Surpuissants, les 49er ont été les premiers à souffrir dans la brise et la seule manche lancée pour la « flotte blue » a généré une petite hécatombe. « Seuls les deux premiers arrivaient à tenir le spi, et tous les autres derrière faisaient ce qu’ils pouvaient » explique le président du comité de course Pascal Monnet qui déplorait 4 à 5 démâtages dans cette flotte.
Cette folle journée a également contrarié les sélectionnés de toutes nationalités qui ne cherchent qu’une chose depuis des mois : perdre du poids afin de trainer le moins d’eau possible dans les petits airs chinois et adapter leur matériel en conséquence. Yann Rocherieux, futur représentant français en 49er avec son barreur Manu Dyen, n’est pas catégorique mais il a le sentiment que ces régimes drastiques desservent quelques stars du ring « ceux qui sont sélectionnés depuis longtemps sont peut-être un peu plus faiblards, ils font des erreurs qu’ils ne font pas d’habitude ». Il en tire une observation utile pour la suite : « nous n’y sommes pas encore mais nous nous rendons compte qu’il faut être très suivis pour perdre du poids ». Pour sa part, il termine 6ème et 7ème des manches du jour, une performance honnête au vu de l’état de santé du barreur. Atteint d’une sinusite, Manu n’a quitté son lit que pour courir ces deux courses.
En 470 féminin, les sudistes Ingrid Petitjean et Nadège Douroux ont réussi à affiner plus encore leur silhouette sans mégoter sur leur habituelle aptitude à aller vite dans la brise. Deuxième du général ce soir, Ingrid avoue être « plutôt contente de voir que la vitesse va bien » car le régime suivi depuis février en a fait un équipage particulièrement affuté pour le petit temps. Le local Jean-Baptiste Bernaz a lui aussi réussi à faire oublier l’étiquette « petits airs » qui lui colle à la combinaison.
Après une première manche sans éclats, « JB » a longtemps dominé la deuxième pour, au final, signer une jolie 5ème place. Le Nantais Julien Bontemps, véritable tout terrain des plans d’eau réalise pour sa part l’une des meilleures performances bleu-blanc-rouge de ce début de SOF en remportant la première manche avant de terminer troisième de la suivante. Non sélectionnée pour les Jeux de Pékin, la Marseillaise Solenne Brain est quatrième ce soir en Laser Radial. Les sélectionnés français pour les Jeux Paralympiques ont eux aussi annoncé la couleur aujourd’hui. Dans ces conditions musclées, les « handis » n’en ont pas moins disputé leur course. Damien Seguin champion paralympique en titre s’est imposé sans surprise en bénéficiant d’un départ prématuré de la part de l’Allemand Heiko Kroeger alors que Bruno Jourdren, lui aussi sélectionné mais en Sonar, a réalisé avec son équipage une deuxième place très prometteuse.
Interview de Yann Rocherieux (49er) :
« Aujourd’hui, nous avons privilégié le plus simple. Nous aurions pu faire mieux car nous avons fait une ou deux petites erreurs. Dans le vent, on avance relativement bien et la hiérarchie est le plus souvent respectée dans ces conditions. Nous avons réussi à rester à l’endroit et c’était notre premier objectif. Par rapport à l’état de Manu (Manu Dyen, le barreur, souffre d’une sinusite, ndlr), ce début de Semaine Olympique Française est correct car nous étions dans une poule forte ce matin. »
Interview de Jean-Baptiste Bernaz (Laser) :
« J’ai cassé mon cunningham pendant la première manche, ma voile était moins bien réglée et j’ai perdu des places pendant tout le bord de près. J’ai eu envie de rattraper le truc sur la deuxième. J’ai été deuxième pendant toute la manche avant de me faire rattraper sur la fin pour terminer 5ème. Je suis d’habitude plus à l’aise dans le petit temps donc ça fait plaisir de réussir après s’être arraché. Ici à Hyères, je cherche surtout à voir où j’en suis pour trouver les axes de travail. Cette première journée est une bonne entame mais ce n’est pas non plus complètement fou. »
