Le jeu est grand ouvert. La flotte des 26 solitaires du Trophée BPE – Banque Privée Européenne – s’étale sur l’Atlantique Nord. 790 milles séparent Christian Bos (« Belle-Ile-en-Mer »), le skipper le plus au Sud, d’Eric Defert (« Suzuki Automobiles »), le skipper le plus au Nord, pointé en troisième position au classement de 6 heures.
Au Nord de l’archipel des Açores, les deux échappés avaient ressorti leurs spis, dans une vingtaine de nœuds de vent d’Est-Sud-Est, avant de les affaler à l’aube. Eric Defert (« Suzuki Automobiles ») et Armel Tripon (« Gedimat ») comptent sur les prochaines 48 heures pour continuer d’engranger les milles avant de venir buter sur une dépression. « Le vent devrait refuser dans les prochaines heures, mais nous allons continuer à bien marcher. Je pense que nous pouvons reprendre la tête de la course dans les prochaines heures, analyse Eric Defert. Après, cela va être beaucoup moins sympa… Mardi, au petit matin nous serons au près dans 40 nœuds de vent… Le bateau est archi prêt à affronter la dépression et moi aussi. Physiquement ça va. Je suis surpris parce que je dors quasiment plus et je ne suis pas fatigué pour autant. Je me force à aller me reposer, de peur de le payer plus tard. »
Dans le Sud de l’archipel Portugais, à égale distance des Nordistes et des Sudistes, Robert Nagy (« Théolia »), cinquième, navigue encore sous spi au petit matin. « les conditions sont parfaites, l’anémo annonce 18 nœuds d’Est-Nord-Est. J’en profite pour avancer car moi aussi je vais être confronté à la dépression qui va secouer les Nordistes, même si cela devrait être moins costaud pour moi. »
Dans l’Ouest de Madère, sur la route qui contourne l’anticyclone des Açores par le Sud, la bataille continue de faire rage entre Bertrand de Broc (« Les Mousquetaires ») et Eric Drouglazet (« Luisina Design »). « La nuit a été plutôt calme, avoue Bertrand de Broc. Avec une dizaine de nœuds de vent sous spi. C’est motivant d’avoir un concurrent sérieux à vue. Tu ne peux rien lâcher. Mais les conditions, du vent stable permettent de se reposer. De toute façon, j’en ai besoin. Je me suis installé une couchette dans le carré avec un tas de sacs à voile et un matelas installé dessus. Je fais des petites poses de 20 minutes toutes les deux heures. Pour l’instant le vent est sympa avec moi. Hier, mon spi avait fait plusieurs tours autour de l’étai, il m’a suffit d’un empannage pour tout remettre en ordre ».
A quelques longueurs du skipper de Sainte-Marine, Eric Drouglazet (« Luisina Design ») est admiratif de la pugnacité de Bertrand. « Il ne lâche rien l’ancien, plaisante Eric. Il va falloir que je compte sur la canicule des prochains jours pour pouvoir me faire la belle. Je suis content d’être au contact avec Bertrand. Pour le moment c’est plus une course d’équipe où chacun bénéficie de l’expérience de l’autre et prend des repères sur l’autre pour faire marcher le bateau. Mais j’aimerai bien le passer quand même… »
Nicolas Troussel (« Financo »), spécialiste des « coups météo, » a profité de la nuit pour tenter de plonger plein Sud et aller chercher un peu plus de pression dans l’Ouest des Canaries. Une option « osée mais jouable », selon Bertrand de Broc. La semaine qui débute s’annonce pleine de rebondissements…