Le repos dominical est une notion toute relative pour les concurrents de la Transat Jacques Vabre. Mis à part peut-être un certain œcuménisme dans le discours des navigateurs et l’expression de quelques vœux pieux, rien ne distingue ce jour des autres de la semaine. D’autant qu’à bord de chaque bateau, la consigne est claire : il faut pousser les feux… Pour les premiers, creuser si possible un petit peu plus l’écart permettrait de s’assurer une petite marge de sécurité et conjointement un certain confort psychologique. Pour leurs poursuivants, mettre du charbon est encore le meilleur moyen de ne pas laisser s’instaurer des gamberges toujours contreproductives. Tous ont plus ou moins réglé leurs soucis techniques et savent que pendant quelques jours, c’est la vitesse qui deviendra le premier facteur de gains ou de pertes.
Attendre son heure
Chez les IMOCA, Safran continue de mener la danse, mais sa marge de manœuvre reste étroite devant le mordant de ses poursuivants. Mike Golding et Javier Sanso (Mike Golding Yacht Racing) sont ainsi en train de démontrer que l’absence de financement et une préparation raccourcie n’ont en rien entamé leur appétit de victoire. Kito de Pavant et François Gabart (Groupe Bel) restent à l’affût et pour quelques jours, il serait étonnant d’observer beaucoup de bouleversements au sein des classements. A leurs trousses, ils sont cinq monocoques à se tenir en un peu plus de cent cinquante milles. De Hugo Boss, le plus à l’ouest à Foncia l’oriental, le jeu devrait être serré jusqu’au bout, d’autant que si tous convergent vers l’arc antillais, il existe un décalage latéral de plus de 350 milles. Dans ce petit groupe Veolia Environnement peut, soit s’enorgueillir d’une stratégie remarquable depuis le début de course, soit regretter son avarie de rail de grand-voile, c’est selon.
Chez les Multi50, Crêpes Whaou ! continue son cavalier seul. Ses poursuivants sont relégués maintenant à plus de 500 milles. La bagarre pour la deuxième place qui oppose Lalou Roucayrol et Amaiur Alfaro (Région Aquitaine Port-Médoc) d’une part, Victorien Erussard et Loïc Féquet (Guyader pour Urgence Climatique) reste intense. D’autant que l’équipage des deux Malouins a dû subir des vents proches des 50 nœuds, dans un front secondaire généré par la dépression qu’ils avaient pris soin d’éviter. Le jour du seigneur est parfois ingrat pour ses ouailles.
Ils ont dit :
Arnaud Boissières, Akena Vérandas : « Le début de la nuit a été compliqué. Toutefois l’eau commence à être moins froide et nous commençons à nous régaler en faisant des surfs. Ça va être dur de revenir aux avant-postes mais la route est encore longue. Avec Vincent, nous discutons beaucoup par rapport à la stratégie à adopter et nous pensons qu’il y a encore des coups à jouer, notamment au niveau de l’arc antillais. »
Franck-Yves Escoffier, Crêpes Whaou ! : « On ne s’est pas beaucoup alimenté depuis le départ et, même si je n’ai pas beaucoup mangé hier, j’ai du mal à avaler le plat aujourd’hui. (…)On n’a pas encore résolu notre problème avec le moteur : il restera comme ça. On préfère se consacrer plutôt à la stratégie. La mer était impressionnante quand on a viré de bord : il y avait 7 mètres de vagues : on avait peur d’exploser le bateau. Si on arrivait sans encombres ce serait trop bien ! Ce bateau m’a encore surpris hier : il marche très bien : au portant on a atteint les 25 nœuds. »
Sam Davies, Artemis : « On a beaucoup de travail à l’heure actuelle, principalement sur la grand voile, on est donc très fatigué. C’est vraiment très, très dur mais c’est quand même marrant : on est à fond dans la course. On est un peu déçu de notre place actuelle, mais notre principal objectif est de revenir dans le match et on travaille pour ça. On ne s’est pas bien reposé parce qu’on a eu beaucoup de bricolage et j’aimerais plutôt le faire au sec. Pour l’instant il n’y a pas beaucoup d’instruments de navigation qui marchent, mis à part le compas de relèvement. C’est un peu une navigation à l’ancienne. »
Mike Golding, Mike Golding Yatch Racing : « C’est parfait, nous avons des bonnes conditions de navigation. Il y a du soleil et on va vite : on ne peut pas se plaindre ! On est en train de faire au mieux pour revenir sur Safran. (…) Nous essayons toujours d’avoir un plan de la course et de prévoir notre position et celle des nos adversaires : nous sommes satisfaits par rapport à notre situation actuelle. L’écart important que Safran a creusé durant la nuit n’est pas très bon pour nous, mais en réalité ils sont seulement à trois heures devant ; ce n’est pas si mal. (…) Ce que nous voulons continuer de faire, c’est de garder une bonne position et de rester toujours aux aguets, au moins jusqu’à la mer des Caraïbes, où différentes options se présenteront ».
Classement de 17 h
Monocoques
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 2824,5 milles de l’arrivée
2 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 53,7 milles
3 GROUPE BEL Kito De Pavant – François Gabart à 65,4 milles
Multicoque
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 3347,6 milles de l’arrivée
2 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 547,8 milles
3 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 581,8
milles