Interview de François Le Courtois, entraîneur nationale des planches avec Pascal Chaullet, sur la première journée :
« Il y avait du vent et surtout des vagues courtes et creuses. Ce type de conditions avantage la technique et la vitesse. Ce sont des régates qui privilégient donc la vitesse au détriment de la tactique. Grossièrement tout est joué après le départ et le premier bord de près. Dans la dernière manche où il y a eu trois tours, c’était très clair : le classement était fait à l’issue du premier. C’est donc sans surprise que l’on retrouve les leaders dans ce type de temps : les hollandais, le suisse mais aussi Julien Bontemps chez les garçons. L’intérêt avec « Jules » c’est que ce point fort se double d’une vraie polyvalence. Chez les filles la domination de la polonaise et de l’espagnole dans ces conditions n’est vraiment pas une surprise. Eugénie Ricard a bien marché et Pauline Perrin aussi malgré une chute dans la 2ème manche. Faustine Merret a eu plus de mal dans ce type de temps, comme d’ailleurs sa dauphine aux JO d’Athènes la chinoise Jian Yin qui est 24ème, mais il n’y a pas à s’inquiéter, en avançant dans l’épreuve elle devrait prouver les gros progrès qu’elle a manifesté dans la brise lors de la dernière journée du dernier Mondial ».
Interview d’Ingrid Petitjean (470) :
« On a plutôt bien commencé. Nous étions un peu restées sur notre faim après la première manche où nous avons fait de petites erreurs alors que nous aurions pu la gagner. Sur la deuxième manche, nous avons pris un bon départ, nous avions une bonne vitesse et nous avons réussi à supprimer les erreurs. Nous avons fait le choix de perdre du poids au long cours et avons déjà perdu 7 à 8 kg. Nous sommes plutôt contentes de voir que la vitesse va bien. C’est un point positif. »
Interview de Damien Seguin (2.4) :
« Cette année, je me consacre essentiellement au 2.4. J’ai déjà envoyé un bateau en Chine mais celui que j’ai ici est rigoureusement identique. Aujourd’hui, je savais qu’Heiko Kroeger était OCS, j’ai donc fait ma course sans me soucier de lui. Le premier bilan est positif, le bateau va bien et moi aussi. Ça montre que la réflexion portée sur le bateau depuis Athènes allait dans le bon sens. Je ne me mets pas vraiment au régime comme d’autres peuvent le faire en voile olympique. En 2.4, il faut un minimum de poids pour que le bateau soit dans ses lignes mais par contre, j’ai une grosse réflexion sur le matériel ainsi que sur les réglages. »
Interview de Philippe Michel, entraîneur national des 470 :
« C’est une bonne première journée. Ingrid et Nadège ont bien marché alors qu’elles sont venues ici dans une configuration « JO » donc plutôt petit temps que ce soit en choix de matériel ou de profil physique. Ce n’est pas le cas de toutes leurs adversaires. Cela démontre qu’en gagnant en polyvalence, elles n’ont pas pour autant perdu leur avantage dans la brise. Camille et Gwendolyn ont aussi fait de bonnes manches. Chez les garçons Nicolas Charbonnier et Olivier Bausset auraient pu faire nettement mieux s’ils n’avaient pas voulu trop attaquer dans la dernière manche. Ils étaient 4ème à l’entame du dernier bord de largue et ils ont voulu conserver le spi. Bilan : ils ont cassé la balancine de tangon et le spi est passé sous le bateau. A vouloir gagner une place, ils en perdent 7. Mais ce n’est qu’un incident. Cela reste une journée productive car comme les filles, ils sont venus ici avec une configuration petit temps en comptant trouver des réglages pour s’adapter à la brise et de ce point de vue, ils y sont parvenus. Désormais, chacune des heures qui nous séparent de la Chine devra être productive, nous apprendre quelque chose et c’est évidemment plus important que le résultat d’une manche. Pierre Leboucher et Vincent Garos ont malheureusement chaviré sur la première manche mais leur vitesse au près leur a permis de bien faire quand même (10ème au général, ndr) ».