Apivia est revenu à moins de 45 milles de Maitre CoQ ce matin et LinkedOut devrait également recoller un peu. Le trio de tête devrait se reformer à la faveur d’une zone anticyclonique qui freine les leaders.
Décidément les conditions dans le sud ne ressemblent pas au train habituel de dépression mais plutôt à un parcours de trous à éviter. Ce matin Charlie Dalin a retrouvé le sourire et cherche du bois à son bord à toucher pour espérer ne plus avoir de problème. Il s’est arrêté une heure pour consolider sa réparation mais il a pu avancer à 15 nds ces dernières 24h, soit deux nœuds plus vite que Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) depuis hier soir, ce qui lui a permis de grignoter une dizaine de milles dans la nuit et de compter encore (ou seulement) 45 milles de retard. Les deux hommes sont les premiers à rejoindre les longitudes de la Nouvelle-Zélande : ce matin, ils étaient à hauteur de Auckland Island et, déjà, se profile la perspective de parer Campbell Island, à une centaine de milles dans l’Est.
Face à cela, Yannick Bestaven ne peut pas faire grand-chose, et l’Arcachonnais a pris le parti de ne pas en faire une histoire : il est condamné à mener le train dans un long et étroit couloir creusé entre la zone d’exclusion antarctique et la belle zone anticyclonique qui règne sur le Nord depuis les côtes néo-zélandaises jusqu’à Campbell Island, et que les voies de dérivation se font bien rares. « J’essaie de rester dans le couloir de vent dans lequel j’avance, dit-il. Les empannages se multiplient dans cette zone Sud qui me paraît être avantageuse. Mais entre les alarmes qui se déclenchent dès que je me rapproche de la ZEA et les zones sans trop de vent au-dessus, ce n’est pas si simple de dormir ».
Quand les conditions de circulation sont celles du moment, avec un bouchon devant et la pression de l’arrière, le pilote est en général pris entre deux feux. « On va entrer dans la molle, et ce n’est pas simple, parce que je ne sais pas dans quel sens va jouer l’élastique. Je ne sais pas si je vais être rattrapé ou si ça va partir par devant. Ce que je sais, c’est que je vais avoir beaucoup de manœuvres dans ce vent qui oscille de 100° à 300°… Tout ça demande pas mal de stratégie… »
Calé plus dans le Nord, du fait de sa tentative de putsch d’avant-hier, Thomas Ruyant (LinkedOut) a stabilisé son écart avec le leader. Le jeu, pour le Nordiste, pourrait être de jouer avec les flux du déplacement de l’anticyclone, qui s’enroulent et redonnent de l’Ouest… tout en évitant de se laisser piéger par la zone de haute pression.
Dutreux collé à la ligne
Dans le même schéma, deux cents milles plus loin, Jean Le Cam mène la fronde. Le skipper de Yes We Cam! semble avoir amorcé un recalage vers le Sud, mais de manière moins radicale que Boris Herrmann (SeaExplorer – Yacht Club de Monaco) et Benjamin Dutreux, qui joue déjà le long de la ligne de touche, dans un système perturbé qui soumet son pilote automatique à des soubresauts qui imposent au skipper de rester vigilant et de ne dormir que d’un œil. Contre mauvaise fortune bon cœur, le solitaire de OMIA – Water Family sait que les conditions compliquées lui sont plus favorables qu’un bord obligatoire dans un vent stable, où le déficit de vitesse de son bateau plus ancien se fait ressentir.