Et puis non, restons là dessus car c’est vraiment une des choses que j’apprécie quand la saison arrive : Retrouver les copains ! Après s’être entraînés chacun dans son coin, voir leurs nouvelles trouvailles sur leurs bateaux, les découvrir aux couleurs de nouveaux partenaires, et surtout, se raconter notre hiver, refaire le monde et les courses autour d’un verre. Sans langue boisée, c’est une franche et sincère camaraderie qui naît aisément de reconnaître dans les mots de l’autre les mêmes enthousiasmes et difficultés que ceux que l’on vit dans son propre projet. Et que les courses partagées, même si c’est chacun à son bord, viennent renforcer.
Maintenant, on peut reprendre :
Avec le printemps, c’est inévitable, voici le retour des courses 6.50 et, en Méditerranée, si la saison a débuté à Gènes, pour la plupart le coup d’envoi était donné le week-end dernier, par la Mini Solo. 110 milles en boucle de port Camargue-Gruissan. Je vous vois d’ici dresser le tableau d’un week-end dans le sud: pétole, soleil de plomb, petites pépées, crème solaire et casquette. Sauf que, pour ne pas perdre la bonne habitude prise l’année dernière, Eole avait choisi l’autre option en mandatant ses plus virils représentants. Du coup, sur le quai il manquait une lettre à pépées et ma casquette s’est vite envolée. Bref, la Méditerranée s’est fait plaisir et nous a régalés de rafales et d’embruns. Avec 17 abandons, ça n’a pas été du goût de tout le monde, mais aura fait une très belle entame de saison. Et, en série la bagarre a été rude. A tel point que les trois premiers terminent dans une toute petite poignée de secondes ne laissant les honneurs de la ligne qu’à un seul proto, qui nous a quand même mis un bon caramel. Les pointeurs à Gruissan se souviennent encore de son passage : Approche au près 3 ris- tourmentin dans jusque 40 noeuds, il enroule, empanne et… envoie le spi, tchao la compagnie !
Pour nous, l’aller, au près, aura été au couteau, à croiser, décroiser à quelques longueurs, au ras de la plage, au fur et à mesure que le vent monte. Ensuite ce sera la folle descente pleine balle que sont venues pimenter les jolies rafales dont le nord-ouest a le secret. En clair ça donne gennaker, Solent et GV haute, tout va bien ou presque et deux secondes plus tard, quasi dix nœuds de plus, bateau couché au tas, les deux safrans hors de l’eau. Bon, et bien puisqu’ils servent plus à rien, je peux lâcher la barre. On commence par quoi ? GV ? pas la peine, tant que la bôme traîne bêtement dans l’eau. Enrouler le genak alors ? tous ceux qui ont déjà vécu le truc me voient venir…bien sûr il s’enroule pas non plus, enfin si, presque, mais que quand il veut. Après la bataille on se rend compte que le plus fort est passé. Hop, à la barre, bateau droit et c’est reparti, on redéroule. Jusqu’à la prochaine.
Je la sens bien cette course. Nous ne sommes plus qu’à quelques milles de la ligne. Mes deux concurrents directs se sont laissés décaler sous le vent. Je suis resté plus haut, quasi sur la route. Leurs feux tombent mais n’avancent pas vraiment. Et il faudra qu’il remontent sous Solent. Ca va le faire. Mais, hop, une rafale de plus. Plus forte que les autres, je sais pas ? Par contre quand je remets le bateau à l’endroit, il y a un sacré micmac à mon attache d’amure sur le bout dehors. Je la fais courte : il n’y a plus la place pour glisser le mousqueton de l’emmagasineur et ça me prendra un bon moment, au minimum un gros quart d’heure, que je passe GV haute – Solent à 9 nœuds sous pilote au lieu de 13 à surfer, pour pouvoir y remédier et renvoyer le gennaker. Et je finirai 3ème sur la ligne, à toucher le tableau des deux premiers. Sincèrement de quoi avoir des regrets au moment du débriefing.
J’en oublierais presque que cette course coche la dernière croix pour la Transat et que c’est mon premier podium en solo, que je n’ai jamais été aussi proche de gagner en solitaire et que je me suis toujours senti super bien avec le bateau et les éléments durant cette course. C’est cela qu’il faut que je retienne, car c’est vraiment du positif pour la suite. Qui s’annonce vraiment belle avec la grande fête du Fastnet à venir.
100 Minis sur la ligne, j’ai vraiment hâte d’y être. Et ça va en faire une grande tablée à Douarnenez !
Matthieu Girolet