Les solitaires de la Transat Bretagne – Martinique poursuivent leur route au portant, dans une quinzaine de nœuds de vent. Si l’on peut noter quelques petits décalages entre les uns et les autres, pour l’heure, il n’y encore rien de significatif. Et pour cause, le vent est toujours orienté au nord-est. Impossible, tant qu’il ne prend pas plus de droite, de tenter des coups plus importants. « En ce moment, nous n’avons toujours pas d’autre choix que de suivre le vent » a indiqué Erwan Tabarly ce matin. Le skipper d’Armor Lux – Comptoir de la Mer, toujours bien installé aux commandes de la flotte, se concentre donc essentiellement sur sa trajectoire et étudie à la loupe chaque nouveau fichier de vent. « L’analyse météo est l’activité la plus intense à bord. A présent, on est en mesure de faire des routages jusqu’à Fort-de-France puisqu’on est à moins de dix jours de l’arrivée. Cela permet de voir ce qui va se passer, d’avoir une idée du schéma général du reste de la course » a précisé le Fouesnantais.
Le schéma général, c’est bien ce qu’il faut regarder car dans l’immédiat, la réalité de la situation sur l’eau diffère quelque peu des prévisions. « Dans les alizés, c’est souvent le cas. Actuellement, les modèles annoncent 15 nœuds constants. Dans les faits, il y en a 15 le matin et 25 l’après-midi » a indiqué Erwan. « C’est assez changeant et peu conforme à ce qu’annoncent les fichiers qui prévoyaient du vent d’est dès aujourd’hui. J’imagine que cela est dû à l’instabilité de l’anticyclone des Açores » a commenté Gildas Morvan. Le skipper de Cercle Vert est à l’affût, prêt à attaquer, mais doit prendre son mal en patience. « En attendant d’entamer le jeu des empannages, j’essaie de dormir pour récupérer la fatigue accumulée depuis le départ. Hier, j’ai pris une douche et je me suis rasé. Je suis un homme neuf » a-t-il déclaré.
Plus au nord, pas sûr que l’on ait encore pris le temps pour une petite toilette, même si Damien Guillou qui peut se satisfaire, ce matin, de commencer à retrouver progressivement un alizé. « C’est un soulagement. Comme j’ai joué la courbure de l’anticyclone, je n’ai plus eu trop de vent. Malgré tout, je suis content, j’ai réussi à en conserver un minimum et je m’en suis plutôt pas trop mal sorti » a raconté le skipper de La Solidarité Mutualiste. Si ce dernier peut considérer, ce vendredi, que cette « histoire d’anticyclone » est maintenant derrière lui, même s’il est obligé de descendre au sud en bâbord amure encore un moment (70 milles environ) pour aller chercher un flux plus soutenu, Arnaud Godart Philippe (Régates Sénonaises) ne semble pas encore pouvoir en dire autant.
Ils ont dit :
Erwan Tabarly – Armor Lux – Comptoir de la Mer :
« Ce régime va durer un moment. Il y a de la monotonie, nous allons être au portant pendant 10 jours mais il y tant de choses à faire sur le bateau que l’on ne s’ennuie pas. Je me concentre surtout sur la trajectoire, les fichiers météo. Je regarde quels sont les risques, les pièges. Après, c’est tout le quotidien qu’il ne faut pas négliger : manger, dormir … au final la journée passe à une vitesse phénoménale. Le décalage que j’ai n’est pas énorme. Là on arrive à faire des routages jusqu’à l’arrivée. On peut voir ce qui va nous arriver d’ici la fin, les manœuvres, les empannages. C’est ce qui nous occupe le plus dans la journée. »
Gildas Morvan – Cercle Vert :
« Nous avons du vent de nord – est, le modèle n’est pas appliqué à la réalité. Là, on retrouve les alizés classiques, ça souffle moins fort que le long de l’Afrique. D’après le fichier, le vent devait être nord – est dans les prochains jours et ce n’est pas ce qui va arriver, il va probablement falloir empanner. Je fais un peu ma route comme bon me semble avec de la vitesse et je pense qu’Erwan veut faire du sud pour avoir de la pression. Les modèles ne sont pas tout à fait corrects par rapport à l’évolution du vent. Il y a un décalage. Il va falloir suivre cela de près. »
Damien Guillou – Solidarité Mutualiste :
« Hier, je suis passé au plus proche de là ou il n’y avait pas de vent, c’était la limite. J’ai juste eu de quoi avancer. Je crois que je n’ai pas trop mal joué la courbure de l’anticyclone. Le vent a continué de monter et là, je commence à récupérer le flux d’alizé. J’ai du vent et ça, ça change pas mal. De plus, je file un cap normal. Je suis en bâbord pour encore quelques temps car je descends vers le sud. Ca va monter un peu, je suis débarrassé de cette histoire d’anticyclone, j’ai réussi à ne pas me faire piéger et ça c’est bien. Il va y avoir des choix stratégiques à faire, à savoir quand je vais devoir empanner pour être tribord. Je vais encore faire du bâbord pendant encore 70 milles. »
Classement de 5 heures
NL ARMOR LUX – COMPTOIR DE LA MER Erwan Tabarly
1 CERCLE VERT Gildas Morvan à 2096,70 milles
2 SKIPPER MACIF 2012 Fabien Delahaye à 29,25 milles
3 DLBC – MODULE CREATION Yoann Richomme à 64,57 milles
4 AGIR RECOUVREMENT Adrien Hardy à 78,62 milles
5 BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE Anthony Marchand à 90,75 milles
6 REGATES SENONAISES Arnaud Godart Philippe à 104,90 milles
7 LA SOLIDARITE MUTUALISTE Damien Guillou à 114,14 milles
8 LES RECYCLEURS BRETONS Simon Troel à 200,78 milles
9 BRETAGNE – CREDIT MUTUEL ESPOIR Corentin Horeau à 245,75 milles
10 TEKTON / AGM – REGION MARTINIQUE Eric Baray à 684,37 milles
ABD SPONSOR ME Kristin Songe Moller
ABD GROUPE QUEGUINER – LEUCEMIE ESPOIR Yann Elies ABD GEDIMAT Thierry Chabagny
ABD SEPALUMIC Frédéric Duthil