« Arriver dans le Pacifique pour y planter des pieux ! Ce n’est pas très drôle ! » Un brin désabusé, le leader du Vendée Globe. Vincent Riou (PRB) ne s’attendait certes pas à abandonner si tôt et à cet endroit de la course les longues glissades au portant pour jouer à saute vagues contre le vent. Une situation météo un peu anachronique impose un vache coup de frein en tête de flotte. Du près et encore du près, peut-être jusqu’à la prochaine porte, située 1200 milles devant les étraves bondissantes des voiliers. Les trajectoires spectaculairement parallèles à 12 milles d’intervalle Nord Sud, des inséparables Riou- Le Cam (Bonduelle) attestent du peu d’option laissé par la dépression néo-zélandaise. Il faut traverser sa bordure sud et composer avec ses vents forts, 30/35 nœuds dans l’axe du bateau. Même le Britannique Mike Golding (Ecover), un moment tenté par l’idée d’aller chercher le portant dans le Nord a abdiqué. Il indique ce matin un cap similaire à celui de ses camarades de jeu, Est Sud Est.
Plus d’option Nord à proprement parlé pour Mike, mais en revanche un angle de vent et un décalage en latitude pas inintéressant et qui permettent à Ecover de limiter les dégâts vis-à-vis du duo leader, et de combler doucement son déficit face à Sébastien Josse (VMI). Jojo a ralenti au passage de la brusque rotation des vents du Sud Ouest au Nord Est. Un peu plus « appuyé » dans son Nord, Ecover a repris 35 milles au benjamin de la flotte, remarquable 3ème de ce Vendée Globe depuis l’officieux – à défaut d’officiel – retrait de Roland Jourdain (Sill et Veolia). Bilou est entré cette nuit dans la Baie de Hobart. La Direction de Course a missionné Ian Johnston pour l’accueillir ce matin et l’aider dans ses démarches logistiques et administratives en attendant l’arrivée de Gaël Le Cléac’h et son équipe technique.
Un ralentissement dans le rythme infernal des leaders ! Voilà qui réjouit Dominique Wavre (Temenos). A l’aise au portant sur une mer de plus en plus confortable, le Suisse accumule les belles journées de glisse. Il passera aujourd’hui la porte placée sous la Tasmanie. Loin dans son sillage (650 milles) son ancien compagnon de route Jean Pierre Dick et son Virbac-Paprec miné par les ennuis mécaniques infléchissent leur route au sud. Accrocheur et plein de ressources, le Niçois surveille à présent un autre revenant, l’Australien Nick Moloney (Skandia) qui vient de franchir la longitude du Cap Leeuwin et qui joue désormais « à domicile » sous son continent natal.
Conrad Humphreys (Hellomoto) poursuit son irrésistible « come back ». Après Karen Leibovici (Benefic) dépassée sans la moindre galanterie hier, c’est Raphaël Dinelli (Akena Verandas) qui a fait cette nuit les frais de l’appétit glouton du jeune Britannique. A près de 14 nœuds de moyenne, Conrad parcourt plus de 100 milles de plus par jour qu’Anne Liardet (Roxy), située 250 milles dans l’ouest, et prochaine « cible » désignée du skipper de Plymouth.
Source : Vendée Globe 2004