
Louis Burton poursuit sa route le long de la zone des glaces à bord de Bureau Vallée 2 qui a retrouvé de la vitesse et toute ses voiles, motivé par l’idée de revenir sur la tête de flotte. Le scénario météo devrait lui permettre de revenir se mêler à la lutte.
” Ça va mieux, c’est pas mal ! J’ai des bleus, des blessures un peu partout, sur les cuisses, sur les mollets, les bras, les mains… C’est comme si j’avais pris une grosse tôle en bécane, avec des courbatures partout et des douleurs aux articulations, mais il n’y a rien de grave ! Je suis juste physiquement un peu atteint, mais j’ai beaucoup dormi, et ça va aller mieux.
Je suis super content d’y être retourné à chaque fois (dans son mât, ndlr) et de ne pas avoir abandonné. J’étais à deux doigts de le faire, et j’aurais regretté.
Je viens de changer de voile d’avant car ça a molli, et je suis sur le point d’envoyer ma grand-voile haute, pour la première fois depuis un mois. J’ai attendu (pour le faire) que ça mollisse. La réparation tient, pour l’instant. J’ai fait des empannages, ça n’a pas cassé. La pièce est beaucoup plus solide que la précédente. J’ai vraiment besoin d’envoyer la grand-voile si je veux ne pas arriver en retard dans le système d’après. Bref, je suis content, et heureux !
Une dépression est devant moi, je vais me glisser en dessous, le long de la ZEA. Je vais avancer au près, ce ne sera pas très rigolo, mais 30 nœuds au près, ça se fait. Je suis moins handicapé dans ces navigations engagées, le bateau est mieux dans la baston que dans la molle.
Je revis la même chose qu’il y a quatre ans. Bon, j’étais déguisé en père Noël, mais je passais au près. Merci à la Direction de Course d’avoir ouvert la porte de la ZEA !
Pour l’instant, mon pilote automatique a l’air d’aller. Quand il s’est remis à marcher, j’étais passé sur le dernier capteur d’angle de barre. Après, je n’avais plus trop de solutions… J’ai barré, longtemps, 15 heures, et quand j’ai rallumé l’électronique pour envoyer un message, le pilote est reparti. Depuis, je l’ai protégé à fond de l’humidité, je l’ai bichonné comme ma femme, et pour l’instant ça marche.
Ma femme ? Elle est étonnante, incroyable, et cette équipe l’est tout autant. J’ai leur soutien jour et nuit, c’est super cool.
Il me manque le capteur de gîte, c’est une installation qui a cinq ans, c’est celle d’origine, et il y a un peu d’obsolescence là-dedans, même si on a fait toutes les mises à jour. Les pièces s’usent…
Le fait que ce ne soit pas un tapis roulant (pour la tête de course) jusqu’au cap Horn est motivant. Il n’y a pas trop de « raison » que ça parte par devant. Mon frère Nelson m’a rappelé qu’il y a quatre ans, il y avait 800 milles d’écart entre Armel (Le Cléac’h, qui a gagné avec le bateau qu’a Louis, ndlr) et que ça s’était fini au coude-à-coude avec Alex Thomson, à qui il manquait un foil et qui avait eu un problème avec son J1 (voile d’avant). J’essaie de croire à ça, j’avance et je récupère en même temps. Tu perds un peu quand tu dors beaucoup, mais si ma grand-voile tient en tête, je ferai tout pour recoller “.