Vendée Globe. Les skippers se préparent

Le skipper francais Jean Le Cam lors du convoyage en direction des Sables d'Olonne, pour le départ du Vendée Globe 2020 (Photo Chris ASKOLL).

Jean Le Cam échappe au pire
Jean Le Cam éclabousse encore ce Vendée Globe de tout son talent avec son bateau Hubert qu’il a préparé de main de maître. Il a pourtant failli aller à la catastrophe ce matin après s’être endormi.

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Ça va pas mal, mais ce matin, je me suis endormi complet, j’étais crevé. Je me suis réveillé à 7 milles de la côte, j’ai dû faire un virement de bord en catastrophe, avec le matossage et tout ça. Le matossage devrait être interdit sur ces bateaux ! Je me suis endormi, un chaos complet comme en Figaro. Tu ne sais plus où tu es. Ca fait bizarre. Le réveil n’a pas sonné. Il faut le temps de s’habituer, de prendre le rythme. En début de course, c’est compliqué de dormir, tu ne dors pas 5 minutes.
L’idée, c’est d’aller dans le Sud pour ne pas se prendre une trop grosse branlée. Le front s’échappe vers le Nord, je préfère assurer le coup, car il y aura de la mer et des grosses rafales. Je préfère faire du Sud, même si ce n’est pas le plus efficace. Ça se passe plutôt pas mal, je vois à l’AIS CORUM qui passe derrière moi ! C’est plutôt bien au bout de deux jours ! J’ai APICIL pas loin, on est un petit groupe. CORUM a quitté le groupe de l’ouest, pas folle la guêpe ! Nous sommes mieux ici à faire du Sud, il y aura moins de tout. J’ai passé le DST, je suis peinard. Je suis prêt : je vais réduire la toile, les batteries sont à bloc, comme j’ai fait un chaos, je suis reposé. En ce moment, il y a des bateaux partout, des pêcheurs, des bateaux de la course, on va rentrer dans le rail d’ici peu. On dormira plus tard ! On est bien là où on est.

Yannick Bestaven : “C’est compliqué de parler de stratégie. Par rapport à la météo, je préfère tenter le coup au Sud pour avoir moins de vent et moins de mer. Je ne sais pas si c’est une bonne option de course, j’ai recroisé la flotte pour aller dans le sud. Je ne suis pas tout seul dans les parages mais du groupe de l’ouest il n’y a que Nico (Troussel) qui s’est recalé. Les autres bateaux avaient pris l’option ouest depuis longtemps. Du coup, nous avons fait plus de route pour se repositionner. Ce n’est pas très joli, mais le Vendée Globe c’est long. C’est une option sécuritaire que j’ai prise. On se fait cueillir pas une belle dépression dans la descente de l’Atlantique, ce ne sera pas tranquille du tout. Il y a plusieurs dépressions secondaires sur la route. En ce moment, c’est calme, je vois les côtes espagnoles. Depuis le départ de la course, ce fut assez actif, je ne suis pas arrivé à vraiment me reposer, seulement par petites tranches, assis ou allongé, mais je ne suis pas trop dans le rouge.”

Boris Hermann : Ça va très bien, j’ai pas eu encore la chance de dormir beaucoup, le vent n’est pas très stable. Il y a Clarisse Cremer derrière moi à une dizaine de milles, on se parle un peu sur Whatsapp, c’est sympa. Nous sommes au près avec un petit clapot, j’ai eu un joli lever de soleil ce matin. Les nuages arrivent petit à petit et mentalement on se prépare pour le front à partir de ce midi. L’idée, c’est d’aller vers l’ouest en essayant quand même de gagner des milles vers le sud. On suit les bascules du vent, le vent est très instable. Il va y avoir beaucoup de manœuvres de réduction de voilure : il y aura un ris, ensuite deux ris, je mettrai trois ris je pense dans le plus fort du vent. J’irai lentement, peut être à 10 nœuds, pour préserver le bateau.

Louis Burton : « Ca va ! Je commence à toucher du vent du deuxième front et la mer commence à se former un petit peu. En ce moment j’ai du vent de sud pour 20 nœuds, la mer commence à être un peu agitée, on a le soleil pour l’instant. Mon choix de route était fait depuis le départ, je me voyais bien partir assez loin dans l’ouest pour éviter d’être contraint le long des côtes du Portugal. Pour ma pénalité, c’est vrai que c’est un peu frustrant, parce que c’est passé à quelques secondes, mais cela fait partie du match. Je suis passé à autre chose, je vais la faire après le front quand j’aurais moins de vent, et je vais en profiter pour aller dormir pendant ce temps-là ! La dépression évolue en mouvement assez vite, on va essayer de la prendre dans le bon sens, il faut un peu de réussite, il faut se trouver dans sa trajectoire quand elle partira dans l’est. En étant positionné bien à l’ouest, ce sera assez avantageux, pour en faire le tour avec les vents portants. Pour l’instant, rien à déplorer, mon Bureau Vallée 2 est en plein forme, il est tout sec à l’intérieur, et aucune avarie. J’ai bien pris mes marques, je vais faire doucement dans les transitions pour ne pas casser du matériel. »