Une longue descente au près en Méditerranée

    Acciona en Méditerranée Europa Warm `Up
    DR

    Ils sont partis depuis près de cinquante heures, ils naviguent au près dans des conditions propres à casser les bateaux et user les bonhommes. Et pourtant, ils régatent comme s’il s’agissait d’une aimable confrontation en baie de Quiberon. Navigation à vue, croisements à raser le tableau arrière de l’un avec l’étrave de l’autre, le tout dans trente-cinq nœuds de vent et une mer courte et désordonnée.

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    A bord des bateaux, chacun tente de trouver l’attitude efficace : aux barreurs la mission délicate de placer le bateau pour, d’une part éviter qu’il ne tape trop violemment dans les vagues, de l’autre essayer de conserver la meilleure vitesse possible. Le navigateur tente de proposer la route optimale en compulsant les fichiers reçus sur son écran d’ordinateur, tout en essayant d’anticiper les mouvements brutaux de la machine…Enfin, pour les équipiers hors quart, il s’agit avant tout d’essayer de se reposer malgré tout, de se caler à l’intérieur dans une encoignure au vent, de se faire discret. Autant un bord de près peut se révéler plutôt divertissant quand il dure quelques minutes dans un parcours en baie, autant au large, c’est un exercice qui devient vite très répétitif.

    On connaît la propension qu’ont les coureurs du large à cacher leurs petites misères. Cela fait partie du jeu de ne pas donner prise à la concurrence. Alors on minimise la fatigue, on passe certainement sous silence quelques petits bobos techniques qu’on a eu à résoudre depuis trente heures que le bateau tape sans vergogne dans les vagues. Mais les voix trahissent bien une évidence : tous échangeraient bien leur tenue de combat contre les éléments, pour un jeu plus ouvert, pour des variations d’allure et peut-être aussi pour l’idée que l’on peut se faire de la Méditerranée au beau milieu du printemps. Ils avaient rêvé de belles bagarres, mais sûrement aussi de shorts et tee-shirts, de glissades sous spi… Ils n’ont droit qu’au purgatoire d’une longue descente au près.

    Gibraltar en juge de paix

    En mer d’Alboran, les routes ont fini par diverger. Si Virbac-Paprec 3 et PRB, suivis par MACIF semblent choisir de piquer vers la côte marocaine, Banque Populaire a, quant à lui, décidé de rester le long des côtes espagnoles, imité en cela par Groupe Bel, Cheminées Poujoulat et Acciona. Lors de la Barcelona World Race, Jean-Pierre Dick avait fait le même choix d’une route sud qui s’était révélé payant, plusieurs des concurrents de la route nord s’étant retrouvé piégés dans des calmes. Quand on est leader de la course devant une meute affamée, on aurait tort de ne pas se reposer sur les vertus de l’expérience. Le parcours de Barcelone à Gibraltar a jusque là souri par deux fois à Jean-Pierre Dick. Alors jamais deux sans trois ? Gibraltar, qui se profile, va délivrer son premier verdict. Réponse dans la journée de mardi.

    Classement de 15h

    1 Jean-Pierre Dick Virbac-Paprec 3 à 408 milles de l’arrivée
    2 Vincent Riou PRB à 3,8 milles
    3. François Gabart MACIF à 6,4 milles
    4  Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 8,7 milles
    5  Kito de Pavant  Groupe Bel à 40,5 milles
    6  Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 44,7 milles
    7  Javier Sanso acciona à 53,4 milles