Frustrante pour ceux qui ont hâte de rejoindre au plus vite les Alizés, cette situation a au moins le mérite de planter le décor en douceur. Elle permet aux skippers qui viennent de s’élancer dans cette première étape de 7000 milles vers l’Afrique du Sud de prendre progressivement leurs marques, avec le bateau, avec la solitude et avec ce nouvel environnement qui sera leur quotidien pendant les trois ou quatre semaines à venir.
“Le Golfe de Gascogne est le premier temps fort de ce parcours", déclarait hier le Canadien Derek Hatfield (Active House) avant le départ. "On y rencontre généralement des conditions musclées. Je me souviens de ma dernière expérience dans le Vendée Globe, nous avons eu 50 noeuds de vent au près la première nuit. Neuf bateaux sont rentrés au port, quatre ont démâté… Cette fois nous avons de la chance car cela s’annonce beaucoup plus calme". Souvent redouté des marins à cette saison, le Golfe de Gascogne s’avère en effet très clément avec les concurrents de la VELUX 5 OCEANS. Trop peut-être. Hier soir les Eco 60 filaient à 13 ou 14 noeuds de moyenne. Ce matin, ils sont freinés dans leur élan par une dorsale anticyclonique qui les empêche de rejoindre rapidement le Cap Finisterre. Les vitesses ont chuté à 6 noeuds et les concurrents se tiennent en une vingtaine de milles.
Stratégie incertaine
"Cette semaine pourrait être décisive pour l’ensemble de cette étape", expliquait encore Derek Hatfield hier. "Jusqu’au Cap Finisterre, la flotte devrait rester groupée, mais ensuite le jeu sera plus ouvert. Je suis sûr que l’un de nous prendra l’option de contourner l’anticyclone des Açores et de parcourir 700 milles supplémentaires. C’est un pari à prendre. Cela peut marcher… Ou pas du tout". Scénario confirmé ce matin par le Directeur de Course David Adams : "Nous avons pour l’instant deux modèles météo différents pour la suite du parcours. Le modèle européen nous montre un anticyclone des Açores qui se déplace vers les côtes Portugaises et qui permettra à la flotte de le contourner par l’extérieur sans trop allonger la route. Mais le modèle canadien présente un anticyclone plus stationnaire au large qui obligera à parcourir beaucoup plus de milles pour trouver des vents favorables".
Bullens va revenir
Quoiqu’il en soit, les Eco 60 ne vont pas encore allonger la foulée. Freinés par le petit temps au nord de l’Espagne, ils ne sont pas attendus au cap Finisterre avant demain matin mardi . Une bonne nouvelle pour Christophe Bullens (Five Oceans of Smiles), qui s’est écarté de la flotte cette nuit pour continuer sa qualification de 48 heures. Rappelons que le skipper Belge prévoit de revenir à La Rochelle mardi pour terminer la préparation de son nouveau Eco 60 (l’ex-Artech), racheté in extremis la semaine dernière suite au démâtage de son premier bateau pendant le convoyage entre la Belgique et le port charentais. Christophe espère repartir jeudi et ne pas souffrir d’un retard trop important sur ses concurrents. Pour l’heure, les prévisions météo semblent tourner en sa faveur.