Top départ de la Calais Round Britain Race

Prologue Calais Round Britain race
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Un parcours très ouvert et surtout très technique de 1 850 milles pour « monter » jusqu’au 61° Nord et parer les îles Shetlands : voilà ce qui attend les 55 équipières et équipiers qui ont déjà pu se jauger lors des deux régates préliminaires devant la plage de Calais ! Une semaine de mer voire plus pour exploiter l’extraordinaire potentiel de ces voiliers de 18,28 mètres portant près de 300 m² de voilure au près et pouvant aligner plus de 22 nœuds de moyenne au portant… Les monocoques Imoca, conçus en priorité pour les courses en solitaire autour du monde et les transatlantiques en double, vont devoir s’exprimer en équipage sur un terrain de jeu totalement différent : le tour des îles britanniques. Un parcours très complexe puisqu’il fait la part belle aux pièges de la régate côtière, à la stratégie à moyen terme sur les phases de « large » (mer d’Irlande, Atlantique, mer du Nord) et à la tactique en contrôlant les trajectoires des concurrents.  

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Des jours sans nuit…  
Ce format de course est inhabituel tant pour les bateaux que pour les skippers : des changements climatiques très rapides, des conditions de mer très variées, des paramètres typiques de la régate au contact tels les courants de marée et les effets de côtes, mais aussi une navigation à cinq équipiers qui permet de répartir les tâches (navigation, tactique, barre, réglages) et donc de tirer la quintessence de ces 60 pieds Open. Pour cette troisième édition, les conditions météorologiques vont rendre encore plus délicate la négociation de ces moult caps et pointes qui parsèment ce tour des îles. Les skippers ont décidé, en accord avec la Direction de Course de la Calais Round Britain Race, de tourner dans le sens des aiguilles d’une montre, comme lors des précédentes éditions, soit du Pas de Calais vers les îles Scilly, puis à déborder les côtes occidentales de l’Irlande, laisser à tribord l’île isolée de Saint Kilda, longer les falaises déchiquetées des Hébrides, contourner l’archipel des Shetlands, par 61° Nord ! Une latitude extrême où, à trois semaines du solstice d’été, les jours durent pratiquement 22 heures… Mais des latitudes aussi où la température au large peut descendre en dessous de 10°C, où la mer peut se lever très rapidement, où le vent peut se transformer en tempête en quelques heures !  
 C’est donc presque les quatre saisons que peuvent affronter les onze monocoques en moins de huit jours ! D’ailleurs les prévisions météorologiques à moyen terme laissent entendre que ce scénario pourrait bien correspondre parfaitement à la réalité du terrain : du tout petit temps pour démarrer dans le Pas de Calais juste après le départ à 14h30 prévu avec une petite brise de Nord Est 10-14 nœuds ; un flux de Nord poussif le long des côtes anglaises pour sortir de la Manche ; un front dégénéré à gérer avant d’aborder la mer d’Irlande ; un régime de Nord-Est modéré avant d’atteindre l’Irlande ; un passage de dorsale anticyclonique sans grand vent au large du Connemara ; un nouveau passage à niveau au large de l’Eire ; des brises contraires de Nord Est mollissantes pour grimper jusqu’aux Shetlands ; enfin un bon souffle accélérateur pour traverser la mer de Nord… Sans compter les aléas météorologiques : soleil, pluies, brouillards, ciel plombé, nuages erratiques, bruines, averses, éclaircies, grains, orages, rafales. Tout le panel des incertitudes maritimes sera revisité !  

La bataille des anciens et des modernes  
Il y aura donc une perpétuelle remise en cause du statut hiérarchique de chacun, surtout que les deux régates prologues courues devant Calais vendredi et samedi, dans le même type de temps que les premiers jours de la Calais Round Britain Race, tendent à prouver que le différentiel entre les monocoques Imoca, de première, deuxième ou dernière génération, n’est pas si sensible que cela. Même s’il faut bien constater que trois des quatre nouveaux venus (PRB, Delta Dore, Temenos) semblent déjà bien au point face aux quatre meilleurs voiliers des années précédentes (VM Matériaux, Artemis, Roxy, Cheminées Poujoulat). Le bon résultat du bateau mené par Arnaud Boissières et Jean-Philippe Chomette (Akena Vérandas) démontre qu’il ne faudra pas oublier la génération précédente à l’image aussi de Aviva ou de Maisonneuve. Yann Eliès qui vient tout juste de prendre en main son nouveau prototype Generali aura quant à lui à cœur de trouver le mode d’emploi de ce plan Finot extrêmement puissant qui devrait faire un malheur au dessus de dix nœuds de vent.

Sans aucun doute, le programme proposé pour ce tour des îles britanniques s’annonce plein de retournements de situation avec des échappées et des regroupements, mais chacun des onze skippers aura également dans le collimateur sa préparation au tour du monde en solitaire 2008 : trouver les bons réglages rapidement, faciliter la vie à bord, soigner l’ergonomie, limiter les déplacements… Ces impératifs peuvent être à l’occasion de cette course, plus facilement résolus en naviguant en équipage, c’est-à-dire en échangeant des points de vue et en visualisant les autres hommes et femmes du bord travailler sur le pont. La prochaine édition Vendée Globe du démarre réellement à l’occasion de cette Calais Round Britain Race !  

Sept, huit ou neuf ?  
Si tous s’élanceront dimanche avant tout pour vaincre et ajouter une ligne à leur palmarès, chacun a d’abord comme objectif de progresser encore pour la navigation en solitaire et d’améliorer toujours leur machine. La seule question restant en suspens est le temps de course pour avaler les 1 850 milles du parcours. Certains tablent sur sept jours, d’autres sur huit, d’autres encore sur neuf jours… Les calmes annoncés au large de l’Irlande et de l’Ecosse en décideront, alors que la phase finale en mer du Nord se présente déjà comme un sprint particulièrement rapide. Avec onze monocoques, la Calais Round Britain Race démontre aussi que la Classe Imoca est en pleine effervescence puisque tous (ou presque) seront au départ du Vendée Globe… Le souffle nouveau de la course océanique !  

Le plateau au 2 juin 2007 – Onze monocoques      
 AKENA VERANDAS : Arnaud Boissières (FRA)  
ARTEMIS OCEAN RACING : Jonny Malbon (GBR)
AVIVA : Dee Caffari (GBR)
CHEMINEES POUJOULAT : Bernard Stamm (SUI)  
DELTA DORE : Jérémie Beyou (FRA)
GENERALI : Yann Eliès (FRA)  
MAISONNEUVE : Alexandre Toulorge (FRA)
PRB : Vincent Riou (FRA)
ROXY : Samantha Davies (GBR)  
TEMENOS : Dominique Wavre (SUI)  
VM MATERIAUX : Jean Le Cam (FRA)