Malgré les nombreuses tentations qu’offrent Fremantle, les deux skippers arrivés en Australie ne se mettent pas les doigts de pieds en éventail. Bernard Stamm a démâté et sorti de l’eau son CHEMINEES POUJOULAT afin de pouvoir procéder à une minutieuse et complète vérification. Il s’agit notamment d’inspecter les œuvres vives (tout ce qui se trouve sous l’eau) avec une attention toute particulière accordée à la coque, la quille ou les safrans. Bernard prend aussi soin de lui-même et a recommencé son entraînement physique afin de reprendre le poids et les muscles qu’il avait perdu lors de cette éprouvante première étape.
Kojiro Shiraishi soigne aussi sa monture, SPIRIT OF YUKOH. Après avoir plongé pour inspecter la coque, le skipper n’a pas jugé qu’il était nécessaire de sortir le bateau de l’eau. Spirit of Yukoh a tout de même été démâté pour que sont gréement puisse être passé à la loupe. La liste de travail reste longue et laisse peu de temps libre au skipper japonais qui ne chôme pas. Kojiro Shiraishi est une véritable star au Japon et il doit recevoir avant Noël la visite d’un chanteur japonais très connu. Avec sa femme et sa fille de deux ans, il souhaite également prendre du bon temps à l’approche de Noël et notamment de profiter des golfs australiens.
Sir Robin Knox-Johnston a eu une dure semaine à bord de son SAGA INSURANCE. La légende vivante continue d’accumuler les problèmes à bord de son 60 pieds avec ses lattes de grand voile et son pilote qui continuent à lui jouer des tours. Décidé à arriver au plus vite à Fremantle mais en un seul morceau, Sir Robin a choisit de ne pas s’arrêter aux Kerguelen comme il l’avait envisagé la semaine dernière. Graham Dalton ne pouvant s’accorder le luxe de continuer sans Gasoil n’a pas pu sauter la case « Kerguelen ». Avec la nouvelle pénalité de 48h qu’il va devoir effectuer, Graham cède donc sa troisième place à Robin. N’ayant plus d’instruments de navigation en tête de mat, Sir Robin doit maintenant naviguer « à l’ancienne », devant s’en remettre à son sens marin pour évaluer la direction du vent ou sa force. « Ca n’avait pas d’importance à l’époque de Suhaili (1968) car les vitesses étaient considérablement plus faibles mais avec un bolide comme SAGA INSURANCE ces instruments sont vitaux ! Certains me conseilleront peut être de monter en tête de mât mais je les arrête tout de suite ! Je crois tout d’abord que ce n’est pas réparable et ensuite vu que mon mât s’est déjà débarrassé deux fois de sa girouette, je ne veux pas être la prochaine chose à passer par-dessus bord ! »
Graham Dalton, seul skipper à faire la course à bord d’un 50 pieds à lui aussi rencontré des problèmes. Son génois est déchiré, et la drisse coincée ne lui permet plus d’enrouler ou d’affaler la voile. Arrivé aux Kerguelen hier à 9h TU, Graham Dalton était épuisé comme le raconte David Adams. “L’arrivée de Graham aux Kerguelen a été très délicate car il y a avait plus de 40 noeuds de vent dans un chenal où il n’y a pas beaucoup d’eau mais beaucoup d’algues. Les Kerguelen n’ont rien d’un paradis pour les voiliers et Graham ne voulait pas utiliser son moteur de peur de bloquer les hélices avec les algues. Ne pouvant faire monter personne à bord non plus à cause des conditions, il a fallu qu’il fasse l’ensemble de la manœuvre seul ce qui est loin d’être simple. Graham a été plutôt éprouvé par l’expérience et n’était pas vraiment soulagé à son arrivée à cause des conditions. Les locaux l’ont fabuleusement accueilli. Après une bonne nuit de sommeil, il attend maintenant que le vent diminue pour pouvoir monter en haut de son mât et repartir ! ». Graham aura donc fait le plein, solutionné son problème de voile mais également rechargé ses propres batteries avant de reprendre la mer mardi matin.
L’espagnol Unai Basurko s’est fait malmener lors de son passage du Cap de Bonne Espérance et à son entrée dans l’océan indien. Unai est le seul skipper à ne pas avoir passé la porte des cinquantièmes, optant pour une route bien plus nord. Il vise ainsi à ménager son PAKEA au safran endommagé. S’il a tout de même rencontré des conditions météo costaud au Sud de l’Afrique, il a maintenant trouvé son rythme. Il se trouve toujours à 3000 milles de l’arrivée de la première étape à Fremantle.
Alex Thomson et Mike Golding, les deux skippers britanniques qui ont été contraints à abandonner la course sont de visite en Australie. Le drame qui avait contraint Alex à abandonner son bateau suite à une avarie de quille puis Mike à le secourir avant qu’ECOVER démâte à son tour est encore frais pour les deux marins qui ont débarqués au Cap il y a tout juste trois semaines. Les deux anglais sont venus féliciter les skippers sur place, et attendre les suivants. Alors qu’on peut supposer que Mike emmènera Kojiro pour un dîner comme ils l’avaient convenu en mer lorsque le britannique avait doublé le skipper japonais, Alex sera certainement sur les pontons pour saluer son mentor (Sir Robin Knox-Johnston). Le jeune anglais va également participer au tournoi amical de tennis qui ouvrira la Hopman Cup à Perth. Il devrait notamment affronter Venus Williams.
Marins & terriens
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