Une météo capricieuse

francois gabart transat BPE 09
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D’un point de vue strictement terrien… mieux vaut être au sud ! A écouter les récits de la nuit d’un Thierry Chabagny ou d’Armel Tripon (Gedimat), le tableau dépeint par le premier laisse imaginer des moments particulièrement difficiles dans la quête de vents plus favorables. 25 nœuds de moyenne, des rafales à 39-40 nœuds, une nuit humide, un bateau qui cogne sans arrêt et une alimentation réduite au strict minimum, tel est le quotidien actuel du leader de la flotte. En troisième position, le ton de la voix du skipper de Gedimat  traduit une toute autre ambiance qui sans être totalement détendue, semble teintée d’un peu plus de confort. Mais chez tous, une idée fixe, un graal leur permet d’accepter le ballottage incessant, l’absence de sommeil, l’humidité permanente et une alimentation laissée au second plan. Dans quelques heures, les solitaires pourraient « lâcher les écoutes » et abandonner comme un méchant souvenir les longues heures passées à la barre, au près, donnant à la mise en route de la Transat BPE des allures de chemin de croix. Mais il leur faudra encore attendre pour conjuguer leur quotidien de marins sur un mode portant…

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Pour l’heure, le front attendu et recherché par les concurrents est arrivé sous une forme particulière en n’étant pas en phase avec la rotation espérée. C’est dans la matinée que cette dernière devrait permettre aux premiers de « souffler » un peu et de virer de bord. Mais cette évolution météorologique ne livrera pas forcément la réponse attendue aux questions qui se posent depuis l’échappée nordiste de Thierry Chabagny. Le finistérien le disait ainsi lui-même à l’occasion de la vacation matinale ; « il faudra peut-être attendre la fin de la course pour connaître le résultat de cette option… ». Suspense quand tu nous tiens…
 
Ils ont dit:

Thierry Chabagny – (Suzuki Automobiles) – 1er au classement de 5h
 
« La nuit est assez musclée car ici on a rarement en dessous de 25 nœuds de vent et j’ai eu des rafales à 39/40 donc les manœuvres s’imposent. C’est humide aussi, on prend de bons paquets sur la figure. Au moment où on se parle ça cogne pas mal à l’intérieur. Le vent a pas mal tourné dans ce secteur donc la mer n’est pas très rangée, il y a une houle un peu de travers.  Côté repos, c’est un peu le régime de la Solitaire, c’est à dire que tu dors par petites tranches de 20 minutes. Pour mo, à part la deuxième nuit qui n’était pas trop mal, depuis le début c’est  régime sec. Il est temps que ça se calme un peu parce que ça risque d’être un peu plus long qu’une étape du Figaro ! Le front de vent je l’ai passé, mais comme ça arrive souvent dans certaines dépressions, là il est n’est pas en phase avec la rotation de vent, ce n’est pas franc, c’est-à-dire que j’ai passé le front mais le vent n’a toujours pas  tourné.
Je ne suis pas parti pour faire une route complètement nord, je vais finir par croiser les autres et là on verra ce que ça donnera. Mais si ça se trouve on n’aura le résultat qu’à la fin de la course. J’ai mangé un peu mais je pense que je suis tout de même un peu sous-alimenté par rapport à d’habitude, je suis à un seul vrai repas par jour. Mais l’estomac n’en demande pas beaucoup plus, on est encore dans la mise en route, il faut que l’organisme s’habitue petit à petit ».
 
Gérald Véniard – (Macif) – 2ème au classement de 5h
 
« Ca va mais je n’arrive pas à télécharger d’emails et de fichiers météo depuis deux jours donc je n’ai pas de nouvelles ! Je ne sais pas où sont les autres. Les conditions de navigation ce n’est pas les vacances ! Mais ça va passer. A priori je suis passé de l’autre côté du front, mais je n’ai pas encore touché la bascule. J’en ai touché une première, mais elle ne me permet pas d’ouvrir les voiles. J’ai 20 nœuds ça a bien baissé car j’ai eu jusqu’à 33 nœuds cette nuit. La mer est assez désordonnée, il ne fait pas très chaud et c’est toujours aussi humide ! J’ai fait deux repas chauds depuis le départ, sinon je grignote. Et pour ce qui est de dormir, moi je dors beaucoup. Donc ça va bien, d’autant que je sais que ces conditions ne vont pas durer ! Dans 4 heures maxi ça se calmera. Quand on verra les milles défiler vers le sud ça va faire beaucoup de bien ! »
 
Armel Tripon – (Gedimat) – 3ème au classement de 5h
 
« Je vais bien même si je suis un peu fatigué. D’autant que quelque chose s’est renversé et que c’est la patinoire dans le bateau. Je ne peux pas me déplacer sans finir sur les fesses ! Cette nuit on a eu du vent de Sud Ouest jusqu’à 33 nœuds, avec un peu de mer. La bascule ne se faisait pas en fait, c’était un peu long. Ca a eu lieu il y a une petite heure à peine, et là ça a bien molli, je suis au près sous génois et grand voile haute. Mais ce n’est pas encore le Nord Ouest qu’on attend. Il est long à venir, on se décale un peu dans l’ouest pour aller le rechercher. J’essaie de rester lucide pour prendre les bonnes décisions, pour moi c’est le plus difficile à faire. Je dors bien et je mange bien.  J’ai même ouvert le foie gras que m’avait offert mon sponsor pour fêter le dégolfage!»