bonnes minutes de boulot dans un intérieur réduit à la portion congrue où l´on se cogne plus que facilement. Alexandre Toulorge, skipper de Maisonneuve, confirme. « Outre toute la palette des voiles du bord qui a été testée, il y a en plus tout le matériel du bord à déplacer pour régler l´assiette du bateau : ça maintient en forme de déménager toutes les voiles et le reste ». Ce travail fastidieux mais primordial pour la bonne marche du bateau n´est guère prêt de cesser. C´est sans doute un long louvoyage, jusqu´aux îles Shetlands qui attend les concurrents. « Les modèles que l´on reçoit ne sont pas très justes, note Sébastien Josse qui vit sur PRB une réalité légèrement différente de celles prévues. Il convient de les prendre avec des pincettes. On va continuer à se déplacer avec VM Matériaux. On est bien ensemble, c´est motivant ». A 16 heures, les deux bateaux n´étaient plus sur le même bord, avec un PRB tirant à terre, comme Temenos, toujours très proche.

La 4ème place en jeu
Derrière, la lutte pour la 4ème place fait rage, avec Jonny Malbon bien décidé à manger dans les prochaines heures Cheminées Poujoulat et Roxy. « Nous avons connu des problèmes de quille côté hydraulique mais c´est réglé, explique le skipper d´Artemis Ocean Racing. Nous n´avons plus que 40 milles de retard sur la tête de la course et nous visons dans un premier temps, la quatrième place. Artemis est connu pour ses capacités à remonter le vent dans le petit temps et nous avons un bon jeu de voiles pour cela. Et c´est ce qui nous attend les jours prochains… » En effet, les prévisions météorologiques laissent entendre que la course est loin d´être jouée et que les manœuvres seront encore au rendez-vous, au moins jusqu´au Nord de l´Ecosse ! Un léger flux de Nord tournant Nord-Est avec au maximum douze nœuds de vent… soit du louvoyage sur près de trois cent milles !