Entre hier soir et le milieu de nuit, les Sudistes ont déclenché l’empannage tant attendu. Terminée donc cette incroyable – et vertigineuse – plongée dans le bas des cartes. A présent tous ou presque font la route et progressent portés par un vent de secteur Est Nord-est de 20-25 nœuds. « Nous avons enfin trouvé l’alizé que nous sommes venus chercher en allant vers le Sud. Ca avance vite mais nous sommes vent arrière. Le jeu des empannages va donc se poursuivre » lâchait Sam Davies (Savéol), ce midi à la vacation.
La Britannique, comme Jeanne Grégoire et Gérald Veniard (Banque Populaire), Gildas Morvan et Bertrand de Broc (Cercle Vert) ou encore de Armel Le Cleac’h et Fabien Delahaye (Brit Air) semble, ce mardi, idéalement placée. 1 400 milles demeurent encore devant les étraves, soit un tiers du parcours. « Ce ne sera pas du tout droit, c’est certain. On le sait, à l’approche des Antilles, les grains deviennent de plus en plus nombreux. Sous les nuages, on peut s’arrêter net tandis qu’en bordure, les accélérations sont fulgurantes. Dans ces conditions, il y a beaucoup à gagner mais aussi beaucoup à perdre,» a commenté Franck Le Gal (Gedimat) ce matin.
Les Nordistes mangent leur pain noir
Pour les Sudistes à qui l’autoroute semble désormais grand ouvert, il faudra surveiller les extrêmes Sudistes, Jean Le Cam et Nicolas Lunven, aujourd’hui. Ces deux là misent notamment sur le fait de finir avec un meilleur angle que leurs adversaires sur la fin de la course. Une stratégie à long terme, certes, mais qui pourrait payer. Le tandem de Generali est loin d’être le seul à pouvoir inquiéter la « bande des quatre ». Eric Drouglazet et Laurent Pellecuer (Luisina), Ronan Treussat et Yannick Le Cleah (Lufthansa), Nicolas Troussel et Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) ou encore Armel Tripon et Franck Le Gal (Gedimat) – pour ne citer qu’eux – restent en embuscade.
Il faut également surveiller de près les centristes Antoine Koch et Joseph Brault qui défient décidemment tous les routages. A bord de Gaspé 7, les deux hommes occupent non seulement toujours les commandes de la flotte mais continuent de maintenir une vitesse intéressante. Une vitesse qui contraste aujourd’hui clairement avec celle des Nordistes. Pour ces derniers, la situation actuelle est, en effet, plutôt défavorable et la zone de calme qu’ils traversent risque de durer en raison d’une dorsale qui viendra s’installer à l’arrière du front. « On est un peu résignés. Comme on s’y attendait, il semble que notre option va nous faire prendre du retard. Ce ne sera pas facile pour nous » déclarait Yann Eliès (Generali – Europ Assistance) ce midi.
Ils ont dit :
Adrien Hardy, skipper de Agir Recouvrement : «Avec du recul, on se dit qu’il peut de passer encore des petites choses. Normalement ceux du Sud devrait passer devant, mais si on a un bon angle et si ils doivent souvent empanner, on pourrait arriver en même temps ! On a fait une belle descente au Sud là et on sauve bien les meubles. »
Samantha Davies, co-skipper de Savéol : « Enfin on a trouvé l’alizé qu’on cherchait en allant vers le Sud. C’est sympa d’avoir les copains, on est à coté de Banque Populaire, Cercle Vert et Brit Air. On est plus ou moins ensemble depuis les Canaries. Quand on voit les bateaux on se concentre un peu plus pour aller plus vite ! »
Franck Le Gal, skipper de Gedimat : « On a été rapide tout droit ces dernières 24h… On a pris la décision de ne pas jouer avec le Sud. On s’est rendu compte que c’était plus rentable de faire route directe ! Ca ne va pas être tout droit tout le temps mais il y a encore un bord bâbord pour reprendre un peu plus de pression. On n’ira pas chercher Jean Le Cam et Nicolas Lunven qui sont très Sud. »
Bertrand Castelnerac, co-skipper de BcomBio : «Le vent rentre peu à peu, c’est plutôt positif, pour essayer de ne pas aggraver notre cas ! J’espère que ça va s’améliorer les jours qui viennent. On regarde ce qu’il se passe pour savoir à quel moment on empanne et faire route vers St Barth. Au final on continue encore un peu et on profite du vent qu’on a.»
Classement de 15 h
1 GASPE 7 Joseph Brault / Antoine Koch à 1275,1 milles
2 AGIR Recouvrement Adrien Hardy / Stanislas Maslard à 22,5 milles
3 CERCLE VERT Bertrand de Broc / Gildas Morvan à 40,7 milles
4 BRIT AIR Armel Le Cleac’h / Fabien Delahaye à 52,4 milles
5 BANQUE POPULAIRE Jeanne Grégoire / Gérald Véniard à 55,7 milles