Certes le ciel était couvert et l’atmosphère un peu maussade, mais une nouvelle fois les équipages des yachts classiques ont pu s’exprimer pleinement dans une brise régulière d’Est quoique oscillante en force au fil des heures et basculant doucement vers le Sud-Est. Départs au cordeau, engagements serrés aux bouées, manœuvres à profusion pour envoyer flèches, voiles d’étai, clins foc, spinnakers ou gennakers, voir focs ballon, car toutes les allures étaient au programme de ce tour de la baie entre Lérins et Théoule, La Napoule et Cannes. Certains à l’image de Paulena ont même virevolté autour des marques de parcours pour éviter l’embouteillage…
Dans ces conditions météorologiques qui privilégiaient le sens tactique et la réactivité manœuvrière, la bataille a été rude parmi les Époque Aurique avec au final, Nan of Fife qui s’imposait en temps compensé devant Avel et Bona Fide, pourtant très inspiré et rapide sur le plan d’eau. Et chez les Big Boats, les deux « frères » Moonbeam ont fait un festival : le 3 se glissant de quelques secondes devant le IV alors que Mariquita soufflait d’un cheveu la troisième place à Thendara. Pour les Classique, Arcadia dominait largement alors que les regards se tournaient vers Paulena qui a réalisé une démonstration d’aisance et de manœuvres imprévues… en queue de flotte. Leonore a quant à lui dominé le débat parmi les Marconi de plus de 15 mètres face à Manitou et Rowdy, et leurs petits frères de moins de quinze mètres ont vu s’échapper Cholita. Enfin nouvelle victoire pour le Dilong très à l’aise dans ces conditions médium, Catleya devançant Highlander et le 6mJI Nada.
Victoire russe en Dragon
Les Dragonistes n’ont pas chômé pour cette ultime journée de régate en baie du Golfe Juan : trois manches à suivre dans une brise de Nord-Est d’une dizaine de nœuds tournant au secteur Est voire parfois Sud-Est avec quelques renforcements passagers et quelques ralentissements éphémères. Bref il ne s’agissait pas seulement d’aller vite, encore fallait-il aller au bon endroit… Et aussi surveiller ses adversaires les plus dangereux pour se caler au classement général. A ce jeu, le Russe Anatoly Loginov (Annapurna) déjà vainqueur aux Régates Royales, a su parfaitement contrôler sa fin de course : 4e, 3e, 2e, la régularité paye !
De fait, c’est bien cette priorité qui primait à Cannes et certains équipages ont perdu toute chance de monter sur le podium parfois dès la première des dix manches courues, à l’image du Britannique Ivan Bradbury (Blue Haze, 4ème) qui ne finissait pas la première course et qui terminait dans les profondeurs (30e) lors de la manche 6. Ou comme l’Allemand Helmut Schmidt (Kleine Brise, 5ème) qui encaissait un BFD (départ volé et éliminatoire) en milieu d’épreuve, le Danois Bo Selko (Bonobo, 6ème) avec un OCS (départ volé non réparé), l’Anglais Martin Payne (Bear, 7ème) perdant le fil suite à son abandon lors de l’antépénultième régate.
Il n’ait qu’à analyser les résultats manche par manche pour constater que les trois premiers n’ont jamais réellement été décrochés même si sur les dix manches lancées, ils réalisaient une ou deux contre-performances (mais le plus mauvais score peut être supprimé) : le vainqueur final n’a ainsi jamais terminé pire que treizième… Anatoly Loginov (Annapurna) remporte donc le trophée cannois grâce à cette ultime journée qui lui a permis de devancer l’Italien Giuseppe Duca (Cloud), encore leader hier et qui a eu du mal à trouver la voie ce vendredi.
Classement général Dragon (dix manches courues, une retirée)
1-Anatoly Loginov (RUS) Annapurna : 40 points
2-Giuseppe Duca (ITA) Cloud : 62 points
3-Soren Pehrsson (DEN) Blue Lady : 78 points
4-Ivan Bradbury (GBR) Blue Haze : 92 points
5-Helmut Schmidt (GER) Kleine Brise : 98 points