Un plan Farr et 2 Finot sur le podium de la Transat

Brit Air
DR

Yann Eliès s’adjugeait donc la troisième marche du podium dimanche matin, Generali ayant peiné pour franchir la ligne d’arrivée à 4h00′ 22” UTC, (soit 6h 00′ 22” heure française). En effet, Yann Eliès a dû lever le pied lors des dernières 24 heures de mer car le skipper de Generali avait constaté que sa barre de flèche tribord en haut du mât présentait des faiblesses au point de risquer de se désolidariser. Cet incident aurait pu entraîner le démâtage du monocoque et le Briochin a donc pris ses dispositions pour préserver son gréement en réduisant considérablement la voilure. Ce parcours a été plein d’enseignements pour cet ex-Figariste qui a participé à dix Solitaires : toute une nuit sous spinnaker par plus de vingt-cinq nœuds de vent ; en tête de la course pendant plusieurs heures après le Fastnet ; option un peu trop Nord en compagnie de Michel Desjoyeaux ; plongée vers le Sud-Ouest un peu tardive pour aller chercher la porte des glaces ; stress du démâtage le long des côtes américaines. Le Briochin s’octroie tout de même la meilleure performance sur 24 heures avec 376 miles, soit plus de 15,65 nœuds de moyenne ! Pour sa deuxième expérience en solitaire sur une transat à bord d’un monocoque de 60 pieds, Yann Eliès peut être rassuré avec cette place sur le podium.

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Convergence architecturale ?
Mais avec deux plans Finot sur le podium, Armel Le Cléac’h (Brit Air) et Yann Eliès confirment que ces prototypes très puissants sont aussi à l’aise dans les brises modérées, au près comme au reaching ou au portant. Le différentiel par rapport au plan Farr du vainqueur Loïck Peyron (Gitana Eighty) ne semble pas significatif ! C’est d’ailleurs l’un des enseignements de cette treizième édition de The Artemis Transat qui, personne ne le cachait au départ de Plymouth, était aussi pour certains l’occasion de valider les modifications du chantier d’hiver, pour d’autres de se qualifier pour le Vendée Globe, pour tous de faire un bilan plus précis du potentiel de chacun.

Et de ce point de vue, difficile d’en tirer des conclusions claires ! Le seul paramètre qui semble nettement identifié, c’est l’importance capitale du skipper. D’abord de son état physique, Marc Guillemot (Safran) ayant confirmé que le moindre incident corporel enlève rapidement des dizaines de pourcentage d’efficacité sur le pont mais aussi à la table à cartes. Quand chaque décision demande un effort considérable pour manœuvrer, matosser, ballaster, quiller, régler. Ensuite de sa réactivité intellectuelle, Yann Eliès ayant laissé entendre qu’il avait raté le coche quand il a vu Michel Desjoyeaux partir au Sud-Ouest et qu’il n’a pas réagi par manque de lucidité. La moindre petite erreur d’appréciation, pour enclencher une manœuvre ou pour rester en phase avec les rythmes météo fait perdre des dizaines de milles qui sont de plus en plus difficiles de rattraper.

Car les bateaux de la nouvelle génération apparaissent très proches en performances ! Il a fallu plus de dix jours pour que se détache légèrement le vainqueur par rapport à ses concurrents. Et sur une Artemis Transat pour le moins variée en terme de conditions de navigation, cela indique bien que tous les nouveaux bateaux, qu’ils soient conçus par Bruce Farr (Gitana Eighty, BT, PRB, Foncia), par le Groupe Finot (Brit Air, Generali) ou par VPLP-Verdier (Safran) ne semblent pas avoir de « trou » c’est-à-dire de situation défavorable où le différentiel est important, et apparaissent très complets et polyvalents. Du portant mou, du reaching musclé, du vent arrière viril, du travers modéré, du près poussif, puis actif, enfin tonique, de la pétole, des brises instables, de la mer forte ou plate. Tout a été testé sur ce parcours de 2 982 milles ! Et jamais il n’y a eu un bateau qui s’est détaché sensiblement en raison de performances supérieures.

En revanche, le différentiel entre les derniers nés et la génération précédente est clairement identifié : il faut compter un demi nœud contre le vent faible ou soutenu, un à deux nœuds au travers musclé, peu de différence au vent arrière entre les premiers et le groupe des poursuivants sur des bateaux construits entre 1996 (Cervin EnR, Akena Vérandas) et 2000 (Roxy). Mais le facteur connaissance du bateau est un incontestable bonus et c’est bien pour cette raison que les solitaires de The Artemis Transat cumulent les atouts en prévision du Vendée Globe.

C’est encore loin Boston ?
Evidemm ent, lorsque les premiers sont arrivés, les conditions de navigation ne sont plus tout à fait les mêmes pour leurs poursuivants. Avec plus de 300 milles d’écart, c’est une journée minimum de décalage météorologique, et comme en sus, cette Artemis Transat a décidemment un visage bien différent des habitudes d’un Atlantique Nord, le paysage est totalement incongru ! En ce dimanche, Marc Guillemot décrivait un lac Léman entre Boston et la Nouvelle-écosse sous le soleil et sur une mer plate où le trafic maritime s’intensifiait.

Même décor pour Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Yannick Bestaven (Cervin EnR) qui observaient une atmosphère presque irréelle de souffle absent en surface et léger en altitude, en tout cas suffisant pour avancer à vitesse réduite mais constante. Pour Samantha Davies, l’environnement était presque identique mais Roxy progressait bien vers l’arrivée en attendant une bascule franche du vent au Sud-Ouest en se renforçant. A ce rythme, Safran devrait arriver dans la nuit de dimanche à lundi (heure française), puis Sam Davies lundi soir suivie par Yannick et Arnaud, Dee Caffari (Aviva) étant plutôt prévue pour mardi et Steve White (Spirit of Weymouth) pour mercredi.

Classement du dimanche 25 mai à 14h00 (heure française)
1- Loïck Peyron (Gitana Eighty) le samedi 24 mai à 3h15’35” UTC en 12j 11h 45′ 35 (redressement de 2h30 du Jury inclus)
2- Armel Le Cléac’h (Brit Air) en 12j 19h 28′ 40” à 7h 43′ 05” du premier
3- Yann Eliès (Generali) en 13j 15h 00′ 22” à 1j 3h 14′ 47” du premier
4- Marc Guillemot (Safran) à 164 milles de l’arrivée
5- Samantha Davies (Roxy) à 329 milles
6- Yannick Bestaven (Cervin EnR) à 377 milles
7- Arnaud Boissières (Akena Vérandas) à 385 milles
8- Dee Caffari (Aviva) à 435 milles
9- Steve White (Spirit of Weymouth) à 567 milles
Abandon- Vincent Riou (PRB)
Abandon- Unai Basurko (Pakea Biskaia 2009)
Abandon- Sébastien Josse (BT)
Abandon- Michel Desjoyeaux (Foncia)