
La flotte se réveille difficilement d’une nuit agitée qui dès hier a commencé à distribuer les problèmes techniques. On le sait, le Vendée Globe c’est une emmerde par jour. Mais comme nous le disait Jean Le Cam avant le départ, cela marche aussi au carré de la vitesse.
Thomas Ruyant, sur son LinkedOut, a passé le front cette nuit sans encombre et accélère franchement ce matin. Il est l’un des seuls à 16 nds à descendre plein sud sur une autoroute qui apparait dégagée. Son objectif est d’aller le plus vite possible avant que ne s’installe une dorsale devant qui pourrait venir dans quelques heures lui barrer le passage. S’il passe, il risque bien de faire cavalier seul. Au centre, Charlie Dalin semble en difficulté alors qu’Alex Thomson n’a pas la vitesse qu’on lui connait.
« La nuit a été, comment vous dire….. mouvementée ! » La voix est claire, le mot précis, et la satisfaction, derrière un léger voile de lassitude, bien perceptible. Thomas Ruyant et son plan Verdier aux couleurs de la course au changement pour l’insertion, ont souffert. « La liste des bricoles à réparer s’est allongée » en sourit presque le Dunkerquois, « mais cela valait la peine. J’ai eu une bascule brutale ce matin et j’ai viré de bord dans 40 noeuds! sportif le truc! La mer était horrible derrière le passage de la dépression, de face avec d’énormes vagues! Le bateau sautait, tapait, souffrait… j’avais mal pour lui! Cette fin de nuit a été terrible. Mais j’en suis sorti plutôt bien placé et les classements du matin m’ont renforcé dans ma conviction que ma route était la bonne. Pas certain qu’une route plus sud ait été mieux pavée… »
Derrière Thomas, Sébastien Simon sur Arkea Paprec se remet de sa nuit où il avoue avoir eu le mal de mer. Il n’est certainement pas le seul de la flotte. Il est en bonne position pour suivre le rythme mais on le sent encore dans une phase où il doit prendre son rythme. « J’ai eu le mal de mer pour la première fois de ma vie. C’est sans doute lié au stress, j’ai du mal à me détendre. Le front m’a pas mal stressé, au final il est assez puissant mais la mer est plutôt correcte. Du coup là j’ai déjà viré, je suis derrière le front. Après avoir vomi, j’ai réussi à me rendormir et là ça va, je suis plutôt en forme. J’ai quand même pas mal de rangements à faire parce que le vent a beaucoup changé et le bateau a pas mal accéléré. Il faut que je range tout ça et après je pourrais aller me reposer. Mais le bateau va bien !“
A ses côtes, Louis Burton sur son Bureau Vallée 2 continue son bon début de course et va lui aussi pouvoir accélerer. Au centre en revanche, les sudistes tentent le passage du front. Corum est en plein dedans et navigue à 2 nds. Un moment difficile à passer pour Nicolas Troussel qui avait choisi une voie plus sud pour éviter pourtant le plus gros de cette dépression. A voir comment il en ressortira cette après midi. On notera également les belles performances des IMOCA à dérive qui sont au contact, naviguent parfaitement comme Jean Le Cam, Maxime Sorel, Clarisse Crémer, Damien Séguin ou Benjamin Dutreux qui fait un super début de course.
Les prochaines heures seront déterminantes et nous donneront sans doute une toute autre physionomie de la course et du classement.