« Le scénario était bon ! »
« Les trois premiers bateaux ont empanné et font maintenant route directe vers la Guadeloupe. Ils sont tous les trois dans la même situation météo et avec sans doute pour aujourd’hui plus de vent pour Bilou » résume ce matin Jean-Luc Nélias, routeur de Roland Jourdain, alors que le 60 pieds Sill et Veolia n’est plus qu’à 750 milles de l’arrivée. De son côté, Roland Jourdain, joint hier après-midi par téléphone apprenait qu’à 16h il avait conservé son avance sur les « nordistes ». Il réagissait avec le sourire : « c’est une bonne nouvelle, cela veut dire que le scénario était bon ! ». Ce scénario, c’est cette route Sud, proposée par Jean-Luc Nélias à Roland Jourdain la veille de la traversée des Açores. « Nous avons passé beaucoup de temps à peser le pour et le contre de cette stratégie, ça a été un gros coup de stress cette décision ! » se souvient le routeur. Cette option, aussi osée que réfléchie, vaut aujourd’hui à Roland Jourdain d’être idéalement placé à 48 heures de l’arrivée.
Séances de bricolage imprévues
Si le skipper Sill et Veolia en est là aujourd’hui c’est aussi au prix d’efforts de tous les instants pour pousser son bateau toujours au maximum de son potentiel : « j’ai l’impression d’avoir la tête dans le guidon depuis Saint Malo ! Jamais je n’ai eu un rythme aussi dense sur une course en solitaire… il faut dire aussi que j’ai eu quelques séances de bricolage imprévues, qui m’ont pris pas mal de temps… » Roland Jourdain fait allusion à une avarie, survenue lors de son empannage pour traverser l’archipel des Açores : sa bôme s’est cassée. « J‘étais tellement en colère que ça m’a donné l’énergie suffisante pour réparer le plus vite possible ! » racontera Roland quelques jours plus tard. Pendant plusieurs heures, sous trois ris, le skipper Sill et Veolia a fixé des atèles (des lattes) sur sa bôme, puis résiné le tout avant que le soleil ne le prive de lumière. Ensuite, il a repris sa route. Le lendemain, « J’ai démonté tout ce que je pouvais trouver pour renforcer la réparation. J’y ai passé quasiment toute la journée de dimanche et une partie de la nuit avec, entre temps, toutes les manoeuvres et la navigation à assurer bien sûr. » Lundi, avant-hier, le skipper Sill et Veolia était enfin serein de ce côté-là : il pouvait se concentrer désormais à 100 % sur le délicat passage de front qui s’annonçait… on connaît la suite. Depuis hier après-midi seulement, après 10 jours de course, Roland Jourdain pouvait souffler un peu. Il en a profité pour envoyer une photo: « pour que vous me reconnaissiez ! »
Pour ce qui est de prendre du repos, le skipper finistérien n’en est pas encore là : la course n’est pas finie, et de toute façon, les tubes de sa bannette sont résinés à sa bôme !… L’arrivée de Sill et Veolia est toujours prévue pour vendredi matin, heure française, soit dans la nuit de jeudi à vendredi pour les Antilles
Source Sill & Veolia