Sur l’eau donc, les équipages poursuivent, dans des conditions météo peu propices à une course de vitesse sous spi au tempo des alizés, leur progression vers l’archipel des Açores. A 300 milles de Florès, chacun a choisi son camp. D’un côté, les premiers affinent leur trajectoire dans les vents contraires générés par un actif système dépressionnaire. Du grand art qui fait le succès de Cheminées Poujoulat (Jourdren-Stamm), bien vissé en tête, et autres Mistral Loisirs-Pôle Elior Santé (Bouchard-Krauss), Initiative-Novedia (De Lamotte-Hardy), Telecom Italia (Soldini-D’Ali), Cargill-MTTM (Seguin-Tripon) ou Tieto Passion (Romppanen-Öhman).
Toujours en tête, Bruno Jourdren (Cheminées Poujoulat) explique que cela demande toujours beaucoup d’efforts : « C’est du travail de longue haleine pour maintenir la première place. On a eu des conditions musclées depuis le début. La journée d’hier a été récupératrice, on a pu réparer nos petits soucis techniques, notamment une fuite de gazole. Aujourd’hui le bateau est à 100% de son potentiel. Devant, on a encore un passage difficile. On est obligé de faire cette route nord en attendant les alizés… On risque d’être au près quasiment jusqu’aux Açores. On espère ensuite qu’une porte de sortie s’ouvrira à nous le plus vite possible.»
Ils sont poursuivis par une jolie clique d’équipages : 40 Degrees (Harding-Merron), Desafio Cabo de Hornos (Cubillos-Bravo Silva), Groupe Picoty (Fournier-Criquioche), Plan Les enfants changeront le monde (Lazat-Nouel). Tous ces conquérants de l’ouest font contre mauvaise fortune météo grand cœur, en plantant les étraves pile dans l’axe des fronts. Tout ce beau monde progresse au près débridé dans des vents de sud-ouest qui vont encore forcir de 20-25 nœuds. C’est bientôt parti pour un tour dans un coup de baston !
De l’autre côté, en bas à droite de l’échiquier Atlantique, dans un tout autre décor et une toute autre ambiance, les partisans du soleil, partis en quête des alizés, cherchent encore le vent perdu. Adriatech (Consorte-Aubry), Axa Atout Cœur pour Aides (Nigon-Jouany), et Keysource (West-Worswick) débattent dans le petit temps. En manque d’air et sur une route divergente, ils perdent des milles et du terrain. Mais l’histoire des transats rappelle que tout est encore possible. Un zest d’alizé sans trop tarder et il leur reste tout l’Atlantique pour se refaire une belle santé au soleil du classement…
« Le contraste entre les routes sud et ouest va s’accentuer puisqu’un passage de front est prévu pour la nuit à l’ouest. Au sud, ils vont avoir une période un peu molle avant de toucher le vent au large du Maroc mais pas avant 24h. Le duo de tête ne se quitte pas, preuve que les deux équipages sont attentifs et aux manœuvres, qu’ils manifestent un total engagement dans la compétition », souligne de son côté Bernard Duval, directeur de course.
Plus en arrière, les Espagnols de Tales (Botin-De La Plaza) se déroutent vers Lisbonne pour réparer leur pilote automatique défectueux. Tout comme le duo franco-mexicain de Crédit Maritime (Carpentier-Maldonado) qui peine à rallier le port, dans des petits vents contraires le long des côtes portugaises.