Nan of Fife (1896), Pen Duick (1898), Iona (1899), Moonbeam of Fife 3 (1903), Mariska (1908), Mariquita (1911), Moonbeam 4 (1914), Hallowe’en (1926), Cambria (1928), Eilean (1936), Vanity V (1936), et la réplique Sunshine (2003) sont tous des plans de la famille William Fife présents à Cannes. Et si Shamrock V s’imposait une nouvelle fois en temps réel, c’est encore le Dilong de Jacques Fauroux (Catleya) qui gagne chez les Spirit of Tradition. Et parmi les Classiques, Arcadia signe sa première victoire aux 34èmes Régates Royales de Cannes, le petit Dainty chez les Marconis de moins de 15m et Leonore parmi les plus de quinze mètres, Thendara chez les Big Boat et Bona Fide chez les Aurique.
La brise était pour le moins taquine : d’abord partie se dégourdir les jambes au grand large, elle s’installait sur les coups de midi sous forme d’un zéphire allégé venu d’Orient. La baie de La Napoule avait des allures de lac et le premier signe, fut une imposante boule de coton qui s’accrochait sur les reliefs de l’Estérel en virant à l’encre de Chine. Ainsi parties dans une brise de secteur Est à Sud-Est de cinq nœuds environ, les différentes séries s’élançaient chacune leur tour vers une bouée de dégagement avant d’enrouler le parcours rectangulaire de 9,2 milles. Mais voilà : Éole devait avoir oublié son ventilateur puisque quelques quarts d’heure plus tard, le souffle s’envolait dans les cieux.
Un gigantesque cumulonimbus s’épandait alors telle une pieuvre sur la baie de La Napoule, déversant ses liquidités comme un canadair tentant de circoncire un feu de forêt de mât. Bref, le déluge aspirait tout brin d’air. Et quand le robinet céleste ferma ses vannes, un calme soudain remplit l’atmosphère chargée d’Ampères. Le vent tournicotait en s’emmêlant les quadrants, les yachts disséminés dans la baie sous l’effet du céleste déluge se devaient désormais de composer avec un clapot dysharmonique. Heureusement, le flux asthmatique se réorganisait en une brise de secteur Sud qui remit toute la flotte d’aplomb sous un soleil retrouvé.
En Dragon, les écarts se creusent
Cette quatrième manche pour les quarante-trois Dragon pourrait bien être le tournant du match ! Car à l’issue de cette première régate de mercredi courue en baie du Golfe Juan dans une brise de cinq nœuds (et moins) de secteur Nord-Est, les écarts commencent à se creuser entre les trois premiers et leurs poursuivants… En fait, les équipages ont dû composer d’abord avec un vent relativement stable pour le premier aller-retour de ce parcours banane, avec un bord privilégié à gauche du plan d’eau, mais surtout avec une brise évanescente et volage sur le deuxième près. La flotte se scindait alors en deux groupes et il devenait difficile de déterminer qui allait le mieux s’en sortir puisqu’une première bascule favorisait les partisans du bord à terre et une deuxième, les afficionados du large.
Match nul au final ou presque mais les frères italiens Massimo et Tomaso Buzzi épaulé par Marco Borzone (Little Hook) franchissaient les premiers la ligne d’arrivée. Ils étaient suivis par l’Américain Edward Simmons (Grendel) et par l’Allemand Timann Krackhardt (Hausdraken) alors que le Britannique Ivan Bradbury (Blue Haze) terminait troisième. L’Italien Guiseppe Duca avec comme équipiers les Français Jean-Sébastien Ponce et Guillaume Berenger (Cloud) prenait la cinquième place, ce qui le propulsait en tête au classement général provisoire. Car les autres favoris étaient à la peine dans le petit temps : le leader d’hier, le Danois Soren Pehrsson (Blue Lady), le Russe Anatoly Loginov (Annapurna) et l’Allemand Helmut Schmidt (Kleine Brise) terminaient respectivement 10e, 13e et 20e… Le Comité de Course renvoyait tout le monde au port suite à un énorme grain de pluie qui lessivait le plan d’eau et annihilait le vent.
Finalement, une légère brise de secteur Sud balayait la baie de La Napoule juste avant 16h et les Dragon reprenaient la mer pour une cinquième manche… Que le Russe Annapurna remportait (devant le Dragon britannique Jerboa et son compatriote Sunflower) pour rebondir à la deuxième place au général derrière l’indécrochable Italien Cloud qui finissait 7ème de cette manche plus musclée.