A bientôt 39 ans, fort d’un brillant palmarès de coureur au large le plus souvent aux avant-postes, Erwan Tabarly (2e de la Med Race 2012, quatre fois vice-champion de France Elite de course au large en solitaire, dont lors des deux dernières saisons, et déjà 2e de la Transat Bretagne-Martinique en 2009… quatre minutes derrière Gildas Morvan ! ) se disait au départ de Brest que cette fois-ci serait la bonne. Il partait pour la gagne, un point c’est tout.
Sa victoire dans la Transat Bretagne-Martinique est sans aucun doute celle de l’expérience et de la maturité. L’expérience de milliers de milles parcourus sur un bateau qu’il connaît par cœur, la maîtrise parfaite du rythme à tenir sur longue distance, l’anticipation des manœuvres dans la baston, la gestion du matériel pour éviter la casse.
Partisan de l’option Est, dictée par la zone de DST du cap Finisterre (Dispositif de Séparation de Trafic), Erwan au coude à coude avec Yoann Richomme, Gildas Morvan et Fabien Delahaye, privilégie le compromis performance/sécurité, plutôt que la sécurité à tout prix. Sa stratégie d’un léger décalage à l’ouest pour rester dans la grosse brise et gagner en vitesse est la bonne. Sous spi lourd au largue serré, il creuse alors l’écart et met 30 milles de distance à ses poursuivants. Dès lors, l’avance est prise, il devient leader des partisans de l’est le 23 mars à la latitude de Gibraltar, et attrape la tête du classement général le 28 mars… pour ne plus jamais la lâcher. Une double fierté pour Erwan : celle d’avoir mené sa course consciencieusement et brillamment, et celle d’avoir vaincu les alizés, une partie de la course, qui jusque là, ne lui réussissait pas.
Gildas Morvan (Cercle Vert) et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) naviguent toujours à vue à l’approche de l’îlet Cabrits mais le géant de Landéda a repris encore un mille, ces quatre dernières heures, à son poursuivant. Il aborde donc le tour de la Martinique par le sud avec 6 milles d’avance qu’il espère suffisants pour passer outre les pièges et les dévents de l’île. Derrière, ça cravache dur. A 12 heures, Anthony Marchand (Bretagne- Crédit Mutuel Performance) est le plus rapide mais tous les marins font en sorte de faire avancer les machines au plus vite en composant avec les grains. La bonne nouvelle, ce dimanche, concerne Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste). Ce dernier est parvenu à réparer son grand spi avec du scotch et retrouve à la fois de belles vitesses et le moral.