Transat B to B : la flotte dans les alizés

    safran
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    Un échappé, un regroupement

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    En tête, Loïck Peyron (Gitana Eighty) est serein, même si la vie à bord n’est pas encore tout de rose vêtue ! "Ca fait plaisir d’être devant ! Ce n’est pas trop confort et il y en a pour trois jours au moins… Mais on a fait du bon travail avec Gitana Eighty : ce n’était pas un Pot au Noir facile, je n’ai pas dormi… En fait, j’ai fait du plein Nord par défaut, ne sachant pas trop où il y avait un passage meilleur. Il fait encore très chaud et je passe mon temps à changer de vêtements : l’hygiène à bord est très importante…" A seulement quarante milles de son tableau arrière, trois poursuivants sont tout de même pressants, à l’image de Marc Guillemot (Safran) qui n’a pas l’intention de laisser faire le leader : "C’est pour lui que ça pose problème ! Il est à portée de fusil et je suis décalé dans l’Ouest de 60 milles… Il a intérêt à se tenir à carreau, le Peyron ! D’ici les Canaries, c’est jouable : j’ai la forme et Safran va faire parler la poudre à cette allure…"

    En effet, les alizés déjà installés à plus de 20 noeuds vont encore monter d’un cran ces prochaines heures en s’orientant plus au secteur Est : les monocoques vont donc pouvoir débrider les écoutes et accélérer encore à plus de quatorze noeuds. Les deux prochains jours au moins devraient voir les moyennes journalières dépasser allégrement les 300 milles et les Canaries ne sont qu’à un peu plus de 1 000 milles des étraves… Une approche dès samedi soir est donc tout à fait envisageable ! Et Michel desjoyeaux (Foncia) n’est pas en reste : "Il reste encore 2 500 milles à couvrir ! D’accord, je me suis raté sur le Pot au Noir, mais je n’ai que 80 milles de retard et je suis positionné plus à l’Est. En sus, la route s’annonce compliquée après les Canaries et on risque fort d’arriver avec des vents très forts en Bretagne… En ce moment, c’est soleil, vent régulier, on va vite et on vit penché ! Je navigue déjà vent de travers et Foncia passe bien dans la mer." Et pour Kito de Pavant aussi (Groupe Bel), la vie est belle ! "Tout va bien ! Le vent s’est stabilisé à 20-25 noeuds et on remonte vers le Nord à 14-15 noeuds… Il n’y a pas grand chose à faire à bord et je reste à l’intérieur, sous pilote."

    La bande des quatre

    Après ce groupe de tête où se situe aussi Yann Eliès (Generali) en fort belle situation de dauphin, Mike Golding (Ecover) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) sont les grands perdants de ce Pot au Noir ! Cent milles de perdus en quelques heures : la sanction est très sévère… Est-ce les problèmes techniques qu’ont connu ces deux solitaires (ballasts) qui ont plombé leur capacité à tenir le rythme alors qu’ils suivaient la même route que le leader ? En tous cas, ils vont devoir cravacher, surtout qu’un danger revient par derrière ! Samantha Davies (Roxy), Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve), Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Yannick Bestaven (Cervin EnR) ne sont plus très loin et surtout sont très groupés, voir même naviguent à vue. Or, être au contact met encore plus la pression et il faut imaginer que cette "bande des quatre" va s’entraîner mutuellement à mettre du charbon pour cette longue remontée vers les Canaries.

    Quant à Dee Caffari (Aviva), Rich Wilson (Great Americain III) et Derek Hatfield (Spirit of Canada), ils sont en train de se sortir de la Zone de Convergence Inter Tropicale et vont ainsi pouvoir accélérer comme le reste de la flotte. Au programme pour ces deux à trois jours à venir : un long bord dans des alizés d’Est, soit travers au vent pour traverser la bordure Sud de l’anticyclone des Açores qui se repositionne vers Madère avant le week-end. C’est à ce niveau que la météo est plus incertaine et qu’il pourait y avoir un tassement de la flotte avant un rush final qui s’annonce musclé au passage d’une dépression en début de semaine prochaine…