À 24 heures du coup d’envoi de cette 20e Transat AG2R, quelle est la situation météo pour le départ et les premières heures de course ?
« Nous sommes actuellement sous l’influence d’un vent d’ouest, avec peut-être une petite variante à droite ou à gauche. Demain, en début d’après-midi, ce flux devrait être établi autour de 20 nœuds avec un peu d’instabilité, sans doute avec quelques rafales. Pour résumer, les duos devraient partir avec des conditions relativement faciles, au débridé ou au bon plein. Pour l’instant, les routages emmènent les bateaux quasiment sur la route directe. Dimanche en fin de journée, disons, 24-30 heures après le départ, ils se retrouveront sous l’influence d’une nouvelle perturbation qui devrait cependant passer rapidement. Dès lors, alors qu’ils auront avalé les deux tiers du golfe de Gascogne, les tandems devraient se retrouver au près, d’abord en tribord amure avec un vent fraîchissant jusqu’à 35-40 nœuds selon les fichiers. Autant dire qu’à ce moment de la course, cela risque d’être bien tonique, voire viril. Le point positif, même si le temps est mauvais, c’est que ce sera rapide. »
Pas ou peu d’options avant la sortie du golfe de Gascogne ?
« Dimanche en fin de journée justement, Il y aura un petit contre-bord à faire. De tribord amure, les marins devront passer en bâbord amure. A mon sens, ce sera le coup principal à jouer dans le golfe. Il faudra se gratter la tête pour savoir à quel moment déclencher ce virement d’autant que ce sera pour tirer un bord assez court -probablement autour de six heures. Le « timing » de cette manœuvre sera important pour profiter de la bascule, du refus. L’enjeu sera de ne pas faire trop de bâbord pour ne pas rallonger la route car la bascule semble assez rapide et franche.»
La flotte devrait donc rester relativement compacte jusqu’au cap Finisterre ?
« A mon sens oui. Ce sera sans doute un peu la queue leu-leu avec seulement de petits décalages dans l’ouest lors des premières 24 heures. Finalement, tous auront un seul but : progresser au plus vite vers le sud, aller rapidement vers le refus. En clair, certains vont probablement essayer de faire glisser un peu plus tandis que d’autres vont tenter le compromis habituel du près océanique. Les vraies disparités devraient avoir lieu au moment du virement de bord dont je parlais tout à l’heure. Ce sera un peu comme un jeu de domino : un premier va envoyer et les autres vont suivre en rafale mais un mille ou deux pourraient être suffisant pour marquer des points.»
Ils ont dit :
Christopher Pratt (Gedimat) : « On s’attend à des premières heures de courses assez agitées. Par contre, pour le départ, la situation s’est plutôt arrangée ces derniers jours et, au final, on risque d’avoir une vingtaine de nœuds et un passage de front. Un front cependant pas très violent qui devrait donc rendre le début de la course relativement maniable. En revanche, on s’oriente a priori vers un vent plutôt sud-ouest que ouest. Cela veut dire un vent dans le nez, pile dans l’axe de la route. Nous allons donc probablement devoir tirer des bords dans le golfe de Gascogne, au niveau du cap Finisterre. Le hic, c’est qu’à cet endroit, parfois la mer est très mauvaise. Je pense que les quatre ou cinq premiers jours de course ne vont pas être trop sympas. »
Gérald Véniard (Banque Populaire) : « Les premières heures de la course vont être influencées par la côte puisque nous serons dans un régime d’ouest. De nord-ouest ou de sud-ouest… on ne sait pas très bien. Je pense qu’il est possible que ce soit du nord-ouest auquel cas, nous allons sortir les spis pour nous écarter un peu au large. Après, nous devrions avoir un flux d’ouest assez copieux et être au reaching ou au près selon l’angle. Il faudra choisir la bonne trajectoire pour atterrir sur le cap Finisterre lundi. Là, nous serons cueillis par une nouvelle dépression plutôt creuse qui devrait nous obliger à tirer des bords avant de plonger vers le sud avec une descente d’air froid à l’arrière du front. Cela devrait donc aller assez vite jusqu’à la hauteur de Lisbonne. En clair, le début de cette transat s’annonce donc viril.»
Anthony Marchand (Bretagne Crédit Mutuel) : « Là, le vent va refuser, nous l’aurons face à nous donc il va sûrement falloir tricoter des bords le long du cap Finisterre. Cela va ouvrir le jeu, il y aura des choses à faire, des virements de bord, des changements de voiles… Ce ne sera pas agréable pour tout le monde, mais au moins il se passera des choses entre le départ et les Canaries. Une fois que tous ces enchaînements là seront passés, il est fort possible qu’on envoie le spi le long des côtes du Portugal et qu’on ne l’affale qu’à l’arrivée à Saint Barth’. Autrement dit, dans les quatre premiers jours ça va être un peu comme sur une étape de la Solitaire du Figaro : il ne faudra rien lâcher, être aux aguets en permanence, quitte à se reposer un peu ensuite. »