Les vainqueurs expliquent le secret de leur succès

Prologue Transat AG2R 2014
DR

Michel Desjoyeaux a remporté la course en 1992 avec Jacques Caraës. 22 ans après il est de retour, mais cette fois avec le jeune Corentin Horeau. « Le meilleur conseil à donner à quelqu’un qui n’jamais participé, c’est de suivre sa propre opinion. L’important est de se faire plaisir. Même la plus grosse expérience ne remplacera pas l’envie. »

- Publicité -

Jean Le Cam, vainqueur en 1994 aux côtés de Roland Jourdain : « Nous avons gagné avec 63 secondes d’avance mais il ne faut pas s’emporter là-dessus. Car tu ne peux pas penser à cela en permanence pendant trois semaines sinon tu deviens dingue… Bien sûr on est toujours en recherche de performance, il faut toujours essayer de bien faire sans pour autant faire une obsession de chaque seconde perdue. Sinon tu oublies l’essentiel. »

Alain Gautier a triomphé en 1996 : « Avant de prendre le départ j’avais une liste de co-équipiers potentiels et c’est vrai que dans mon entourage quelques uns me déconseillaient de prendre Jimmy Pahun, car la course au large n’est pas sa spécialité. Je ne les ai pas écoutés car j’ai privilégié l’amitié à la performance pure. J’ai adapté la navigation du coup à ses compétences : il a beaucoup barré, j’ai beaucoup fait le reste. A l’arrivée le résultat était là. Partir avec un ami facilite la vie car tu peux tout te dire sans craindre de se fâcher. »

Bruno Jourdren  vainqueur en 1998 : « Ce qui nous a fait gagner, c’est de refuser de se comporter comme des moutons de panurge. Nous avions fait notre analyse météo et nous étions certains que la meilleure route passait par le sud. Mais tous les ténors – et ils étaient nombreux cette année là – sont partis de l’autre côté. Ca pousse à se poser des questions. Ce n’est pas facile de refuser un phénomène de groupe… Un jour, on a même arrêté de regarder les pointages tellement cela nous déprimait. On s’est dit c’est fichu… Et on a reçu un appel du PC Course : « vous avez vu les classements ? » En 24 heures, nous avions rattrapé 50 milles. Nous étions 2èmes avec devant nous de bien meilleures conditions. C’est comme cela que nous avons gagné, en restant autonomes. »

Kito de Pavant : « L’habitude que Pietro (d’Ali) et moi avons de naviguer en Méditerranée, nous a bien aidés. En effet, il y a beaucoup de soleil sur la Transat AG2R.  Or le soleil produit des phénomènes particuliers dus à l’évaporation de l’eau : des courants ascendants se forment par exemple fréquemment. Nous y sommes habitués donc ça aide pour bien gérer le vent. En plus d’être méditerranéen, Pietro a aussi une grosse expérience des régates olympiques ce qui nous a aussi beaucoup aidé dans ces conditions. »

Karine Fauconnier a remporté la course en 2000 : « J’ai toujours trouvé les équipages mixtes plus forts car complémentaires. Nous avons, femmes et hommes, des qualités et des défauts spécifiques et les rassembler rend meilleur. J’estime que la présence d’une femme à bord permet aux hommes d’oublier certaines postures machistes et viriles : ils font moins les coqs que lorsqu’ils sont entre eux. Cela donne une certaine douceur à bord, plus d’écoute, plus d’intelligence. »

Laurent Pellecuer, vainqueur en 2008 :   « Dès lors que tu arrives aux portes de l’Atlantique, il faut te demander si l’anticyclone des Açores est présent ou pas car c’est lui qui génère des alizés sur sa bordure sud. Si la situation est incertaine, on est tenté de faire route directe. Mais mieux vaut bien réfléchir car même si l’anticyclone est petit, il peut-être suffisant pour provoquer un courant puissant d’Alizé qui vaut le détour par le sud. Il te permet d’aller vite et sans coup férir jusqu’aux Antilles. Cette possibilité de route sud est donc souvent une belle opportunité. »

Armel Le Cléac’h a gagné cette transat à deux reprises, en 2004 et en 2010 et vise une troisième victoire : « Avec Nicolas Troussel, nous avions un goût d’inachevé. Deux ans auparavant, la rupture de notre étai nous avait conduits à faire demi-tour après trois jours de course. C’était d’autant plus rageant qu’il s’agissait de notre première transat et que le groupe dont nous faisions partie au moment de l’abandon a terminé dans les premiers.  Du coup, nous voulions vraiment repartir ensemble. Rien ne s’est passé comme  prévu : le départ a été retardé pour cause de coup de vent et l’escale de Madère a été annulée. Mais nous voulions tellement effacer notre déconvenue de 2002 que cela nous a motivé à 100 %. Dès lors que les deux équipiers en ont envie, repartir sur une course où les choses ne se sont pas bien passées constitue un avantage en termes de motivation. »