Pour les deux MOD-70 qui longent les côtes brésiliennes depuis vendredi midi, les conditions s’améliorent au fil des heures : le près dans les alizés de Sud-Est a fait place à un vent de travers tonique dans une vingtaine de nœuds d’Est. Passé Salvador de Bahia ce samedi midi, les deux trimarans vont bénéficier d’une brise de plus en plus favorable jusqu’à dimanche. Puis il va leur falloir négocier l’approche du cap Frio, à l’entrée de la baie de Rio de Janeiro, une zone météorologiquement très instable et très orageuse.
Pour les Imoca, la problématique est désormais le choix du « tunnel » pour traverser le Pot au Noir : l’arrêt au stand Mindelo de PRB (Riou-Le Cam) n’a pas trop pénalisé le duo qui a tout de même laissé le leadership à Macif (Gabart-Desjoyeaux) qui a refait le break après l’archipel. La flotte s’étale sur près de 500 milles mais les cinq premiers naviguent dans un rayon de cent milles : dès ce samedi soir, les prémices de la Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) vont apparaître à l’horizon… Et c’est toujours moins favorable d’y entrer en pleine nuit, même avec une pleine lune !
De fait, la ZCIT semble très large sur les images satellites (plus de 300 milles) mais les deux premiers Multi-50 qui sont en train de la traverser ne semblent pas trop pénalisés en termes de vitesse. En revanche, on voit bien sur leurs trajectoires qu’il y a du travail sur le pont ! Au final, ce Pot au Noir pourrait être rapide à traverser mais très sollicitant pour ne pas casser du matériel. Théoriquement, FenétréA Cardinal (Le Roux-Eliès) devrait en sortir dimanche avant midi avec au moins cinq heures de marge sur son poursuivant, Actual (Le Blévec-de Pavant) qui tente un passage plus dans l’Ouest…
Ça défile toujours bien pour les leaders des Class40’ qui devraient franchir le tropique du Cancer en fin de journée : GDF SUEZ (Rogues-Delahaye) naviguait ce samedi matin toujours dans une brise de Nord-Est d’une quinzaine de nœuds avec une tendance à mollir. Mais le tandem a profité de la nuit pour creuser un peu plus l’écart avec son sistership et poursuivant direct, Mare (Riechers-Brasseur) avec 45 milles de marge, et surtout sur le peloton emmené par ERDF-Des pieds et des mains (Seguin-Richomme) qui pointe à plus de 120 milles et qui est désormais sous la pression de Campagne de France (Mabire-Merron) et de SNCF-Géodis (Amédéo-Tripon)… Les prévisions météorologiques indiquent que les alizés vont un peu s’essouffler ces deux prochains jours et cela va probablement imposer au groupe de tête de lofer, de changer de cap pour conserver de la vitesse, ce qui aurait pour conséquence de relancer le débat avec les quelques duos qui ont choisi de traverser les Canaries. Le chemin par les archipels est plus court dans un premier temps, mais n’a d’intérêt que si les alizés sont plus soutenus le long des côtes africaines : Phoenix Europe (Duc-Alran) qui est passé cette nuit entre Tenerife et Gran Canaria pourrait déstabiliser la hiérarchie ce week-end puisqu’il est à la même latitude que le groupe des poursuivants mais avec 350 milles de décalage latéral…
Ils ont dit
Marc Guillemot (Imoca Safran) : « On est en bagarre avec Cheminées Poujoulat qui était à 3,5 milles derrière nous. On s’est écarté un peu après le ralentissement de la pression au large du Cap-Vert. Les alizés ont été très instables depuis Madère. Là, le vent est un peu plus régulier, mais sinon il y a eu des variations de 40 degrés et de plus de cinq nœuds dans les bouffes : pas facile de tenir le bateau dans sa trajectoire avec ces accélérations. En fait, je ne sais pas si c’est vraiment un alizé. Ça fait depuis le large de Madère qu’on est en bâbord et compte tenu de la particularité du parcours après le Pot au Noir, on risque de marcher en bâbord encore assez longtemps ! Il faudrait peut être faire des bateaux asymétriques… Ce n’est pas gité comme au près en ce moment, donc ça va, mais c’est difficile de tenir sous pilote, d’avoir de bonnes trajectoires, il faut être à la barre tout le temps ».
Fabien Delahaye (Class40’ GDF SUEZ) : « Ça a molli un petit peu et on va vers du moins fort : les vitesses vont ralentir nettement. On a mis l’accent sur l’attaque parce qu’on trouvait intéressant de mettre un coup d’accélérateur avant que le vent ne tombe, au moment où les autres ont peut-être temporisé un peu plus. Ça permet d’avoir une bonne longueur d’avance avant le Cap-Vert et le Pot au Noir. C’est essentiellement de la trajectoire sur un bord quasi direct. A voir ce qui va se passer au niveau du Cap-Vert, mais les fichiers sont assez clairs. »
Classement de 5h
MOD70
1 – Edmond de Rothschild à 1196,46 milles de l’arrivée
2 – Oman Air-Musandam à 62,12 milles du premier
MULTI 50
1 – FenêtréA Cardinal à 2464,44 milles de l’arrivée
2 – Actual à 86,90 milles du premier
3 – Rennes Métropole / Saint-Malo agglomération à 610,80 milles du premier
IMOCA
1 – MACIF à 2752,37 milles de l’arrivée
2 – PRB à 25,15 milles du premier
3 – Maitre CoQ à 61,36 milles du premier
CLASS40
1 – GDF SUEZ à 3620,55 milles de l’arrivée
2 – Mare à 45,15 milles du premier
3 – ERDF-des pieds et des mains à 122,45 milles du premier
