Ils y sont : ils le voyaient venir hier après-midi, avec ce ciel gris et bas comme le moral d’un chanteur évoquant son "plat pays". Cette fois-ci, plus de doute, la tête de flotte est entrée dans le Pot au Noir. Les vitesses évoquent plus la promenade dominicale que la cavalcade folle d’un pur-sang de course, les trajectoires sont à l’image des doutes des skippers qui cherchent une porte de sortie.
A ce petit jeu, les tenants de la route directe comme Yann Elies et Loïck Peyron, s’ils tiennent encore le haut du pavé semblent aller chercher dans l’Ouest ce qu’ils ne trouvent pas devant leur étrave. Et pourraient bien donner raison au skipper de Safran qui a, le premier, infléchi sa route pour aborder cette fameuse Zone de Convergence Inter Tropicale. Seul à résister aux sirènes occidentales, Michel Desjoyeaux, fort de son titre de "marin de l’année", décerné hier soir par le jury de la Fédération Française de Voile continue de croire en son option vers l’Est. « Père prenez garde à droite, père prenez garde à gauche ! », combien de victimes, la bataille du Pot au Noir va-t-elle laisser sur le pré ?
Samantha Davies (Roxy)
" Hello ! Et bien, nous sommes finalement bien dans le Pot au Noir, depuis hier soir… Il n’y a pas eu encore de méchantes rafales, mais le vent est de plus en plus faible et de plus en plus instable ! Le ciel était peint d’un rouge d’or quand le soleil a rosi le matin et j’ai pu voir un banc de nuages grisâtres me couvrir. Et maintenant, le Code 0 fait un bon travail. J’ai débattu pour choisir entre lui et le grand gennaker et je suis bien contente de l’avoir envoyé : un bon angle par rapport au vent et un bon équilibre à la barre ! J’ai la liberté de choisir ma route et aussi, quand je me suis réveillée (après deux heures de sommeil !), le Code 0 m’offrais toujours une excellente vitesse… J’essaye de faire correspondre ma trajectoire avec les images satellites et les fichiers de vent mais désormais Roxy est entre les mains des Dieux du vent et dans ces petits airs, je n’ai pas beaucoup de marge car la brise dicte ma voie… Il est l’heure du petit déjeuner : mangue fraîche et thé Earl Grey…"
Dee Caffari (Aviva)
"C’est un jour meilleur qui commence sur Aviva ! Ce matin, Je me suis couverte de crème solaire avant de monter sur le pont et lentement, les mauvaises pensées se sont évaporées sous le soleil… J’ai franchi l’équateur à 18h19 hier soir et je suis maintenant dans le même hémisphère que le reste de la flotte. Le Pot au Noir semble incertain devant, mais une bonne douche sous une averse s’annonce comme un bon moment de la journée…"
Mike Golding (Ecover)
"Je n’ai pas eu une bonne nuit. Je ne sais pas exactement ce qu’il se passe, mais je suis en permanence en train de me battre pour rester dans le jeu et choisir la bonne combinaison de voiles pour faire avancer mon bateau. Une partie du problème réside aussi dans le crash de mon ordinateur qui fait que je reçois les prévisions météo avec beaucoup de retard. Mais je pense que mon problème actuel est la vitesse, et je bataille avec elle. Il y a beaucoup de facteurs à bord qui la concernent et c’est facile de penser qu’on a tout bon alors que ce n’est pas le cas. Et ça prend du temps de s’en rendre compte. Je ne pense pas que ce soit une question de vent, car je touche la même chose que les autres. Tout a commencé à mal tourner pour moi quand j’ai voulu envoyer ce gennaker. Je n’ai jamais réussi à revenir après ça, aggravé par les nuages que je me suis pris aussitôt après. Je me suis fait ralentir par deux nuages et j’ai probablement perdu du terrain. Je crois qu’il faut que j’évolue sur certains points. J’ai beaucoup utilisé les ballasts en travaillant avec les données que j’ai, mais ça reste assez intuitif. Je m’en sortais pourtant bien là-dessus jusqu’à présent. Il n’y a plus qu’à espérer que je reprenne ces miles dans le Pot-au-noir.
L’autre point est que je suis assez perplexe sur la route à suivre. Pour l’instant, on suit d’assez près l’orthodromie et je ne suis pas sûr que les options extrèmes de Foncia et Safran leur offrent une meilleure traversée (du Pot-au-noir). Mais si on raisonne à plus long terme, peut-être finalement que Mich (Desjoyeaux) se retrouvera mieux à la sortie. Et à plus long terme encore, pas loin de la fin, ce sera peut-être Safran qui aura vu juste. Je suis sûr que le routage va rester celui là, mais ça fait faire du chemin. Donc si on se trompe, on va le payer très cher. Et je ne suis pas certain que ce soit le bon en ce moment. J’aimerais déjà bien être de l’autre côté du Pot-au-noir pour y voir plus clair, mais sa traversée peut prendre quelques jours. Le vent commence à tomber doucement mais je suis toujours à 14-15 noeuds. Peut-être qu’en envoyant du plus léger je pourrais me refaire un peu. »




















