La Roche Veillon se situe en face de Saint-Jean-Port-Joli, aux abords des hauts fonds de l’Ile-aux-Coudres. C’est là que, cette nuit, le 40 pieds a touché. Patrice Carpentier et son équipage ont dû prendre la douloureuse décision de faire demi-tour pour rejoindre le port de Québec. Un triste sort qu’a failli connaître le leader des Class 40, Novedia Group. En début d’après-midi, le chef de file incontesté de cette catégorie s’est en effet échoué en approche de la côte Ouest de l’Ile Blanche. Heureusement, plus de peur que de mal pour Tanguy de Lamotte et les siens qui ont touché du sable et attendent actuellement que la marée remonte pour reprendre le chemin de la course.
Halvard Mabire, 1er en Class 40 – Franck-Yves Escoffier ouvre la marche des multicoques.
Dans cette histoire, le plan Rogers Yacht Design a dû céder les commandes. En tête des 40 pieds, place désormais au Pogo Structures d’Halvard Mabire, qui a tracé son sillon dans le chenal sud, au passage de l’Ile-aux-Lièvres située en plein milieu du parcours vers la marque de Rimouski. Les écarts restent très serrés entre les premiers de la classe qui jouent de tous les coups tactiques pour rejoindre le golfe de Saint-Laurent dans un flux de Nord-Nord Est forcissant de 17 à 20 nœuds. Aux avant-postes, les 5 premiers des plus petits monocoques se tiennent toujours en moins de 6 milles. Télécom Italia (Giovanni Soldini), Mistral Loisirs (Oliver Krauss) , Novedia Group (Tanguy De Lamotte) et Prévoir Vie (Benoît Parneaudeau) sont désormais lâchés aux trousses du leader toutes catégories confondues : l’incontournable Crêpes Whaou ! skippé par Franck-Yves Escoffier…
Prudence et vigilance à bord de Crêpes Whaou !
En tête, tandis que l’espace fluvial s’élargit en approche de l’estuaire, le grand favori de la course tire le meilleur de son trimaran rouge. Pointés à 15h à 30 milles de la marque de Rimouski, le malouin et son équipage affichent alors plus de 25 milles sur ses concurrents de classe 50 Open, 27 milles sur le premier Class 40 et surtout près de 40 milles sur le monocoque de 60 pieds Cervin ENR. Yannick Bestaven et son équipage, compte tenu de leur fort tirant d’eau, doivent en effet redoubler de vigilance dans les eaux troubles du Saint Laurent, dont les courants, les bancs de sable et l’intense circulation maritime n’ont pas leur pareil pour rythmer un début ce début de transatlantique. Même topo pour les grands monocoques de la catégorie FICO (An Ocean of Smiles, Port Québec et Saint Malo Team) qui ne doivent pas ménager leur peine sur ces 150 premiers milles en milieu fluvial. La pointe de Rimouski parée, tous pourront progresser dans un univers plus propice aux grandes manœuvres. De Rimouski à Percé en approche de Saint Pierre et Miquelon, il restera alors 200 milles avant de rejoindre les grandes espaces océaniques…
Avant la traversée, la régate…
« Je crois que les marins s’amusent bien et en profitent, même s’ils doivent rester sur leurs gardes», confie Jean-Claude Maltais, Directeur de Course. Et de poursuivre : « Ils sont contents de régater comme sur une course d’un ou deux jours avant la grande traversée. Ils savaient qu’ils n’allaient pas trop dormir dans les premiers milles. Ils font beaucoup de manœuvres et je crois que les équipages les plus nombreux sont avantagés. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de surprises : ce début de course se révèle très tactique. » En somme, chose promise, chose due. Et le fleuve Saint Laurent leur rend bien. En tout cas, aucun ne boude son plaisir de progresser au rythme de ses paysages enchanteurs…
Ils ont dit (messages reçus des équipages)
François Angoulvant (Fermiers de Loué-Sarthe) : le tapis roulant Saint Laurent
« Vous avez dû vous en rendre compte, le départ et les premières douze
heures ont été plutôt calmes !!! Je ne sais pas quelle était la stratégie des autres bateaux, mais nous, nous voulions suivre la côte nord du fleuve… et nous avons été au sud, emportés par le tapis roulant St Laurent ! De l’air est revenu ce matin : NE 20 noeuds. Il ne fait pas chaud : 13°C pour l’air, 8.8°C pour l’eau. Sacré contraste comparé à hier ! Depuis le milieu de la nuit, on joue avec Groupe Partouche (Christophe Coatnan)… »
François Scheeck (Khat 7) : Brrr…
« Tout va bien à bord par ce joli mois de juillet en ciré complet, bonnet, gants et trois polaires : c’est chouette les vacances ! Les panoramas sont magnifiques quand on y voit quelque chose. A bord : un gros rhume pour un des équipiers, mais on le soigne… »
Miranda Merron (40 Degrees) : Des paysages spectaculaires
« Nous avons eu une première nuit avec des conditions très variées : de 0 à 17 nœuds de différentes directions. Sans compter que nous nous sommes parfois demandés si pourrions passer avec la marée, notamment au passage de Saint Roch… Nous sommes passés ! Nous avons eu aussi un épais brouillard. A présent nous avons un glorieux soleil. Nous savourons les paysages spectaculaires de la côte nord… même si nous espérons ne pas rester trop longtemps ici non plus ! »