L’Europa Race annulée pour raisons diplomatiques

    Trophée du Bosphore
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    Cumali Varer, le patron de la société qui devait organiser cette Europa Race au départ d'Istanbul le 5 mai prochain, ne se fait plus guère d'illusions. Seul un peu probable revirement diplomatique et/ou l'annulation de la loi condamnant la négation du génocide arménien pourrait décider de nouveau la Turquie à financer la course. Cumal Varer s'en est expliqué par mail auprès des skippers des huit teams qui devaient prendre le départ :  Vincent Riou (PRB), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), François Gabart (Macif), Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), Marc Guillemot (Safran) Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), Mike Golding (Gamesa) et Kito de Pavant (Groupe Bel) et bien sûr auprès du Président de la classe IMOCA, Luc Talbourdet.

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    Trouver une solution alternative

    Celui-ci explique : "au départ, la course est clairement financée par des subventions du gouvernement turc. La crise entre la France et la Turquie à propos du génocide arménien nous touche donc directement. Nous cherchons rapidement un plan B, qui pourrait être – mais ce n'est qu'un exemple – un parcours ralliant Barcelone, l'Angleterre et la France." Un départ de Turquie n'est évidemment plus envisagé dans ces conditions. Une réunion des coureurs devant participer est prévue pour ce jeudi et d'autres idées que celle-ci sont également à l'étude, par exemple un tour des îles britanniques. Nous n'en sommes pas là.

    Dans son mail, l'organisateur Cumali Varer précise :  "Le Conseil constitutionnel a été saisi mardi 31 janvier de deux recours déposés contre le texte de loi (1). Ces recours suspendent de fait la promulgation de la loi définitivement adoptée par le Parlement " Il ajoute : "il faudra donc attendre un mois pour savoir si le Conseil constitutionnel annulera ou non la loi. A ce jour, mes partenaires institutionnels turcs, mes sponsors français et turcs sont dans l’attente de la décision du Conseil Constitutionnel et pour le moment ils ne soutiennent plus l’Europa Race. De mon côte, j’ai recherché des solutions alternatives pour contourner le problème; je sais aussi que j’organise une course de l’Europe et que la France n’est pas le seul pays concerné. Avec l’accord de l’IMOCA,  j’ai essayé de finaliser un nouveau parcours avec une arrivée dans un autre pays de la Communauté Européenne mais ce nouveau schéma n’a pas retenu l’attention de mes partenaires. Une solution ne pourra être trouvée que suite à  la décision du Conseil Constitutionnel qui pourrait avoir pour conséquence l’assouplissement des relations entre la Turquie et la France. Je ne pourrais pas faire connaître ma proposition avant le 29 février et je comprends que l’IMOCA imagine des solutions alternatives. Comme vous l’imaginez je suis très affecté par cette situation."

    On devrait donc avoir très prochainement des nouvelles de la situation. En espérant aussi que cette affaire diplomatique ne remette pas en cause à terme une autre course – en Figaro cette fois – à savoir l'Izmir Cup (nouveau nom de la Cap Istanbul) qui doit avoir lieu elle aussi en Turquie, en septembre prochain. D'ici là, les relations entre France et Turquie se seront peut-être apaisées et Olay Nautic retrouvera peut-être les subsides qui lui font défaut pour le moment.

    Bruno Ménard

    (1) Pour être précis, le Parlement français a définitivement adopté le lundi 23 janvier, après un ultime vote au Sénat, la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien de 1915. La Chambre haute a ratifié ce texte déjà adopté par l'Assemblée nationale le 22 décembre. Le texte, soutenu par Nicolas Sarkozy, a provoqué d'importantes tensions avec la Turquie qui refuse le terme de génocide. Et après le vote des députés, Ankara a gelé sa coopération militaire et politique avec Paris.