Thomas Ruyant le plus rapide

Si on a les yeux rivés sur la tête de la flotte, on regarde souvent le match à trois entre Thomas Ruyant (Le Soufle du Nord); Jean Le Cam et JeanPierre Dick. Ces trois-là naviguent à un bon rytme et se livrent à une très belle régate.

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Ces dernières 24 heures entreront dans les annales de la jeune carrière de Thomas Ruyant. Le skipper du voilier « Le Souffle du Nord pour Le Projet Imagine », en course sur son premier Vendée Globe, n’a jamais été aussi au Sud en bateau et est le marin le plus rapide de la flotte avec 447,5 milles engloutis en une journée.
Naviguant toujours en avant d’un front, le vainqueur de la Transat 6.50 2009 et de la Route du Rhum 2010, enfant de la cité du fameux corsaire Jean Bart, a allongé largement la foulée ces derniers temps. Auteur d’une nuit de navigation d’anthologie, Thomas a chipé la huitième position à Jean Le Cam et revient, peu à peu, sur Jean-Pierre Dick et son 60 pieds à foils. En approche du cap de Bonne-Espérance qu’il devrait atteindre dimanche dans la nuit ou lundi matin, le nordiste n’a jamais été aussi en phase avec son bateau et les éléments depuis le départ du Vendée Globe et semble particulièrement heureux en mer même si l’exercice reste extrêmement difficile notamment sur le pont du Souffle du Nord où les changements de voiles sont nombreux.

Thomas Ruyant à la vacation officielle ce matin :
« Je suis dans une petite molle, mais ça va tout de même très vite : je suis placé juste comme il faut devant la dépression qui nous accompagne, et c’est relativement facile. Mais il ne faut pas traîner sur le chemin pour avancer aussi vite qu’elle et la conserver le plus longtemps possible. Le front est à environ 50 milles derrière et il va à peu près à la même vitesse que nous. Depuis 48h, toute la garde robe y est passée : actuellement, je suis avec des ris dans la grand-voile et le J-2 (petit génois) avec 25-30 nœuds de Nord-Nord Ouest et quelques rafales de temps en temps. Normalement, nous allons garder ce flux encore au moins une journée avant la rotation à l’Ouest. C’est vraiment agréable d’exploiter comme cela le potentiel du bateau parce qu’il n’y a pas une mer désordonnée, mais au contraire elle est assez bien rangée et donne de sacrées accélérations par moment : c’est grisant, parfois flippant… Ça fait du bien ! On monte jusqu’à 25-27 nœuds dans les surfs avec 20 nœuds de moyenne.

Il fait bien noir cette nuit et le ciel était assez chargé au coucher du soleil : on devrait avoir de la pluie dans la journée. Je suis sur le 32°S mais il ne fait pas encore trop froid : il faut mettre une petite polaire la nuit et c’est plutôt humide dehors. Quand ça a accéléré au début, j’ai passé pas mal de temps sur le pont pour valider la toile et régler les voiles, mais maintenant j’ai passé le temps d’adaptation et je peux dormir tranquille, je mange bien. C’est le point le plus Sud de toute ma vie ! Et ça ne va pas s’arranger… C’est bien d’avoir des voisins, de naviguer en trio : cela donne des références et j’ai vu que je suis revenu un peu sur Jean-Pierre (Dick) et Jean (Le Cam). Cela permet de bien se motiver pour limiter l’écart avec la tête de la flotte. »