Il ne fait pas de mystère. Jean Le Cam (Cercle Vert) a beau avoir un palmarès long comme un jour sans vent, il a beau avoir coupé des lignes de départ à tour de bras, il déteste les dernières heures qui précèdent le coup de canon. « Vivement ce soir, lâche-t-il. Il y a toujours un peu de tension sur un départ, et d’agressivité sur le plan d’eau. J’ai vraiment hâte d’y aller. » Même impatience du côté du bizuth Jean Galfione (Nivea/ Athlètes du monde). Le champion olympique à quelques heures du coup d’envoi de sa toute première transatlantique savoure un mélange d’émotions : « Il y a beaucoup d’excitation. Après plusieurs mois de préparation, c’est tout le projet qui prend forme. Ce départ, c’est une fête. Mais l’appréhension est là aussi, c’est d’ailleurs ce qu’on vient chercher… »
Du beau monde sur l’eau
À 13 heures, dans le sillage de Concarneau-Saint Barth (Peron-Danet), vainqueur du prologue et dernier concurrent à quitter le port sous les chaleureux encouragements du public, tous les bateaux rejoignent la zone de départ. Le vent de secteur Sud, Sud-Est souffle à 15 noeuds. Le ciel changeant laisse augurer quelques éclaircies pour le coup de canon. Ancien concurrent, Yann Eliés, à bord de son 60 pieds Groupe Generali est venu saluer les 52 marins. Tout comme Michel Desjoyeaux, vainqueur de la toute première édition en 1992 sur son monocoque Foncia, Patrick Morvan à bord de son 40 pieds Appart City, ou encore Sébastien Josse. Ce dernier répond présent pour un exercice de haute voltige à la barre d’un dériveur Moth… Que du beau monde venu saluer les 52 marins !
Cercle Vert impérial
Le décor est planté. À 14 heures précises, le comité de course libère enfin la flotte impatiente d’en découdre. Dans un timing impeccable les 26 monotypes s’élancent sous le soleil retrouvé. Sur la droite du plan d’eau Gedimat (Tripon-Vittet) et Groupe Céléos mènent le bal dominical. Sur la gauche, Concarneau Saint-Barth et Cercle Vert se lançent dans un mano a mano décisif qui, expérience aidant, tourne au final à l’avantage des duettistes Morvan – Le Cam. Cercle Vert enroule en tête la bouée de dégagement : fluidité des manœuvres, vitesse impeccable et vent frais, Gildas Morvan et Jean Le Cam ne cessent dès lors d’accroître leur avance. A l’heure de laisser la Ville Close dans leur tableau arrière et d’entamer les 3 710 milles du parcours jusqu’à Saint-Barth, terre promise sous les latitudes tropicales, les deux compères ouvrent la route dans un vent de Sud, Sud-Est mollissant….
Ils ont dit
Elodie Riou (KPMG) : « J’ai le ventre qui me chatouille un peu. J’ai un peu d’appréhension. La situation météo assez compliquée. Elle doit nous être plutôt favorable, avec pas mal de coups à jouer. Ce n’est pas pour me déplaire. On va partir dans du portant. Le vent va basculer et se renforcer aux abords du cap Finisterre. Au large du Portugal, il faudra surtout éviter de tomber dans les calmes de la dorsale … »
Jean-Paul Mouren (SNEF-Cliptol Sport) : « C’est toujours un immense plaisir de prendre le départ de cette transat. Le plateau est à la hauteur de la réputation de la course : superbe ! Imaginez une horde de loups assoiffés et affamés, parés à chasser en bande organisée. La magie de cette épreuve est qu’elle offre une traversée océanique sur le mode de la régate au contact.»
Bertrand de Broc (Les Mousquetaires) : « Je suis plutôt content. Nous avons des conditions qui nous sont favorables pour débuter cette transat en douceur. Notre objectif est de faire bien, du mieux possible… On a les capacités de faire un beau résultat. Comme beaucoup de monde, je connais bien le parcours. Le plateau est très homogène et 15 bateaux peuvent jouer le podium. »