Un rythme soutenu

Transat 6.50 2009
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 Les alizés Portugais, ce fin couloir de vent fort issu de la

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compression entre zones de hautes pressions au nord, et un centre

dépressionnaire centrée sur le sud de l’Espagne, sont au rendez-vous et

si les 30 à 35 noeuds qui propulsaient cette nuit encore Protos et

Séries de 6,50 mètres ont mis à contribution hommes et matériels, ils

ont aussi et depuis le cap Finisterre rangé et ordonné la longue et

belle houle d’Atlantique. Paupières lourdes, peau humide et salé sous

le lourd ciré détrempé, les Ministes enfin amarinés retrouvent au-delà

des milles et uns désagréments de leur spartiate navigation, l’absolu

bonheur de lancer de manière de plus en plus échevelée leurs "petites

bombes" à l’assaut des vagues. Un moment rangés, prudence et passage du

Cap Finisterre oblige, les spis sont de retour, et les plus prompts à

les dégainer se félicitent ce soir à l’écoute des classements distillés

par la doucereuse voix du directeur de course sur les ondes longues de

Monaco radio, seul moyen pour ces solitaires de l’extrême, d’obtenir

des nouvelles de la course.

Francisco Lobato en Série, et Henry Paul "HP" Schipman en proto, les

plus conquérants depuis le départ, ont réalisé un petit écart qu’ils

souhaitent capitaliser lorsque, demain peut-être, l’alizé portugais va

s’essouffler. Pour l’heure, la cavalcade se poursuit, avec sur

l’échiquier Atlantique un jeu qui s’ouvre et des trajectoires qui

s’affirment, tantôt plus ouest, tantôt plus proche des rivages

Ibériques. À un peu plus de 400 milles de Madère et de la ligne

d’arrivée de Funchal, chacun sait qu’une redistribution des cartes

attend les solitaires dans les calmes de l’archipel.

Avantage Lobato

Sûr qu’il en rêve le jeune prodige Portugais. En tête des voiliers de

Série depuis le Pertuis d’Antioche, et en tête "tout court" de cette

Charente-Maritime/Bahia Transat 6,50 depuis à peu près son entrée…

dans les eaux Portugaises, Francisco Lobato (ROFF TMN) se verrait bien

premier à entrer dans le port de Funchal. Il s’y emploie avec une

énergie qui doit laisser pantois nombre de ses concurrents dotés de

protos performants. Ses moyennes dans l’alizé sont stupéfiantes et

malgré un décalage latéral important par rapport à son principal

protagoniste, le proto "Maison de l’avenir Urbatys " à HP Schipman, il

a de nouveau et le temps d’un après-midi, enfoncé le clou à plus de 11

noeuds de moyenne entre deux relevés. Dans son sillage, à cap, latitude

et conditions égales il tient la dragée haute à deux sacrés "clients",

Bertrand Delesne et son proto Manuard de l’année "Entreprendre

durablement" et le tenace Thomas Ruyant (Faber France) pourtant eux

aussi lancé dans une grande campagne de reconquête. Décalés, et point

lâchés, Stéphane le Diraison (Cultisol Marins sans frontière) revenu de

l’ouest et Fabien Després (Soitec) en rupture d’Est remettent du

charbon et de la pression sur les leaders. 300 milles plus au nord, à

vue du cap Finisterre, saluons le retour "aux affaires " d’Olivier

Avram (Cap Monde 2) auteur d’une fantastique et rectiligne traversée du

Golfe de Gascogne, après son redémarrage de la Rochelle, après 12

heures d’une interminable escale pour réparer tangon brisé et voiles

déchirées.

Jorg abandonne

Autre favori très attendu dans cette Charente-Maritime/Bahia Transat

6,50 après ses éclats de début de saison (ndr, victoire dans la

Transgascogne 2009), l’allemand Jorg Riechers connaît lui un destin

diamétralement opposé ; son plan Bertrand 2009 a percuté un objet

flottant non identifié qui a fortement abîmé la quille et ses paliers,

ne permettant pas de continuer la course. Arrivé à La Corogne, il a

constaté l’impossibilité d’envisager de réparations correctes dans les

72 heures autorisées… De ce fait, Jorg se retire la mort dans l’âme,

et devient le second abandon de la course après Davy Beaudart, lui

aussi un challenger reconnu en Série.