Car s’il faut veiller au classement, l’état du bateau est à surveiller de près. Le gréement est soumis à rude épreuve sans parler des cadènes, haubans, étais, bastaques sans parler des drisses qui, à force de s’appuyer sur le réa (poulie) de tête de mât s’usent et larguent le spi qui tombe dans la mer. Il faut veiller à tout cela et les avaries de gréement seront sans aucun doute légion à l’arrivée à Lanzarote. « C’est normal » explique Denis Hugues, directeur de course ce matin. « Les bateaux comme les hommes sont fatigués et je pense qu’il y a déjà beaucoup d’avaries de gréement à bord des bateaux. Des problèmes de casses d’étai, de bastaques… Le matériel commence sérieusement à fatiguer dans ces conditions d’autant que le vent va rester comme cela jusqu’aux Canaries. Le démâtage de David comme le problème de Nicolas ne sont pas surprenants… ».
Il reste que Corentin Douguet a repris l’avantage sur Sébastien Gladu (Armor lux). 7 petits milles… Rien à l’échelle des 1 300 milles à parcourir au départ mais diablement important à 180 milles de l’arrivée. 7 petits milles qui placent Corentin en vainqueur potentiel de cette première étape à condition de… tenir les quelques 20 heures de navigation qu’il lui reste à faire. Mais derrière, cela ne lâche rien. Les deux premiers ont toujours leurs plus de 20 milles d’avance sur Phil Sharp (Le Gallais) qui voit un Yves Le Blevec (Point Mariage), pressé comme un jeune marié. Yves est à 0,6 mille derrière pile dans son axe. Autant dire que le Breton est en train de tirer sur son plan né en 1995, un bateau vainqueur de la précédente édition de la Transat 6,50 Charente-Maritime/Bahia. On retrouve derrière un groupe de chasse avec Jaime Mumbru (Ulisses 65), Cyril Ducrot (Région Nord Pas de Calais), Adrien Hardy (Brossard), Tanguy de Lamotte (Set Environnement Mécénat Chirurgie Cardiaque), Clément Giraud (Adrénaline Métropole Arc.), Stanislas Maslard (Crédit Agricole Skipper Challenge)… Difficile de dire qui va sortir son étrave du jeu pour cette 5e place. Rien n’est joué…
Côté conditions de vent, c’est un vrai tapis roulant qui s’offre maintenant aux marins. Le vent s’installe à 15/20 nœuds de secteur nord passant nord-est progressivement. Le régime d’alizés de l’hémisphère Nord est en train de se mettre en place, soit des conditions idéales pour approcher Lanzarote. Restera alors à bien gérer l’approche de l’île qui peut s’avérer piégeuse. Ce sera le réel dernier problème à gérer avant de venir s’amarrer dans le port de Puerto Calero.
Impressionnant Peter Laureyssens !
9e et 1er Bateaux série, Peter sur Wellments est incroyable… Il ne lâche rien et vient taquiner les meilleures protos sur son Pogo 2. Car Peter joue actuellement au contact de Tanguy de Lamotte et de Clément Giraud. Il ne lâche rien et Sylvain Pontu (Une place pour chacun), 2e Série, est à 12 milles derrière. Rien n’est joué, mais c’est vraiment maintenant que l’on sent que les machines comme les hommes commencent à souffrir. Ces 6 jours de course, toutes au portant, usent… Il faut être dessus constamment, vérifier le matériel, les points de raguage, penser à se nourrir et multiplier les heures de barre, pour éviter les vracs et tirer parti de la moindre petite bascule. Une mauvaise vague et cela peut se traduire par un bateau qui se couche sur l’eau, une risée de quelques degrés différentes et le bateau peut partir à l’empannage… Et tout cela peut se traduire par une casse ou un spi dans l’eau qui va demander beaucoup d’efforts et de minutes perdues. Le niveau des Bateaux Série cette année est tout simplement impressionnant et Peter ne semble faire aucune faute.
Nicolas Charmet et David Le Carrou…
La casse… Voilà le problème majeur de cette première étape qui se sera déroulée dans des conditions de portant. Ainsi, Nicolas Charmet (La Ligue contre le Cancer) a cassé son hauban tribord (câble droit qui sert à tenir le mât) dans un gros vrac et a été obligé de faire route vers le port Portugais de Cascaïs. Il n’est pas sûr de repartir pour le moment. Pour David Le Carrou (Le Treport-Tirard & Burgaud), la course est terminée. David a démâté à hauteur de son premier étage de barre de flèche. Le bateau accompagnateur Notre Dame des Flots s’est rendue sur zone pour voir si tout était OK à bord. David a décidé de rejoindre par ses propres moyens le port de Sines (port pétrolier sous Lisbonne) situé à 100 milles dans son ouest.
Premières arrivées demain dans la matinée.
C’est demain matin, certainement au petit matin, que devraient se faire les premières arrivées de cette première étape de la Transat 6,50 Charente-Maritime/Bahia 2005. La tête de la flotte est actuellement à 200 milles à la hauteur du magnifique port marocain d’Essaouira tandis que le gros de la flotte est par le travers de Madère (à 200 milles environ). Et s’il reste aux premiers à parcourir 180 milles au dernier pointage, il faut noter que la queue de la flotte est pour le moment au large de… Vigo soit à 670 milles de premiers. Des arrivées qui vont donc s’étaler tout au long de la semaine prochaine…
